En toute impunité

Une bande de jeunes sévit la nuit tombée sur le planchodrome de Chambly et ses alentours. Les résidents du quartier sont démunis et certains sont à bout de nerfs.

Une vidéo est publiée sur les réseaux sociaux. On y voit des jeunes sur le parking du parc Gilles-Villeneuve, à côté de l’école secondaire de Chambly. La suite? On y voit un jeune homme étrangler un autre garçon par derrière. Puis, une fois à terre, ce dernier se fait tabasser à coups de pied par plusieurs autres.

« Cela s’est passé au printemps dernier, sur le parking de l’école du secondaire, raconte une résidente. Dès que la nuit commence à tomber, je rentre mes enfants et je conseille aux autres parents d’en faire de même. » Un autre Chamblyen continue : « A priori, c’est pour un problème de dettes. On connaît les noms de ces jeunes. Beaucoup sont des élèves de l’école secondaire. »

« Ce rite du garçon à genoux est bien plus courant à Chambly que vous ne le pensez. » – Une jeune femme 

Cette vidéo témoigne d’une certaine violence qui règne dans ce coin du district du Bassin. « C’était terrible, lors de l’été 2022, assure un voisin. Cela a repris à nouveau au printemps 2023. Cela s’est calmé par la suite, mais depuis la rentrée scolaire, les nuits sont agitées, surtout les vendredis soirs et les samedis soirs. Lorsqu’il y a des trentenaires présents pour faire du skate, ça se tient. Mais une fois qu’ils sont partis, les jeunes sont intenables. Quand on voit des voitures et des scooters se réunir à l’entrée du stationnement de l’école secondaire, on sait qu’il se passera quelque chose. »

Des témoins anonymes

Inquiète, une jeune femme explique ce qu’elle endure, tout en souhaitant conserver l’anonymat pour des raisons de sécurité, comme les autres témoins, d’ailleurs. « La police est venue faire des rondes avec insistance, mais comme elle n’a rien vu de sérieux, elle s’est faite plus rare. Il n’en fallait pas plus pour que ces jeunes reviennent. »

Depuis quelques jours, une autre vidéo tournée à Saint-Bruno montre un jeune à genoux frappé par d’autres adolescents dans une école. Une révélation qui a provoqué l’effroi dans la communauté. « Ce rite du garçon à genoux est bien plus courant à Chambly que vous ne le pensez, témoigne une jeune. J’ai déjà vu cette scène avec un couteau. » D’autres parents parlent aussi de fusil à plombs ou d’un pistolet.

S’ils agissent dans les rues, ces adolescents, voire jeunes adultes, ont adopté le planchodrome comme point de rassemblement. « Ils sont presque sans limites, assure un parent. Ils incitent les plus jeunes à prendre de la drogue. » À quelques rues, un retraité assure. « Ils jettent leurs déchets par terre et s’amusent à briser les bouteilles de verre une fois terminées. Des fois, ils brûlent des poubelles. Si bien que je vois régulièrement la Ville venir nettoyer le parc. » Une voisine, visiblement irritée, ajoute : « Je les ai déjà vus se battre dans un jardin. Ils sont une quarantaine! Ou bien ils viennent faire du bruit sur les pelouses à deux heures du matin. Ils se promènent sur les propriétés. »

Des mineurs

« C’est l’enfer!, assure une résidente. La Ville avait installé des panneaux en forme d’enfants pour inciter les automobilistes à ralentir. Ces jeunes les ont dévissés et les ont emportés! Mais de mon côté, je n’ai jamais été témoin de violence. »

Beaucoup de résidents sont excédés. « J’ai appelé les policiers à plusieurs reprises, soutient une résidente. Ils sont déjà venus rapidement, mais une autre fois, ils ont mis une heure à venir. Les violences étaient terminées. On comprend qu’ils sont débordés et que Chambly commence à être trop grand. » Contactée, la Régie de police Richelieu Saint-Laurent n’a pas souhaité commenter ces événements. « Cela implique des mineurs et nous préférons garder une réserve sur ce sujet. » L’hiver et la chute des températures calmeront-ils les ardeurs?