Le cri des champs

Les pluies diluviennes qui s’abattent sur la région depuis plusieurs semaines sont un calvaire pour les agriculteurs. Une bonne partie des récoltes de fruits et légumes est perdue. Les professionnels du milieu appellent à l’aide du gouvernement.

« On a connu de meilleures saisons. » Ironique, Marielle Farley guette les prévisions météorologiques des prochaines heures sur son cellulaire. « C’est incroyable d’être si stressée quand on apprend qu’un orage va arriver. Cela fait plus de trente ans que je suis dans le domaine et je n’ai jamais vu ça! »

Copropriétaire du Potager Mont-Rouge, à Rougemont, l’agricultrice confie la dureté de ces temps actuels à cause d’une année 2023 particulièrement capricieuse. « On a eu des périodes de gel tardif en mai, puis de la pluie, une période de sécheresse et maintenant, des pluies abondantes. Le problème, c’est que l’on n’en voit pas le bout. Il ne manquerait plus qu’un gel en septembre et nous aurons tout eu!

On peut gérer les périodes de sécheresse. Nous avons des puits pour irriguer nos plants. Mais retirer l’eau de nos champs, c’est compliqué! »

Gorgés d’eau, les champs ne peuvent pas proposer des fruits et légumes à la hauteur de leurs capacités. « Bien souvent, on ne récolte pas 100 % de nos productions et c’est correct, on est habitués, poursuit Marielle Farley. Mais actuellement, on subit une perte allant de 50 à 60 % en général. Nous avons pu sauver 80 % de la dernière récolte de fraises et on s’estime très chanceux. L’humidité fait pousser des champignons dans la terre qui infectent les produits. Le feuillage pourrit aussi plus rapidement que prévu. Les tomates souffrent du manque de luminosité. Pourtant, il suffirait de deux ou trois jours de soleil afin de nous permettre de traiter les champs. Même cela, nous ne l’avons pas! »

Face à cette situation, la maraîchère en appelle au gouvernement. « Le cas est vraiment exceptionnel et dramatique! Je ne suis pas du genre à me plaindre, mais l’intervention des politiques est nécessaire pour cette saison. Les assurances ne sont pas adaptées, car les coûts de semence, en particulier, sont énormes. »

Aider les jeunes

Selon elle, c’est tout un domaine professionnel qui est en péril. « C’est surtout pour les jeunes qui arrivent, précise-t-elle. Je suis d’accord pour dire qu’il ne faut pas s’accrocher à la société, mais il faut les aider. Ce sont ces jeunes qui trouveront des solutions, car ils sont plus instruits qu’avant. Et s’ils sortent de l’agriculture, ils n’y reviendront pas plus tard. Si l’agriculture est si importante pour notre société, le gouvernement doit la soutenir. Et pas seulement avec un fonds de roulement bas, car les taux d’intérêt ont explosé, le coût de la main-d’œuvre nécessite aussi des fonds. Durant la COVID, on n’a pas lâché. Je constate beaucoup de solidarité dans le domaine. Nous sommes prêts à travailler sept jours sur sept, car c’est notre passion. Nous sommes tous unis pour la même cause. Le consommateur est là et comprend notre problème. L’aide du gouvernement est importante pour notre relève. »