Fouilles dans le Canal de Chambly : une histoire sous l’eau

Plongeur expérimenté, Daniel Jourdain a organisé une activité de nettoyage la semaine dernière dans le bassin de Chambly. Près de 35 personnes ont chaussé les palmes pour découvrir les secrets enfouis sous l’eau.

Daniel Jourdain et le bassin de Chambly, c’est une longue histoire! Originaire de Saint-Basile, cet ancien commerçant de Chambly, aujourd’hui retraité, se baignait déjà sur le plan d’eau lorsqu’il était adolescent.

« Cela fait plus de 50 ans, sourit-il. Aujourd’hui, je compte bien 300 plongées ici. »

Durant la dernière semaine d’août, le plongeur a sollicité l’aide de plusieurs de ses congénères pour sortir les déchets du bassin à proximité du centre nautique. « Nous nous sommes limités à 35 personnes environ, précise-t-il. Vu le nombre de demandes, nous allons viser encore plus haut l’an prochain, avec cent plongeurs pour aller nettoyer du côté de la marina. Les gens venaient jeter davantage leurs déchets dans cette zone et il est certain que nous aurons beaucoup de travail. »

Un phénomène qu’explique Daniel Jourdain. « Le traitement des eaux usées est assez récent dans notre histoire. Auparavant, le contenu des égouts des villes environnantes était intégralement déversé dans le Richelieu. Si bien que les promeneurs de Chambly préféraient s’installer du côté de la marina et du fort plutôt que du côté du centre nautique où se trouvait l’égout. Forcément, des objets de toutes sortes devaient tomber dans l’eau. »

Des objets vieux de 200 ans

Durant leur exploration sous-marine, le plongeur et ses collègues ont trouvé des choses assez habituelles telles que des bouteilles, des cellulaires, des pneus ou encore des pièces de métal mais pas seulement. « On a aussi récupéré des os d’animaux ou encore des résidus de pièces de bateaux à moteur, poursuit Daniel Jourdain. Certaines pièces ont 200 ans, comme une bouteille que j’ai trouvée. Il faut dire qu’à cette époque, la loi autorisait de jeter les déchets dans la rivière afin d’éviter d’attirer les animaux sauvages à proximité des habitations. »

Le bassin de Chambly est-il démesurément pollué? Son eau est-elle de qualité? Le plongeur, qui visite encore plusieurs cours d’eau au Québec, en est convaincu. « Oui, on peut s’y baigner sans risque. Beaucoup pensent que le bassin est très pollué à cause de la couleur de l’eau, mais c’est la terre qui l’assombrit. Il n’y a qu’à voir la couleur de la rivière L’Acadie pour s’en rendre compte. »

Des projets

La faune et la flore ont aussi évolué au fil des années et, à cet effet, Daniel Jourdain livre son constat. « On voit bien qu’il y a moins de poissons qu’auparavant. Cela s’explique en partie par les produits pulvérisés afin de limiter les insectes. Cela limite le nombre de larves. Par conséquent, les poissons sont moins nombreux. Les moules zébrées, qui occupent une partie du bassin, mangent aussi les œufs de poissons en suspension. Néanmoins, nous avons vu qu’il y a le développement d’un certain type d’algues à enrayer. »

Homme de projets, Daniel Jourdain caresse des ambitions concernant la rivière Richelieu. « Nous avons décontaminé une zone, à Beloeil, permettant de créer une piscine en eaux vives pour la population cet été. L’objectif final de toutes ces décontaminations est que la population puisse s’y baigner. Pour cela, il faut nettoyer le fond. Ensuite, si tout le monde fait attention, l’eau sera plus claire. »

À 66 ans, le Montérégien ne compte pas s’arrêter de plonger. « Je n’ai pu le faire que huit fois cette année à cause de la météo. Je suis plus un plongeur d’hiver. Mais certaines personnes continuent de plonger à 90 ans. Il reste encore des secteurs à visiter, mais je préfère les tenir secrets. »