Du smog à la ferme
Du repos pour les animaux de la ferme et les vols annulés pour les oiseaux de proie. La Ferme Guyon a dû s’adapter à la mauvaise qualité de l’air causée par les feux de forêt qui touchent le Québec.
Les alertes à la qualité de l’air dans la province se multiplie. La Montérégie n’est pas épargné par les fines particules provenant des feux de forêt qui ravagent le pays. Alors que plusieurs ont fermé leurs fenêtres et annulé leurs activités extérieures pour réduire les effets de la fumée, les fermes ont également dû s’adapter pour s’assurer de préserver la santé de leurs animaux.
Mise en place d’un protocole
Joanie Lamoureux est en charge des animaux à la Ferme Guyon. Devant la détérioration de la qualité de l’air, elle a tout de suite mis en place des démarches pour s’assurer que les animaux ne sont pas incommodés par la fumée. Après s’être informée auprès de ses collègues œuvrant dans des établissements zoologiques, Joanie a adopté les recommandations prescrites en cas de mauvaise qualité de l’air, soit les mêmes qui s’appliquent aux humains.
La Ferme Guyon a adapté ces mesures en fonction des différents secteurs. Pour la ferme, les responsables ont maintenu les portes fermées, compensant avec la ventilation intérieure. Les périodes de sortie des animaux étaient réduites et une plus grande attention était portée à leur égard.
En ce qui concerne la papillonnerie, elle possède déjà un système de ventilation intérieur, ce qui a évité à l’entreprise de mettre en place des mesures supplémentaires. « Je pense que l’on a testé notre système et il fonctionne bien », affirme Joanie Lamoureux. Elle note qu’il n’y a pas eu de hausse de mortalité chez les papillons, une espèce particulièrement sensible aux effets de la fumée.
Pour contrer les répercussions des feux de forêt, qui risquent de s’étirer durant l’été, la responsable des animaux de la Ferme Guyon soutient que ces mesures seront répétées pour s’assurer du bien-être des animaux.
Repos
Le repos était la principale activité au programme lors de ces journées enfumées. « On surveillait les signes d’essoufflement, mais on n’a rien vu », se réjouit Joanie.
Les vols prévus pour les animaux de proie ont été annulés en raison des conditions météorologiques. Joanie affirme que les visiteurs ont fait preuve d’une grande compréhension. La coordonnatrice des activités agricoles leur expliquait que les oiseaux sont plus sensibles sur le plan pulmonaire que les humains. « Si l’on trouve que c’est difficile de respirer et que c’est accablant, l’oiseau le sent encore plus. »
Les ateliers informatifs ont toutefois été conservés. « On a discuté avec les gens de plein de sujets, dont la pollution. C’était le bon moment! », affirme Joanie. Elle ajoute « On regardait dans les champs et on ne voyait pas les maisons au bout ».
Le repos n’était pas seulement prescrit pour les animaux. Les employés, qui travaillent majoritairement à l’extérieur, ont aussi effectué plus de pauses et se sont reposés à l’intérieur.
Pas d’immunité chez les animaux
Environnement et changement climatique Canada (ECCC) met en garde que les animaux ne sont pas immunisés contre les effets de la pollution atmosphérique. Le smog entraîne des conséquences sur la santé de la faune de la même façon que la santé humaine. Il peut causer des effets négatifs sur les poumons ainsi que sur le système cardiovasculaire.
Des chercheurs de l’Université de Guelph, en Ontario, se sont intéressés aux effets de la pollution de l’air et du smog sur la santé respiratoire du cas précis des chevaux de leur secteur. Leur étude a permis de confirmer que la pollution de l’air peut entraîner une inflammation des voies respiratoires chez les animaux de la même manière qu’elle le fait chez l’humain.
Conséquences
Joanie s’inquiète des répercussions, chez les animaux, de la mauvaise qualité de l’air dans les régions directement touchées par les feux de forêt. En pleine saison des naissances, « ça ne doit pas être évident du tout », affirme l’amoureuse des animaux, qui craint des conséquences néfastes sur le long terme pour ces populations.