Chambly : apprivoiser son oiseau en ce mois du TDAH

En ce Mois de la sensibilisation au trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), la Fondation Philippe Laprise, un humoriste chamblyen, met l’accent sur l’apprivoisement de sa condition.

« Le TDAH, c’est sérieux, mais ça s’apprivoise! » est le thème de la campagne de financement.

Annick Héon, directrice générale (DG) de la Fondation Philippe Laprise, soutient qu’il y a encore du travail à faire en matière d’apprivoisement du TDAH d’un point du vue social. « Le terme est très connu, mais on ne sait pas ce qu’il est vraiment. Dans la tête des gens, c’est quelqu’un dans la lune ou un petit garçon hyperactif qui saute partout et qui est turbulent », résume-t-elle. 

Ayant reçu elle-même ce diagnostic, la mère de trois enfants TDAH renchérit, précisant que le trouble ratisse plus largement et que sa réelle condition demeure peu connue. « C’est banalisé dans le sens où l’on dira que les jeunes ont tous un TDAH. »

L’autodiagnostic 

La DG expose l’autodiagnostic. « Une personne lunatique s’autoproclamera TDAH quand ça ne peut être qu’un trait de personnalité », convient-elle. Elle rappelle que des symptômes peuvent être similaires d’un problème à l’autre. « Le TDAH peut apporter de l’anxiété, mais le fait de faire de l’anxiété peut laisser croire à un TDAH. Avant de s’autoproclamer avec un diagnostic, c’est important d’avoir eu une démarche rigoureuse avec un professionnel de la santé », estime Mme Héon.

Conséquences du TDAH

Annick Héon souligne qu’un TDAH qui n’est pas diagnostiqué ou pris en charge peut avoir de lourdes conséquences sur la vie personnelle, sociale ou familiale des personnes qui en sont atteintes. « On parle de difficultés d’apprentissage, de dépression, d’anxiété, de troubles alimentaires et de problèmes de consommation de substances, pour ne nommer que ceux-là. Ça peut impacter la vie scolaire ou professionnelle et avoir des effets néfastes sur la santé physique et mentale », énumère-t-elle. En revanche, lorsque le TDAH est diagnostiqué et que les individus concernés sont bien outillés pour y faire face, elle avance qu’il peut s’avérer être une grande force. « De là l’importance de l’apprivoiser pour garder le contrôle », ajoute-t-elle.

Le TDAH à l’école

Aux centres de services scolaires des Patriotes (CSSP) et des Hautes-Rivières (CSDHR), il n’est pas possible d’obtenir de données quant à la quantité d’élèves ayant reçu le diagnostic de TDAH. « Nous privilégions une approche répondant aux besoins de l’élève et non en réponse à un diagnostic spécifique. Des interventions sont donc mises en place après une analyse des capacités et des besoins de l’élève. Un plan d’intervention personnalisé à l’élève peut aussi être mis en place pour orienter les interventions », répondent les deux CSS à savoir si les méthodes d’enseignement sont ajustées devant le TDAH.

Annick Héon observe qu’il semble plus facile pour un jeune de vivre son TDAH au primaire qu’au secondaire. Elle explique notamment la chose par le fait de n’avoir qu’un seul titulaire au primaire, contrairement à plusieurs enseignants au secondaire. « Au secondaire, on a la vision qu’ils sont plus vieux et qu’ils doivent être plus autonomes. En général, l’ouverture est plus présente au primaire », mentionne-t-elle. Elle avance que lorsque le problème affecte l’apprentissage scolaire, l’ouverture semble plus grande, alors qu’elle l’est peut-être moins quand elle trouble l’aspect comportemental. « Une partie est hors du contrôle du jeune et il a besoin de stratégies pour atténuer ses symptômes. Ce n’est pas nécessairement de la mauvaise volonté. C’est encore un peu mal compris », conçoit-elle. 

Des volatiles plein la tête

En cette campagne, la Fondation Philippe Laprise plonge la population dans l’univers des oiseaux pour imager le TDAH. « Bien qu’ils soient fragiles, les oiseaux peuvent voler tête baissée face au vent et ils peuvent conquérir le monde. Ils ont un petit côté mystérieux et énigmatique, mais ils sont également magnifiques, dynamiques et divertissants. Imaginez si l’on arrivait à bien les connaître et à les apprivoiser! », nomme Annick Héon, en faisant un parallèle avec le TDAH.

Imagée par l’illustratrice Mathilde Corbeil, la campagne de sensibilisation déployée présente trois personnages et leurs oiseaux : le père et ses colibris, l’enfant et son pic-bois, ainsi que la jeune femme et son corbeau. L’histoire du père et ses colibris est racontée alors que les traits de crayon de Mathilde prennent vie dans une courte vidéo présentant l’histoire du président et fondateur de l’organisme qui porte son nom, l’humoriste Philippe Laprise. « Je partage mon histoire, celle de mes enfants et de nos colibris. Plus jeune, j’ai toujours eu de la difficulté à l’école et je me suis toujours senti différent. Avant de recevoir mon diagnostic, je pensais que c’était moi, le problème. Je comprends aujourd’hui que c’est mon TDAH, illustré dans la vidéo par un colibri, qui avait le contrôle jusqu’au jour où j’ai pris conscience qu’il existait et que j’ai réussi à l’apprivoiser. J’ai compris qu’il ne fallait pas le combattre. Il faut simplement apprendre à vivre avec. Ça m’a permis d’aider mes enfants à apprivoiser leur propre colibri », fait valoir l’humoriste et père de trois enfants.

Connaître son oiseau intérieur 

« Pour apprivoiser son oiseau intérieur ou, si vous préférez, son TDAH, il faut d’abord bien le connaître », déclare Mme Héon. Elle rappelle qu’il existe des outils pour mieux comprendre le TDAH et apprendre à vivre avec. La Fondation Philippe Laprise en propose plusieurs sur son site Internet au www.fondationphilippelaprise.com. On y trouve une liste de plusieurs ressources et plus de 25 formations en ligne destinées autant aux individus qu’aux professionnels de la santé ou de l’éducation.