Financement du transport en commun

Transports : Qui va payer la facture?

Le plan proposé par le gouvernement Legault couvrirait 20 % des dépenses consacrées aux transports publics du grand Montréal jusqu’en 2028. Les municipalités devraient alors payer le reste de la note. À moins que les services ne se réduisent…

Branle-bas du côté des municipalités de la Rive-Sud. Ardente défenseuse du transport public, Alexandra Labbé, mairesse de Chambly, entend bien réagir après l’annonce de Geneviève Guilbault, ministre des Transports et de la Mobilité durable, qui a proposé une aide gouvernementale de 482,8 millions de dollars sur cinq ans à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), qui accuse déjà un déficit de 500 millions de dollars et une dette anticipée estimée à 2 milliards. L’aide du gouvernement représenterait alors 20 % des investissements. « J’ai écrit au ministre Jean-François Roberge et j’attends de ses nouvelles. Toute la couronne-sud se mobilise, car cette proposition est inacceptable. »

« On se fait dire que le gouvernement se désengage et que ce sera aux Villes de payer. » – Alexandra Labbé

L’enjeu des discussions actuelles a des conséquences directes sur les citoyens, puisqu’il déterminera quel type de transport en commun sera servi aux usagers. « Notre modèle financier ne nous donne pas la latitude de prendre ou de supprimer des lignes, poursuit Alexandra Labbé. Notre répartition du financement actuel est de partager la facture à parts égales entre le gouvernement du Québec, les usagers, par le prix des billets, et les municipalités. Or, il ne tient pas. Geneviève Guilbault devait nous revenir avec un modèle et on se fait dire que le gouvernement se désengage et que ce sera aux villes de payer. »

Les villes solidaires

L’arrivée du Réseau express métropolitain (REM), qui relie Brossard à la gare centrale de Montréal, et la modification des lignes de bus sur l’ensemble des municipalités du secteur officialisées cet été sont un investissement sur le quotidien des résidents du secteur. Si le gouvernement refuse d’honorer sa part, qui va payer? Alexandra Labbé assure que les Villes n’ont pas dit leur dernier mot. « Tant que l’équité du paiement de la facture n’est pas réglée, nous n’irons pas au-delà de 4 % des frais. Nous avons présenté une contre-offre au gouvernement. »

L’Association du transport urbain du Québec (ATUQ) joue un rôle d’expertise dans ce dossier. Le développement de politiques liées à la mobilité durable fait partie de ses mandats. Dans un communiqué, la structure se montre très claire. « La proposition de la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, plafonnant à 20 % la contribution de Québec aux futurs déficits des sociétés de transport, risque fort d’entraîner des réductions de services. Cette offre est d’autant plus inquiétante qu’elle ne tient pas compte de l’indexation annuelle réelle des dépenses des sociétés de transport sur cinq ans. Dans les faits, la contribution de Québec sera bien en-deçà des 20 % véhiculés dans les médias. »

Taxe sur l’essence?

Marc Denault, président de l’ATUQ, voit mal de quelle manière des économies structurelles ou des efforts d’optimisation pourraient pallier le désengagement du gouvernement. « L’effet d’une réduction budgétaire de cette envergure n’est pas marginal et ne peut être comblé sans affecter les services, puisque 70 % des dépenses sont liés aux salaires, dont une très grande proportion est directement affectée aux opérations des autobus, des trains, du métro et du transport adapté. »

L’heure est à la recherche de solutions, qui pourraient passer par d’autres sources de financement. Une taxe supplémentaire, appliquée sur le prix de l’essence, des immatriculations ou même des permis de conduire, a été avancée.

Principale intéressée concernant le secteur de Chambly, la compagnie exo discute avec l’ensemble des acteurs avant de réagir officiellement sur la proposition du gouvernement. « Nous collaborons avec l’ensemble des parties prenantes impliquées, notamment les villes, dans la recherche de solutions dans ce dossier. Il est important de mettre en valeur les nombreux bénéfices du transport collectif pour l’économie et les communautés : c’est un service public qui contribue au développement économique, réduit les émissions de gaz à effet de serre et facilite les déplacements des citoyens. »