Intimidation à Chambly : « Ils sont une trentaine »

Les témoignages au sujet de faits d’intimidation se manifestent davantage à Chambly. Le phénomène inquiète les parents, malgré les divers plans mis en place par les pouvoirs publics.

Le sujet tient particulièrement à cœur à un père de deux jeunes Chamblyens puisque son aîné a décroché de l’école. « Il n’en pouvait plus. Il a quitté l’école en décembre 2022 et aujourd’hui, il suit des cours du soir. » L’homme ne souhaitait évidemment pas cette trajectoire scolaire pour son fils, mais il s’est senti seul face aux différentes agressions que son jeune subissait. « La police communautaire n’a pas pu régler le problème. »

« J’invite les témoins de ces scènes à ne pas être passifs. » – Jean-François Roberge

Son plus jeune aussi a eu affaire à cette forme de violence, mais c’est de l’histoire ancienne. « Ce sont des adolescents qui viennent taxer des écoliers à la sortie des cours, explique-t-il. Mon aîné est donc venu défendre son frère. C’est la violence qui a réglé le souci. Ce n’est peut-être pas la seule solution, mais cela s’est calmé ainsi. »

La mère d’une autre famille corrobore le témoignage après l’agression de son fils. « On m’a dit que Chambly n’est pas touché par le problème de gangs, mais c’est faux. Ils sont une trentaine à faire régner la terreur dans la ville, mais aussi à Saint-Bruno. Ils sont armés de couteaux et de fusils. On a déposé des plaintes et trois agresseurs de mon fils ont été retrouvés. Un autre est allé en justice, mais les charges n’ont pas été retenues alors qu’il avait été formellement identifié. »

La police disponible

Désormais, elle regrette que son fils ne puisse pas vivre une vie paisible. « On s’inquiète toujours quand il sort de la maison. Il ne peut plus aller à certains endroits de la ville de peur de croiser à nouveau ses agresseurs. Cela devrait être le contraire. À l’école, il est arrivé que les enseignants gèrent très bien cela, puisque des mesures de distance sont imposées par la police. Mais en dehors, ce sont juste des lettres et aucune conséquence marquante n’est imposée. »

Interrogée sur le phénomène, la Régie de police de Richelieu – Saint-Laurent indique que des systèmes sont mis en place pour réagir au mieux. « Tout est pris très au sérieux par les établissements scolaires. La police peut faire de l’accompagnement à la demande de l’école et, par souci de confidentialité, les citoyens non concernés ne sont pas informés de nos actions. »

La Régie de police assure que la réactivité face à l’intimidation est rapide. « Dans les 68 écoles du territoire que nous couvrons, toutes les directions sont proactives. Nous collaborons et chaque établissement a des obligations légales. C’est un travail de partenariat avec un leadership des écoles. »

Ancien ministre de l’Éducation, aujourd’hui celui de la Langue française, Jean-François Roberge regrette que l’intimidation soit toujours d’actualité. « Je n’en suis malheureusement pas surpris, mais les enseignants sont mieux outillés qu’avant. Les directions d’établissements scolaires sont aussi formées à ces éventualités. Ces mauvais comportements ont toujours existé, mais ils n’en sont pas acceptables pour autant. »

Ne plus être spectateur

Auteur de la refonte du rôle du Protecteur de l’élève pour plus d’efficacité dans le traitement des plaintes d’élèves et de parents alors qu’il était ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge espère un élan collectif. « J’invite les témoins de ces scènes à ne pas être passifs. À cet âge, les auteurs cherchent à glorifier leurs gestes. Si les témoins les interpellent, ça change tout! La meilleure des choses passe aussi par l’éducation et faire ressentir de l’empathie aux jeunes vis-à-vis des autres. Le Protecteur national de l’élève a été créé pour écouter les jeunes, il ne faut pas hésiter à parler. Habituellement, ce sont les écoles qui doivent trouver la solution. »

Fin avril, Louis (prénom fictif), élève chamblyen de l’école orientante l’Impact de Boucherville, avait été frappé à la sortie d’un bus scolaire. Depuis, il a repris son programme scolaire à domicile. « Nous pouvons confirmer que les mesures nécessaires sont en place pour assurer la sécurité des élèves impliqués et respecter les particularités de la situation, assure le Centre de services scolaire des Patriotes. Pour les détails, nous sommes tenus à la confidentialité. »