MRC de Rouville : Un champignon gêne la récolte de citrouilles

Plusieurs exploitations rougemontoises déplorent des pertes importantes concernant les citrouilles. La faute à un climat humide depuis début août.

« J’ai commencé à faucher mais cela me faisait trop mal au coeur de voir autant de citrouilles gâchées. Quelqu’un a dû me remplacer. » Philippe Beauregard, exploitant au potager Mont-Rouge à Rougemont déplore la perte sèche de la grande majorité de ses citrouilles durant le mois de septembre. « Nous en avons encore quand même pour l’Halloween mais l’essentiel est perdu. »

« Les fossés débordent dans les champs car ils ne sont pas dans un état optimal. C’est une problématique récurrente. » – Stéphanie Forcier

Comme le potager Mont-Rouge, d’autres exploitants de la région n’ont pu que constater les dégâts. « C’est la faute à un champignon qui s’est propagé, regrette Philippe Beauregard. Une fois qu’il infecte un secteur, c’est comme un cancer. Il se propage partout dans la récolte. » Hugues Lavoie, de la Pommeraie d’Or, accuse aussi des pertes à hauteur de 50 % de ses récoltes. « On a eu deux belles floraisons mais une humidité un peu plus critique que d’habitude. La récolte est moyenne mais ce n’est pas dramatique pour moi car la citrouille ne fait pas partie de mes activités principales. »

À Saint-Mathias-sur-Richelieu, Francis Gagnon s’est essayé à la citrouille. « J’ai fait un plant qui n’a pas duré. Mais de mon côté, c’est les zucchini qui ont souffert à cause de l’humidité. Il en va de même pour les concombres. »

Pas un seul responsable

Le phénomène est dû à la météo selon Philippe Beauregard. « Depuis la tempête Debbie exactement, précise-t-il. La terre n’a pas séché pendant un mois et nous avions des secteurs où subsistaient 12 pouces d’eau. L’humidité a fini par gagner les citrouilles qui étaient en pleine croissance. L’enveloppe de la citrouille n’est pas encore dure à ce stade et le fruit s’imprègne de tout. S’il s’était mis à pleuvoir deux semaines plus tard, cela aurait été parfait. »

Le Haut-Richelieu et Rouville ne sont pas les seuls territoires concernés. L’ampleur des dégâts se constate à l’échelle provinciale. « L’impact sur la production des citrouilles et courges est très variable d’une région à l’autre, ajoute Stéphanie Forcier, porte-parole de l’association des producteurs maraîchers du Québec. Durant l’été 2023, nous avons vécu beaucoup de précipitations. La tendance se confirme en 2024 et, à cause des changements climatiques, cela pourrait devenir une norme. Nous devons donc nous adapter. »

Un défi qui pointe du doigt les responsabilités de chacun face à des secteurs inondés. « C’est assez compliqué car on ne pourra pas faire de la culture sous abri. On pourrait changer les méthodes de drainage afin de retirer un maximum d’eau des champs. Mais ce n’est pas le seul facteur, il en existe plein d’autres. L’entretien des cours d’eau est une problématique. Les fossés débordent dans les champs car ils ne sont pas dans un état optimal. C’est une problématique récurrente. »

Le charme de l’agriculture

Francis Gagnon avance une autre raison. « Les récoltes peuvent aussi dépendre du voisinage. J’avais fait pousser des pommes de terre l’année dernière et j’étais entouré de cultivateurs qui traitaient leurs productions avec des produits chimiques alors que moi je n’en mets pas. Au final, les insectes se sont concentrés sur ma récolte. »

À quelques kilomètres de là, Daniel Charbonneau, cultivateur à Sainte-Angèle-de-Monnoir, a vécu une récolte traditionnelle sur un hectare de terrain. Le propriétaire n’a pas vécu d’inondation. « Les gens viennent pour le moment pour les courges mais les citrouilles sont pas mal prêtes aussi. »

L’agriculture possède ce charme complexe qui pousse Philippe Beauregard à confier. « C’est compliqué pour les citrouilles mais le climat est exceptionnel pour les pommes. La qualité est incroyable! »