Prendre soin du sifflet

Plusieurs disciplines sportives regrettent le manque d’arbitres au Québec. Devant cette situation, les clubs chamblyens s’ajustent.

Le Québec compte sur ses arbitres. Ces derniers se font plus rares sur les terrains de hockey, de soccer ou encore de baseball. Encore récemment, des arbitres ont été bousculés par des joueurs ou des entraîneurs. Il arrive que des parents s’y mêlent aussi. Cette ambiance amène plusieurs directeurs de jeu à accrocher les crampons.

« Quand un spectateur crie après un jeune de 15-16 ans, cet individu n’aide personne et on risque de perdre le jeune. » – Stéphane Carbonneau

Dans leur stratégie de recrutement, des clubs se tournent vers des recrues de plus en plus jeunes. « En moyenne, les arbitres ont 13-14 ans, souligne Pascal Bélisle, responsable des arbitres au baseball mineur de Chambly. Cela peut être difficile à gérer pour ces jeunes qui se trouvent en situation d’autorité face à des adultes. Gérer les plaintes de parents ou d’entraîneurs peut être lourd pour des jeunes de cet âge. C’est d’ailleurs la principale raison de l’abandon. Pourtant, on est chanceux à Chambly, les parents sont très corrects. Mais il suffit d’un incident pour tout envenimer. » Un point commun avec les autres activités.

Au hockey, le point critique de la crise semble être passé. « La COVID a fait beaucoup de mal. Durant le confinement, nous avons perdu beaucoup d’arbitres expérimentés qui ont décidé de raccrocher, analyse Stéphane Carbonneau, arbitre en chef de la Ligue élite Richelieu. Nous sommes passés de 585 arbitres à 465 aujourd’hui. L’expérience est moins présente, mais nous travaillons fort pour aller chercher des nouveaux. »

Conscience collective

Souvent pointé du doigt pour justifier ce manque d’arbitres, l’encadrement des équipes commence à prendre conscience du problème. « Lorsque les parents ont constaté que les deux équipes ne peuvent pas jouer, car les arbitres ne sont pas là, les attitudes de certains ont changé, poursuit Stéphane Carbonneau. Il n’est désormais pas rare d’entendre des parents défendre des arbitres, car les gens sont conscients de cette pénurie. Quand un spectateur crie après un jeune de 15-16 ans, cet individu n’aide personne et on risque de perdre le jeune. »

Riche d’une expérience confirmée dans l’arbitrage sur la glace, Stéphane Carbonneau pointe aussi le comportement des entraîneurs. « Ce serait bien qu’ils montrent l’exemple aux jeunes. Chaque année, on perd 30 % de nos arbitres de niveau 1 pour diverses raisons, dont la principale est l’agacement de se faire crier après. Ce n’est pas une question d’argent, car ils sont au-dessus du salaire minimum. »

Sur les terrains de soccer, le constat est le même dans la province.

Mais l’Arsenal de Chambly affirme que 99 % de ses matchs ont lieu grâce à la présence de 60 arbitres pour diriger l’ensemble des rencontres sur le territoire de la ville. « On les accueille et les encadre au maximum, assure Patrick Morin, directeur général du club. On va chercher des jeunes, mais aussi des adultes. Ces derniers ont un bagage intéressant et même s’ils ne peuvent dépanner que quelques heures, c’est ça de pris. »

Investir dans la formation

L’Arsenal n’hésite pas à investir financièrement pour aider les arbitres dans leur tâche. « Les frais de formation pour les arbitres et le staff représentent une somme annuelle de 50 000 $, poursuit le directeur général. Des personnes ont critiqué nos prix d’inscription pour les joueurs, mais il fallait passer par là. On prend soin de nos arbitres grâce aussi à notre directeur de l’arbitrage, Patrick Massé. Ils sont habillés de la tête aux pieds et nous faisons de notre mieux pour les intéresser. Notre travail de recrutement s’est d’ailleurs compliqué depuis l’application de la loi interdisant le travail pour les jeunes de 14 ans. Cela nous enlève un bassin intéressant. »