De la terre à la mer

Chambly : le couple vit à temps plein sur son bateau

Il y a trois ans, Julie Duchesne et Yanick Beauregard adoptaient un nouveau mode de vie en ne vivant entièrement que sur leur bateau. Le journal les a rencontrés, amarrés au quai fédéral de Chambly.

Le couple vivait en condo à Saint-Jean-sur-Richelieu. Il passait tout l’été sur son bateau, à Chambly. Quand l’automne s’installait, il retournait vivre à son domicile. « Ça le rendait super malheureux », se souvient Mme Duchesne, en parlant de son conjoint, qui avait déjà passé deux hivers, sur son bateau, en des lieux chauds. Mme Duchesne travaille dans le milieu de la construction. Sa réalité professionnelle ne lui permet pas cette latitude. 

Un bateau en décrépitude

L’objectif de trouver un bateau sur lequel vivre à temps plein s’est alors précisé. Yanick Beauregard avait vue sur le bateau Survenant III. Construite en 1974, l’embarcation de 62 pieds a offert des croisières dans les environs des îles de Sorel. Le bateau a cessé ses activités en 2014. Destiné à être découpé pour en revendre le matériel, il croupissait. « C’était une dompe », résume Mme Duchesne. Fenêtres brisées, saleté, infiltration d’eau, moisissures et déjections d’animaux définissaient désormais le bateau historique.

Il aura fallu quelques visites, échelonnées en termes d’années, pour la convaincre. « Je n’y voyais aucun potentiel », confie Mme Duchesne, ouverte à vivre sur un bateau à l’année, mais en respectant des normes « élevées ».

Consciente de l’importance de l’enjeu pour la pérennité du couple, Julie Duchesne a donné une chance au projet. Le couple s’est procuré le bateau au coût de 100 000 $. Une « grosse » année de travaux a été nécessaire. Puis 200 000 $ ont été investis pour rénover le bateau au goût du couple et le rendre viable en toutes saisons. Isolation, faire le plafond et déterminer les divisions se sont enchaînés. En février 2021, même si les murs n’étaient pas encore complétés, les Johannais dormaient pour la toute première fois dans ce qui est devenu leur maison.

Dans l’entourage du couple, certains visualisaient mal le projet. Pourtant, aujourd’hui, les deux qualifient cette transition du « meilleur move de leur vie ».

Gérer le temps d’espace

Le binôme marin s’installe à Chambly un peu après l’ouverture des écluses, qui a lieu à la mi-mai. Il se procure une passe qu’il paie environ 580 $ auprès de Parcs Canada. Ce permis donne accès aux parcs et aux lieux sous la gouverne de l’organisme fédéral. La période maximale d’amarrage en continu est de 48 heures. Le couple atteint rarement ce seuil. Il s’éloigne alors du quai et jette l’ancre à l’eau.

Ils repartiront vers la marina de Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix juste avant la fermeture des écluses, à la mi-octobre. Il leur en coûtera 4 000 $ pour une période de six mois. L’accès à l’électricité leur permettra de passer à travers la saison hivernale. « C’est merveilleux, l’hiver sur un bateau. Quand il neige, la vue des fenêtres! », conviennent en chœur les amoureux. Sous une pluie de flocons, pelotonnés sur la banquette, la fondue n’en devient que plus chaleureuse, assurent-ils.

Un autre mode de vie

Leur courrier leur est envoyé au travail. Des taxes municipales, ils n’en ont plus. Pour assurer leur demeure, ils font affaire avec une compagnie européenne en raison du peu d’options qui s’offrent à eux ici. Les contrats de déneigement et la tonte de gazon sont choses du passé.

Ils se rendent à l’occasion à Québec ou à Sainte-Anne-de-Bellevue. Dans leur mire, ils ont notamment la Gaspésie, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et la côte est. Comme l’escargot, le duo trimballe avec lui sa maison.

« Ça nous permet de vivre les places, de vivre les milieux où nous allons plutôt que d’être touristes », nuance Mme Duchesne.

Sur le toit, la verdure est présente, alors que poussent divers plants. Non loin, des poules cohabitent et offrent leurs trois œufs quotidiens. Deux chambres d’invités sont à la disposition des visiteurs qui viennent passer un bon moment sur le Survenant III. Les curieux sont nombreux à se questionner sur le mode de vie du couple.

« Ça offre l’occasion d’ouvrir des conversations. Le bateau est un bon vecteur pour connecter avec les gens. Je trouve ça super enrichissant », estime Mme Duchesne.