Pétition pour leur paradis

Des habitants du chemin Sainte-Thérèse réclament plus de signalisation et de contrôle de la vitesse sur le tronçon passant devant leurs habitations. En 2022, un jeune en scooter et un signaleur y avaient trouvé la mort.

« J’ai obtenu 27 signatures sur 34 répondants le long de la route. Je ne croyais pas en un tel succès! » Gary Darveau, un Carignanois habitant le chemin Sainte-Thérèse, est nourri d’un espoir de voir la sécurité prendre le pas sur le tronçon reliant Chambly à Saint-Jean-sur-Richelieu, le long du canal de Chambly.

« Les arguments des citoyens sont solides. » – Diane Morneau

Habitant à proximité du fort Sainte-Thérèse depuis plusieurs dizaines d’années, le retraité raconte une multitude d’anecdotes survenues sur la route. « Avant l’arrivée des cellulaires, il n’était pas rare de voir des gens trempés cogner à notre porte, car leur voiture avait dérapé dans le canal. Au point où j’ai songé à appeler un opérateur téléphonique pour y installer une borne de secours! Un virage en » S » surprend les conducteurs roulant trop vite et les roues n’adhèrent pas à la route. »

Les deux drames, fin 2022, espacés d’une semaine, coûtant la vie à un adolescent en scooter et à un signaleur, restent dans les mémoires. « Pour faire signer ma pétition, je suis allé cogner aux portes de mes voisins, poursuit Gary Darveau. Certains ont entendu le choc et en sont encore marqués. D’autres ne veulent pas laisser leurs enfants en bas âge rouler sur la piste cyclable, car les voitures roulent trop vite. »

Ce tronçon de route correspond à peu près à trois kilomètres limités à 70 km/h. « Certains la dépassent très facilement, soupire Stéphane Gamelin, autre habitant de ce secteur du chemin Sainte-Thérèse. D’ailleurs, si la police décide de mettre un radar mobile près de chez moi, ce sera très lucratif pour elle. »

L’autre danger, selon les résidents, c’est le fait de sortir de chez eux pour intégrer le trafic en voiture. « Nous réclamons aussi des signalisations pour alerter les automobilistes quant aux entrées cachées, ajoute Gary Darveau. On ne peut pas voir arriver les voitures rapides lorsque nous sortons de chez nous et ces véhicules nous voient arriver au dernier moment. »

Soutien de la Ville

Forts de leur pétition, Gary Darveau et quelques résidents sont allés à la rencontre des élus carignanois pour trouver une solution. Or, cette portion du chemin Sainte-Thérèse est de compétence provinciale, puisqu’il s’agit de la route 223. « Nous avions déjà fait une demande au ministère des Transports (MTQ) à ce sujet, vers 2021, précise Diane Morneau, conseillère municipale et mairesse suppléante de Carignan. Le MTQ avait répondu qu’il priorise la fluidité du trafic. Néanmoins, ce segment de Carignan est entouré de deux tronçons, à Chambly et à Saint-Jean-sur-Richelieu, qui, eux, sont limités à 50 km/h. De plus, nous voulons privilégier la densification et la mobilité active sur notre territoire. Cela demande davantage d’efforts de cohabitation. Les arguments des citoyens sont solides et nous allons les appuyer lors d’une nouvelle demande. »

Cette aventure a ému Gary Darveau, qui a pu partager sa préoccupation relativement à cette situation avec un voisinage qu’il a partiellement découvert. « Les gens m’ont très bien accueilli lors de mon porte-à-porte. Il faut savoir qu’ici, c’est un paradis, dont l’unique point noir est la vitesse sur cette route. »

Un minimum à tenir

Le MTQ ne l’entend pas vraiment de cette oreille. « Nous avons déjà analysé ce tronçon et présenté nos conclusions en 2023, rappelle la structure. Beaucoup pensent que la vitesse est la solution miracle à la sécurité routière, mais ce n’est pas le cas. »

Le MTQ serait favorable à un statu quo, car, selon lui, abaisser la vitesse à 50 km/h aurait des effets pervers. « La vitesse maximale doit être cohérente avec l’environnement routier. Une limite de 50 km/h correspond à un milieu urbanisé avec des trottoirs et/ou des pistes multifonctionnelles. Or, dans le cas de la route 223, cela conduirait à un peloton de véhicules, car il existe une interdiction de dépassement. Certains conducteurs pourraient ainsi se frustrer et tenter un dépassement dangereux. Les accidents mortels de 2022 ont eu lieu à proximité d’un chantier, ce ne sont pas des conditions normales de circulation. De plus, il n’y a eu aucun accident grave entre 2017 et 2021. »

Enfin, concernant la signalisation des entrées cachées, le MTQ n’a pas encore donné son avis. « Nous sommes en cours d’analyse. Concernant les cyclistes, il est possible d’aller sur la bande du canal sans passer nécessairement par la route 223. »