Soins vétérinaires : les cliniques inaccessibles

La SPCA (Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux) Montérégie accueille actuellement un large nombre d’animaux abandonnés par leurs maîtres en raison de frais trop importants. L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec attend l’adoption d’un projet de loi pour régler au moins en partie la situation.

« Sur ces trois derniers jours, on a récupéré 26 chats et 4 chiens, regrette Linda Robertson, fondatrice de la SPCA Montérégie, située à Sainte-Angèle-de-Monnoir. Nous avions une boîte aux lettres que nous avons définitivement fermée car certaines personnes mettaient leur chaton dedans. On laisse aussi de la nourriture la nuit à côté de notre bâtiment, car certains animaux sont abandonnés la nuit. Vous constatez ainsi le côté sombre de notre activité. »

La nouveauté au chapitre d’abandons d’animaux est la crise financière qui touche de plus en plus de foyers. « Nous avons des gens en pleurs au téléphone qui nous demandent d’accueillir leur compagnon car ils ne peuvent pas le soigner, la faute à des soins vétérinaires trop chers, confie Linda Robertson. Lorsque nous recevons ces appels, nous essayons d’aider en faisant le maximum, mais on fait ce que l’on peut. »

Retour sur investissement

La dirigeante de la SPCA Montérégie pointe du doigt plusieurs cliniques vétérinaires qui ont augmenté leurs prix. « Certains vétérinaires font passer des prises de sang ou des radiographies ainsi qu’une batterie d’examens alors qu’une prise de médicaments suffit. Des capitaux américains rachètent des cliniques vétérinaires et veulent un retour sur investissement. L’inflation et la pénurie de main-d’œuvre liée à la profession n’aident pas à la cause non plus. »

Un constat que partage le docteur Gaston Rioux, président du conseil d’administration de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ). « Cela fait quelques années que ça dure et le vétérinaire n’est pas la seule profession touchée dans le domaine de la santé. Ce sont les pharmaciens qui ont été les premiers touchés par ce phénomène des grandes bannières. Au Québec, on dénombre une quarantaine de pharmacies détenues par un particulier, le reste appartient aux grandes enseignes. L’OMVQ ne peut agir sur la politique de prix, car ce sont des compagnies privées. Néanmoins, nous suivons la situation de près, car il faut s’assurer que le vétérinaire exerce en toute indépendance. Il faut qu’il soit en mesure d’offrir un service au client, ce qui est notre priorité. Il en va ensuite de la responsabilité du vétérinaire d’offrir un plan B, voire un plan C si le plan A est trop dispendieux. »

Réponse cet automne?

Pourtant, une loi oblige un vétérinaire à posséder sa clinique. « En effet, mais ce sont les actions votantes, précise Gaston Rioux. Les capitaux américains veulent un retour financier et il faut s’assurer qu’il n’y a pas de pression économique. » Pour contrer cela, le président du conseil d’administration se veut rassurant.

« Nous avons des mesures de surveillance sans compter la déontologie du vétérinaire. Le bureau de syndic accueille aussi les plaintes des clients. »

Afin de proposer une autre option aux cliniques vétérinaires privées, le docteur Gaston Rioux attend l’adoption du projet de loi 67. « Elle devrait intervenir cet automne, soutient-il. Depuis trois ans, on demande de pouvoir donner des services vétérinaires par le biais d’organisations à but non lucratif (OBNL). Cela permettrait de faire baisser les prix et de donner d’autres offres de travail aux vétérinaires. Cela permettrait d’assurer notre rôle dans les meilleures conditions possibles. Tout n’est pas négatif, mais au moment de choisir sa clinique, le client doit être le mieux informé possible. »