Marieville / Saint-Césaire : Les maisons des jeunes réclament plus de moyens
La Maison des jeunes de Marieville et celle de Saint-Césaire réclament un ajustement de leurs subventions. Les associations aident les adolescents âgés de 12 à 17 ans avec des budgets limités.
Les structures ont profité de la récente Semaine des maisons des jeunes pour tirer la sonnette d’alarme. « On a coupé un poste de directeur administratif pour sauver ceux des autres employés, regrette Geoffroy Cazelais, responsable administratif et animateur de la Maison des jeunes de Saint-Césaire. Nous sommes quatre employés et il est arrivé une fois qu’un membre du comité d’administration avance l’argent nécessaire pour payer les salaires de deux animateurs. Au total, nous sommes une équipe de quatre personnes. » Sa collègue, Carolyne Ducharme, renchérit : « On est passés plusieurs fois proche de la fermeture. »
« Je dois monter un projet pour chaque demande. Cela me coûte du temps et de l’énergie. » – Marie-Christine Joannette
Une précarité financière que partage Marie-Christine Joannette, directrice de la Maison des jeunes de Marieville, qui doit jongler avec un budget de 150 000 $ à l’année pour financer des activités avec une équipe de quatre animateurs. « Le problème est que les instances et les ministères financent nos actions par projet et non pour la mission en général. Nous réclamons donc une aide à la hauteur de nos besoins. »
Adapter le financement
Cette approche quant au soutien changerait énormément de choses pour la directrice. « Je dois monter un projet pour chaque demande. Cela me coûte du temps et de l’énergie. L’objectif d’une maison des jeunes est d’amener les adolescents à l’autonomie, à la critique et la responsabilité. On anime régulièrement des ateliers de cuisine lors desquels les jeunes se font eux-mêmes à manger. Si je n’ai plus de nourriture, je dis quoi à ces jeunes? »
À travers leur mission, les animateurs se heurtent à une réalité. « À Marieville, on assiste à beaucoup de pauvreté cachée, fait remarquer Marie-Christine Joannette. On accueille toutes les classes sociales, sans jugement. Mais il faut savoir que pour certains, on leur permet d’évoluer dans un milieu sécuritaire, où ils peuvent s’épanouir avec un accès à des produits d’hygiène. »
Il en va de même à Saint-Césaire, où Geoffroy Cazelais a constaté une évolution du rôle des animateurs, profession qu’il exerce depuis 15 ans. « Auparavant, nous étions concentrés sur les jeux. Depuis le confinement lié à la COVID, on doit maintenant s’axer sur des sujets spécifiques. Notre salle de musique est devenue une salle plus ou moins de psychologue. On peut y parler de suicide ou d’automutilation. Notre rôle reste de réorienter vers des spécialistes, mais notre mission a aussi évolué. » Carolyne Ducharme a constaté aussi un réel changement. « On a vu des jeunes extravertis s’équiper, six mois plus tard, de coquilles pour lutter contre leur anxiété. »
La base de l’équipe d’intervenants de Saint-Césaire est la même depuis plusieurs années, mais Geoffroy Cazelais ne se voile pas la face. « Si nous avions des enfants, cela ferait longtemps que nous serions partis. D’une part à cause des salaires. À un moment donné, il faut savoir payer son hypothèque. De l’autre, les horaires varient tout le temps. Nous avons fonctionné longtemps à trois animateurs. Pour ouvrir une maison des jeunes, il faut être au moins deux adultes. Donc, si l’un de nous tombe malade, la personne en congé doit rentrer. »
Se débrouiller
Au bénéfice des jeunes, les intervenants trouvent eux-mêmes des solutions, comme le précise le directeur de l’organisme de Saint-Césaire. « Nous n’avons pas de tâches précises et aucun avantage social. C’est vraiment de la débrouillardise. C’est un travail réalisé par des gens de cœur. C’est aussi pour cela que nous continuons, sans regret. Nous sommes une famille entre nous et bien souvent une deuxième famille pour les jeunes. »
La semaine dernière, la Maison des jeunes de Marieville a reçu un courrier du Centre intégré de santé et de services sociaux de Montérégie-Centre confirmant une augmentation de 4 547 $ de l’aide du ministère de la Santé et des Services Sociaux pour l’exercice 2024-2025. « Comme nous sommes habitués à faire avec ce que nous avons, nous allons y arriver, souligne Marie-Christine Joannette. Mais je ne pourrai pas augmenter les salaires. »