Des assiettes vides?

Victimes des caprices de la météo, les agriculteurs ne pourront fournir autant de légumes aux distributeurs et au grand public. Une pénurie de légumes est annoncée pour cet hiver.

Pour le moment, les consommateurs ne la ressentent pas encore, mais elle est déjà présente chez les professionnels. « Une des entreprises à qui je vends certains produits a déjà dû aller chercher ses salades en Ontario, rapporte Marielle Farley, copropriétaire du Potager Mont-Rouge à Rougemont. L’approvisionnement en légumes est un problème général en Montérégie et dans d’autres coins du Québec. Nous serons là pour les supermarchés jusqu’en novembre, alors que normalement, nous fournissions pour tenir jusqu’en janvier. » Elle, c’est la pénurie de légumes.

Même si le ciel est bien plus clément ces derniers jours, les prévisions ne sont pas bonnes pour les maraîchers. « Le mal est fait, regrette Marielle Farley. Nous ne pourrons récolter que 25 % de nos courges. Côté fruits, les tomates, c’est déjà fini. L’humidité a amené beaucoup de pourriture et de maladies. Les carottes seront très courtes, cette année. D’habitude, elles s’allongent dans la terre pour aller chercher l’humidité. Cette année, les champs sont gorgés d’eau, donc elles n’ont eu aucun effort à faire. »

Le défi du stockage

Des récoltes faibles, des conditions difficiles, puis un autre défi voit le jour. La gérante poursuit. « Comment va-t-on conserver nos légumes? C’est très inquiétant pour le moment! Les distributeurs sont compréhensifs concernant notre situation. Mais notre mission de nourrir le Québec nous tient à cœur et quand on n’en est pas capables, ça fait mal. L’Ontario et les États-Unis viendront prêter main-forte, mais il faudra s’attendre à une hausse des prix dans les magasins. »

Une période difficile s’annonce pour les agriculteurs de la région de Rougemont, qui appréhendent désormais la saison 2024. « Des décisions seront prises cet hiver, lance Marielle Farley. Je pense surtout aux jeunes, qui veulent se lancer ou qui entament leur carrière. Si l’on veut que l’agriculture passe à travers cette période, il faut les aider. On est créatifs, au Québec, et il faut réfléchir à des solutions pour survivre aux excès de pluie. »

» Notre mission de nourrir le Québec nous tient à cœur et quand on n’en est pas capables, ça fait mal. » – Marielle Farley

En attendant, le gouvernement a débloqué des fonds pour autoriser un prêt de 50 000 $ pour assurer le fonds de roulement des entreprises en difficulté. « C’est bien, mais ce n’est pas assez, tempère la copropriétaire. Les frais que nous engageons vont bien au-delà des aides promises. Cela habillera certaines personnes mais pas toute l’entreprise. Une entreprise maraîchère représente plusieurs millions de dollars chaque année! »