De Chambly à Chambly
Alexandre Vézina est revenu à Chambly, le 7 octobre dernier, après une marche de 3275 kilomètres qu’il avait entamée 100 jours plus tôt, de Chambly.
L’objectif du défi était d’amasser de l’argent pour la Maison Stéphane Fallu de Chambly. L’habitation est un projet d’hébergement dédié aux jeunes qui doivent quitter les centres jeunesse une fois qu’ils ont atteint la majorité. À l’issue de sa marche, ce sont 34 000 $ qu’Alexandre Vézina rapporte au bercail. La levée de fonds se conclura toutefois le 24 octobre, lors du spectacle de Stéphane Fallu et ses invités, au Pôle culturel de Chambly. « Je ne savais même pas au début si j’allais rapporter cinq piastres », avoue en riant Alexandre Vézina, dont l’accomplissement, en termes de résultat, dépasse de beaucoup les attentes.
Le jeune trentenaire a traversé une dizaine de régions du Québec et foulé le sol d’une trentaine de villes majeures. Alternant entre pluie et chaleur, il a notamment vécu les dénivellations de la Haute-Gaspésie et de la Côte-Nord.
Le temps de penser
Marcher une telle distance, seul avec soi-même, ça donne le temps de penser. « On pense à la folie! C’est sûr que c’est difficile physiquement. Ce l’est tout autant mentalement. Plus on approche de la fin, plus on a hâte de terminer. Mais le challenge avec la marche, c’est que tu ne pourras jamais aller plus vite que ton pas », relativise le marcheur. Il soulève l’importance de ses antécédents méditatifs. « C’est exigeant et ça a pris beaucoup de contrôle de soi », convient Alexandre Vézina.
Les moments de remise en question ont existé. « Tu réalises que c’est toi qui te mets à terre avec ces pensées, mais c’est aussi toi qui as le seul pouvoir de te relever. Tu dois te rallier à ta force de volonté », révèle l’homme. Il se souvient d’un moment en particulier, au jour 36. À plus de 40 degrés, à 40 livres sur les épaules, son corps commençait à « briser ». « Je voyais qu’il me restait encore plus de 60 jours. Mes deux pieds ne formaient qu’une ampoule. J’avais un dix heures de marche devant moi, et tu te mets à te poser les grandes questions. Est arrivé le moment décisif où je me suis dit que si je ne le faisais pas, qui allait le faire? », pointe-t-il.
Dans son itinéraire, Alexandre s’est nourri, entre autres, dans les dépanneurs. Au départ, il faisait des provisions pour trois ou quatre jours. « C’était trop lourd », a-t-il remarqué rapidement. Il a donc choisi de se ravitailler de façon quotidienne, quand cela était possible. Il raconte au journal ce qu’il qualifie de « cadeau de la vie ». Lors d’un segment de huit heures, il avait bu son litre et demi d’eau rapidement. Loin de ruisseaux, il ne savait pas comment il ferait pour boire. « J’ai alors trouvé sur le bord du trajet une grosse bouteille d’eau pleine, pas ouverte », relate-t-il, envahi de frissons.
Moments magiques
À travers ce périple, les « moments magiques » se sont accumulés. Il dépeint la fois où un individu l’a interpellé au gré de sa marche, dans la rue. « Il m’a dit, les larmes aux yeux, que la cause que je portais, c’était son histoire, mais 15 ans plus tôt. Ce n’est donc pas une nouvelle problématique, au contraire », met en reflet M. Vézina.
Richard Z. Sirois
Le membre des défunts groupes d’humour Rock et Belles Oreilles et 100 Limite reconnu, il fut un temps, pour sa flamboyante moustache, Richard Z. Sirois, a croisé la route d’Alexandre Vézina. À Matane, c’est chez l’humoriste qu’Alexandre a pu être hébergé. M. Sirois fait partie des quelques personnalités que le randonneur a rencontrées sur son chemin.
Dans plusieurs municipalités, Alexandre a été accueilli par les maires. « J’ai rencontré des personnes motivantes et des gens impliqués socialement ou municipalement », avance celui qui n’a pas froid aux yeux.
Découvrir le Québec
Alexandre a voyagé dans plusieurs pays à travers le globe. L’aventurier découvrait cependant le Québec. « Toutes les régions sont belles », assure-t-il d’emblée. Il soulève cependant avoir eu un coup de cœur pour la Haute-Gaspésie, à Marsoui. « Ça m’a scié en deux. Je me demandais vraiment si j’étais au Québec », concède Alexandre, estomaqué.
Il parle également des couchers de soleil de Kamouraska, dans le Bas-Saint-Laurent. « J’étais sûr que j’étais au Costa Rica! », compare-t-il, les yeux comme des vingt-cinq sous.
Réintégrer la société
C’est en restant près de l’organisme qu’Alexandre Vézina réintègre la réalité. En ce sens, il vit quelques jours en immersion à la Maison Stéphane Fallu afin de saisir la réalité des jeunes qui y vivent. « Ça me permet d’avoir le point de vue du jeune, pas juste de l’organisme », complète celui qui prépare un prochain défi, lequel il ne peut dévoiler pour le moment.