Des familles s’ajustent face aux journées de grève du milieu scolaire
Les trois journées de grève de la semaine dernière ont chamboulé la routine quotidienne de milliers de parents du territoire, qui ont dû s’ajuster devant les moyens de pression du personnel issu du milieu de l’éducation.
Caroline Boutin, mère monoparentale de deux enfants, de 12 et 14 ans, était elle-même en piquetage lorsque rencontrée par le journal la semaine dernière. « Je cours après ma queue, aujourd’hui », avoue la Chamblyenne, qui a manifesté devant le CLSC de Richelieu. Bien que l’âge de ses enfants ait facilité sa gestion parentale, « c’est quand même de l’organisation », convient-elle.
« Trois jours, ça va. Plus que ça, c’est sur les parents qu’ira la pression. » – Michaël Vaillancourt
Michaël Vaillancourt s’en est sorti grâce au télétravail. « Les enfants sont assez vieux et s’occupent. Je n’ai pas trop à intervenir », établit le Chamblyen, père de deux enfants âgés de 9 et 12 ans.
Ce sont quatre enfants, âgés de 11, 13, 15 et 17 ans, qui ont été touchés par la grève chez Véronique Paré, une Angèloirienne. Elle souligne ne rien avoir changé à sa routine, si ce n’est d’avoir laissé son téléphone allumé davantage. « Mes enfants sont très responsables. Mes grands s’occupent de ma plus jeune, qui, elle-même, a son cours de gardiens avertis », déclare Mme Paré.
À Rougemont, Joanie Dionne a continué de faire rouler son salon de coiffure à domicile avec la présence de ses deux enfants de 7 et 10 ans. Son conjoint a passé deux de ces trois journées de grève en télétravail. Mme Dionne a accueilli aussi une amie de sa fille afin d’éviter que ses parents ne prennent congé. « Ma sœur a pris mes enfants jeudi, étant donné que ma journée est pleine et que l’homme était absent de la maison », précise-t-elle.
À Carignan, chez Yan Sarrazin, la grève n’a pas été source de souci. Âgés de 10 à 14 ans, deux de ses trois enfants sont de niveau secondaire. Les deux plus grands ont profité de la grève pour partir en Floride avec leur mère plus hâtivement. Quant à M. Sarrazin, il est demeuré au Québec avec sa fille d’âge primaire. Comme la fillette de 10 ans fréquente une école privée, la grève n’a eu aucun effet sur son quotidien.
Des écrans en renfort
En ces journées sans école, des enfants ont dû faire preuve de plus d’autonomie. Un dîner congelé dépannera les enfants de Mme Boutin. Dans ce contexte, des écrans viendront en renfort. « C’est une journée spéciale »jeux vidéos ». On pile sur certaines valeurs de l’éducation pour gagner de meilleures conditions », fait valoir l’intervenante psychosociale qui œuvre au CLSC de Richelieu. « Il y a de la tablette et du jeu vidéo. C’est le point que l’on n’aime pas en télétravail, de ne pas pouvoir les diriger vers autre chose que des écrans. On deale avec ça », se résigne à son tour Michaël Vaillancourt.
Véronique Paré possède une terre. « Ils vont jouer à l’extérieur. Ils font de petites activités ensemble, comme des spectacles de danse », relate la mère de famille de Sainte-Angèle-de-Monnoir.
Chez Joanie Dionne, « devoirs, bricolage, petites tâches pis combat de boxe entre fratries » ont permis de passer le temps. Des enfants ont profité de la pause forcée pour passer du temps entre amis.
Un conflit qui s’étire
Après ces journées de grève, le conflit n’était pas réglé entre le gouvernement et le personnel de la fonction publique au moment d’écrire ces lignes. « Si ça s’étend, ça va devenir déplaisant. Les enfants demandent quand même un peu d’attention. Ça déconcentre du travail », mentionne M. Vaillancourt. Il redoute le relâchement qu’engendrerait une période morte sujette à s’étirer. Le Chamblyen « comprend » la pression mise sur le gouvernement pour que des travailleurs fassent valoir leurs droits. « Trois jours, ça va. Plus que ça, c’est sur les parents qu’ira la pression », nuance-t-il.
La réduction de journées d’école pourrait occasionner des retards scolaires. « Ça ne m’inquiète pas à court terme, mais si ça continue longtemps, ils risquent de perdre des acquis. Je trouverais ça triste que ce soit les jeunes qui en écopent », explique Mme Paré, qui soulève sa chance d’avoir des enfants qui fonctionnent bien à l’école. Chez elle, c’est son garçon de 17 ans, en DEP, qui souffre le plus de la grève. « Au lieu de faire le travail manuel de pratique, il doit regarder des vidéos. C’est moins concret pour lui », soutient Mme Paré.
« Je n’ai pas cette inquiétude, mais je sais que ce n’est pas la réalité de tous. Si l’on offre une meilleure qualité en éducation, les pertes à court terme sont moins préoccupantes que celles à long terme », relativise Mme Boutin. Yan Sarrazin ne se dit pas trop préoccupé, advenant un conflit qui perdure. « On a quand même eu une bonne pratique en 2021-22…», rappelle-t-il, faisant allusion à une certaine pandémie.
« Bien que cette situation soit hors de notre contrôle, nous sommes conscients des difficultés que cela peut occasionner dans l’organisation familiale », cite quant à lui le Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP).
Transport en arrêt
De son côté, le transporteur Autobus Robert ltée, qui dessert certains circuits de transport scolaire du CSSP, a transmis un avis de grève illimitée de ses employés, et ce, dès le 4 décembre. Ce ne sont pas tous les circuits desservis par ce transport qui sont affectés par ce conflit de travail. De plus, il est possible que certains circuits soient touchés seulement le matin ou le soir.