Théâtre de Rougemont

Un placard toujours à ouvrir

Alain Zouvi, metteur en scène de la pièce de théâtre tirée du film Le Placard et présentée au Théâtre de Rougemont dès le 29 juin, décrit les défis d’adapter l’œuvre dans un Québec de 2023. 

Initialement, le film Le Placard a été réalisé en 2004 par Francis Veber. Alain Zouvi parle des codes qui ont changé en vingt ans. « L’homophobie était ce qu’elle était à l’époque. Ça a changé; c’est devenu plus dur, je pense. Moins présente, on s’habitue un peu plus, mais c’est quand même dur », estime-t-il. 

Il a donc choisi d’adapter l’œuvre comme si elle avait été écrite à Montréal en 2023. « Je n’ai pas essayé de changer quelques petits mots pour que ça fasse » moins Français ». Je tenais à aller avec toute la gang dans la vérité. Ce n’est pas une petite comédie légère avec pas de contenu », établit le metteur en scène.

Du drame que vit chacun des personnages que dirige Alain Zouvi, « ça devient extrêmement drôle. C’est complètement fou! », résume Alain Zouvi. Il tient ensuite à nuancer. « Je ne voulais surtout pas me moquer de l’homosexualité, au contraire. Je voulais me moquer de l’homophobie et la dénoncer par l’humour. C’est ce que l’on réussit à faire », explique-t-il au journal, entre quelques enchaînements avec sa troupe. 

En ce sens, encore, il a retouché les textes. « Il y avait des choses dans le texte original qui faisaient en sorte qu’il y avait des gags gratuits. Des gags provenant d’un personnage homosexuel qui se moquait de l’homosexualité et on sentait l’auteur derrière qui voulait faire un petit gag, et ça ne fonctionnait pas », constate M. Zouvi. Il a donc modernisé, actualisé la production qu’il présentera à Rougemont. « En 2023, il faut faire attention à ce que l’on dit. Quand quelqu’un dit des choses homophobes, c’est plus dramatique », ajoute-t-il. 

Un François Pignon québécois

Francis Veber est également le réalisateur du classique film Le dîner de cons. De ce film découle le personnage mythique François Pignon qu’a joué le défunt Jacques Villeret. Les mordus avaient pu renouer avec un autre François Pignon dans le film Le Placard, cette fois joué par Daniel Auteuil. 

Pour l’occasion, c’est Sébastien Dodge qui se campe dans la peau du légendaire François Pignon. À l’adaptation, Alain Zouvi avait voulu changer ce nom. « Je me suis dit que l’on n’a pas ça ici, un François Pignon. » Il est ensuite revenu sur sa décision initiale. « Ce nom-là représente tellement au niveau personnalité en France, et même ici par rebond, que je vais le garder. On sait tout de suite à quel genre de gars on a affaire quand on entend François Pignon », convient celui qui a exercé le métier d’acteur pendant une quarantaine d’années.  

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Proche de Veber

Alain Zouvi se dit proche de l’œuvre de Francis Veber, qu’il compare à du Feydeau. « C’est très proche de ce rythme. Je suis très près de cette écriture. Il s’agit d’aller chercher le rythme comique. Évidemment, j’ai ressenti le besoin de l’actualiser parce que j’avais quelque chose à dire », termine le metteur en scène, qui fait référence à un rire « plus profond » en raison du thème abordé.