Préservation du mont Rougemont : nouvelles conservations
Le 1er novembre dernier, deux nouvelles actions de protection des milieux naturels au mont Rougemont ont été annoncées par Nature-Action Québec (NAQ).
Avec ces ajouts récents, ce sont aujourd’hui près de 330 hectares (ha) qui se retrouvent protégés par conservations légales sur le territoire du mont Rougemont. Cela représente un peu plus de 10 % de la superficie totale de la Montérégienne.
L’acquisition d’un terrain de 4,28 ha ainsi que la signature d’une servitude de conservation d’un terrain de 3,08 ha sont les actions en question. « Chaque fois que l’on ajoute une protection d’un milieu naturel d’intérêt comme ceux-là, peu importe sa superficie, ça fait toujours du bien. On pense aux générations futures, ce sont elles qui profiteront de [l’existence] de ces milieux-là », remarque Pierre Pontbriand, coordonnateur de l’Association du mont Rougemont (AMR).
La contribution des différents acteurs du milieu y est pour beaucoup, nous indique Sébastien Lévesque, chargé de projets à la direction de la conservation de NAQ. « La propriété de ces lots [composant les 330 ha] est partagée entre NAQ, Conservation de la nature Canada (CNC) et quelques propriétaires privés qui ont pris la décision [de prendre en charge] la responsabilité de la conservation en déclarant leur propriété comme territoire protégé », précise-t-il.
Les protections
Il existe différents types d’ententes lorsqu’il est question de conservations légales. « Une acquisition [c’est lorsqu’] il s’agit de devenir le propriétaire responsable de gérer le terrain en achetant les pleins titres de la propriété. La servitude de conservation, quant à elle, c’est un scénario dans lequel le propriétaire conserve sa propriété en cédant certains droits. Notamment, on parle de la permission de faire de la coupe, de la cueillette, de la chasse ou de l’acériculture. C’est une formule de conservation qui peut se personnaliser selon les usages désirés du propriétaire », nous explique M. Lévesque.
M. Pontbriand, le coordonnateur de l’association regroupant plusieurs propriétaires de la colline, nous éclaire sur certains enjeux : « Il s’agit de milieux naturels qui filtrent l’air et l’eau. La fragmentation des habitats, c’est-à-dire le manque de connectivité entre les superficies boisées [ainsi que] la surfréquentation de plusieurs sites sont des enjeux [à prévenir]. Chaque fois que l’on ajoute une superficie protégée par des actes notariés comme ça, on vient s’assurer d’un suivi, et ça, c’est déjà une bonne chose. Suivi au niveau de la biodiversité, des plantes, des animaux qui peuvent s’y trouver. »
Circulation et usages
M. Lévesque témoigne du souci qu’accorde NAQ à traiter chaque situation au « cas par cas ». Parfois, une simple sensibilisation est suffisante. « On viendra faire des inventaires pour leur présenter ce qui se retrouve sur leur propriété pour bonifier leurs connaissances […]. Ça leur permet de mieux gérer et de mieux connaître les bonnes pratiques », souligne-t-il.
Il poursuit : « En principe, les terrains protégés sont ciblés pour des raisons qui nécessitent une limitation des usages. [Par exemple], des endroits où il y a des espèces à statut précaire, des milieux humides, des endroits avec un sol plus fragile […]. Il y a certains usages qui sont plus nocifs que d’autres. On encourage les usages durables. C’est certain qu’avec 300 propriétés [constituant le mont Rougemont], on ne peut pas limiter la circulation partout. L’idée est de concerter les utilisations des sentiers à la fois sur les propriétés protégées et sur les propriétés privées. Aussi, le mont Rougemont reste un bon secteur pour l’acériculture et on aime tous notre sirop d’érable! Alors, on essaie de bien agencer la cohabitation entre usages, utilisations durables et conservations plus strictes : il faut trouver un juste milieu », remarque le chargé de projets.
Collaboration et financement
Les nouvelles actions de préservation ont pu être déployées grâce au partenariat d’un nombre de collaborateurs, notamment, l’AMR et CNC, un organisme privé à but non lucratif.
Le travail de concert entre l’AMR et NAQ existe depuis « au minimum une vingtaine d’années », nous informe M. Pontbriand. « On sert surtout d’intermédiaire entre les propriétaires et ces organismes-là, mais ça nous arrive aussi de réaliser des mandats en bonne et due forme pour eux », remarque-t-il.
« C’est une division d’expertises », affirme M. Lévesque. Il témoigne que de travailler avec l’AMR donne plus de portée aux actions de NAQ. « Parfois, les gens sont un peu méfiants d’un organisme de conservation qui vient leur dire quoi faire, alors que ce n’est pas [ce que l’on fait] en réalité. De travailler avec des gens qui sont déjà regroupés, ça facilite le processus. Ce que l’on veut faire, c’est de mettre en action ce qu’ils [souhaitent], mais qu’ils n’ont pas nécessairement les outils pour le réaliser. »
Le bailleur de fonds principal est actuellement CNC par l’intermédiaire d’une subvention du gouvernement du Québec. Ce sont plus de 53 millions de dollars qui composent ce financement échelonné sur quatre ans dans le cadre du programme Projet de partenariat pour les milieux naturels.
Les contributions financières de la Fondation de la faune du Québec par son programme Protéger les habitats fauniques – volet I, ainsi que celle d’Environnement et changement climatique Canada (ECCC) grâce au Programme d’intendance aux habitats (PIH) pour les espèces en péril, sont aussi mentionnées par NAQ.