L’art d’être multidisciplinaire avec Noé Talbot

Le Chamblyen Noé Talbot a lancé son tout nouveau microalbum (EP) de sept chansons intitulé Avant qu’on se déteste. Le musicien s’entretient avec le journal sur l’importance d’être musicalement autonome.

Le nouvel album se trouve à être une compilation de chansons qui traitent de relations, de la beauté de l’amour malgré ses travers. « Il a été fort libérateur pour moi, exprime d’emblée Noé Talbot. Même une relation qui se termine ne veut pas dire échec. »

Les chansons sont mélodieuses, douces. Elles sont nappées d’harmonies vocales enveloppantes. « C’est mon album le plus posé », convient l’homme qui a endisqué, une fois de plus, sous la bannière de Slam Disques. Certaines des chansons ont été enregistrées en même temps que son album précédent, Remercier les accidents, et d’autres, plus récemment.

Do it yourself

Le concept du DIY (Do it yourself) est l’idée de réaliser soi-même des projets ou des activités au lieu de les confier à quelqu’un d’autre. Le DIY peut inclure des choses simples, comme réparer quelque chose qui est cassé à la maison, ou des projets plus complexes, comme construire un meuble ou créer un objet décoratif. Le DIY est une philosophie qui s’applique particulièrement à la musique et, depuis toujours, Noé Talbot en est l’adepte. Par ses actions et sa volonté de faire, il a provoqué des résultats.

Le temps où des producteurs prenaient en charge un artiste et l’élevaient dans une structure nécessitant un investissement financier notable est moins commun comme modèle en cette époque moderne. Plus que jamais, l’artiste doit être autonome. « Je pense que c’est rendu la norme, d’en faire beaucoup par soi-même. En tant que musicien, on porte beaucoup de chapeaux : producteur de contenu numérique, photographe, relationniste de presse, booker, etc. », énumère Noé Talbot. S’ajoute à cette liste la tâche principale, soit celle de composer des chansons qui sauront toucher un public quelconque. « L’aspect DIY est rendu omniprésent chez l’artiste, jusqu’au niveau de s’enregistrer soi-même, des fois. Mis à part certains gros artistes, peut-être, je ne connais aucun artiste qui ne fait que composer ses chansons et aller les enregistrer en studio », renchérit celui qui met l’accent sur la multidisciplinarité. « Est-ce mieux, est-ce moins bien qu’avant? C’est la question », complète-t-il. 

Le fait d’avoir dû toucher un peu à tout apporte aussi son lot de bénéfices. « Je vais comprendre certaines réalités et j’aurai une vision plus critique. Par exemple, si j’avais pu faire quelque chose en 30 minutes et qu’au bout d’une semaine, ceux qui doivent le faire ne l’ont pas fait, il y a un problème », nuance-t-il.

Talent ou contenu numérique?

S’il y a une tâche dont Noé Talbot se passerait bien, c’est celle d’alimenter ses réseaux sociaux. Cette réalité n’existait pas pour les musiciens au début de ce millénaire. « Je donnerais n’importe quoi pour échanger tous les moments de réseaux sociaux contre du temps d’entrevue partout au Québec et rencontrer des gens. T’es toujours à penser que tu dois faire du contenu numérique. C’est fatiguant et ça t’enlève de la créativité de manière générale », estime-t-il.

Certains artistes ne sont plus jugés sur la qualité des chansons, mais bien sur la popularité de leur plateforme numérique, qui se calcule parfois tout simplement par le nombre de followers qu’ils accumulent. « Beaucoup d’artistes réussissent parce qu’à la base, ils sont influenceurs ou YouTubeurs. Maintenant, c’est la meilleure porte d’entrée pour faire de la musique. On croirait que c’est de travailler ses chansons et de faire de la bonne musique, mais c’est ce que tu fais à côté et la manière de stimuler tes réseaux sociaux », avance Noé Talbot. 

Une graine sur le cœur

Illustré par la Chamblyenne Marie-Pier Bouchard, le livre pour enfants écrit par Noé Talbot, Petites graines de cœur, a vu le jour en juin 2020. Après une mésaventure avec sa maison d’édition, qui a retenu les droits d’auteurs pour finalement ne rien en faire en matière de promotion et de subvention, le duo a enfin récupéré ses droits et a pu réimprimer le livre. « C’est la pire expérience d’affaires que j’ai eue de toute ma vie. Je n’ai jamais vu quelqu’un agir avec aussi peu de respect. C’est très décevant, surtout que tout le monde avait à y gagner là-dedans », résume celui qui garde un goût amer « d’avoir perdu deux ans ».

Un été chargé

La guitare de Noé Talbot n’a pas eu le temps de prendre froid cet été. Une trentaine de dates à son calendrier ont été marquées d’un X en guise de prestations devant public. Une fois de plus, il vise une tournée, d’une quinzaine de spectacles, cette fois, en Europe, au printemps prochain. La France, la Belgique et le Luxembourg, terres connues pour Noé, sont dans la mire. « Chaque fois, je forme de nouveaux contacts qui s’ajoutent aux anciens. Il y en a qui se perdent. C’est toujours à travailler, le réseau, surtout dans le monde du spectacle, qui change vraiment vite », termine l’artiste.  

Outre la promotion de Avant qu’on se déteste, Noé consacre aussi du temps à la préproduction de son prochain album, qui devrait sortir à la fin de 2024.