Saint-Mathias-sur-Richelieu : champion du monde de tir au poignet
La Mathiassois Philippe Brousseau a été couronné champion du monde de bras de fer à Loutráki, en Grèce, en octobre dernier.
L’homme fort a été sacré champion, du bras gauche, dans la catégorie des grands maîtres (50 ans et plus, et 105 kg et plus). Dans celle-ci, 16 tireurs compétitionnaient. Quatorze d’entre eux revendiquaient au moins un titre de champion national. Brousseau était le moins pesant de sa catégorie, à 242 livres. Il a notamment tiré contre un Russe de 330 livres. « Il est venu me voir après la compétition et m’a dit, avec le peu d’anglais qu’il était capable de baragouiner, » You’re very strong for little man ». Je ne sais pas c’est quoi, sa définition d’un gros homme », relate avec le sourire Philippe Brousseau. Le Québécois a su demeurer invaincu tout au long de cette journée.
Le plein de protéines
Le matin d’une journée de compétition, Philippe Brousseau fait le plein de protéines et évite les glucides. C’est rien de moins qu’une vingtaine d’œufs que le gaillard s’enfile. Une dizaine de tireurs de la compétition résidaient au même hôtel que le Mathiassois. « Le cuisinier du buffet de l’hôtel ne s’attendait pas à faire cuire autant d’œufs », raconte-t-il. Les plateaux d’œufs se sont succédé, pour ainsi dire.
Une finale rapide
En finale, il a battu le Suédois Martin Brandberg. Le match a duré environ cinq secondes. Les performances du tireur québécois ne sont pas passées inaperçues aux yeux du vaincu, plutôt bon joueur. Brandberg et son capitaine national lui ont d’ailleurs proposé d’aller en Suède pour les aider à l’entraînement.
Le lendemain de sa conquête de la gauche, Philippe Brousseau tirait cette fois de la droite. Il a terminé troisième à ce chapitre. Dans ce segment, il a battu le champion sortant des trois dernières années, qui a terminé au quatrième rang lors de l’épreuve.
En deux jours, c’est une vingtaine de duels auxquels a participé Philippe Brousseau. La délégation canadienne était représentée par 34 tireurs. Parmi eux se trouvaient 7 Québécois. En tout, 37 pays, de 4 continents, ont participé au Championnat du monde.
Dans sa bulle
Lorsqu’il compétitionne, Philippe Brousseau entre dans sa bulle. Il communique et socialise très peu. Le colosse se tient loin des tables de jeu et n’analyse pas ce qui s’y passe entre ses combats à lui. « Je me tiens dans mon coin. Je suis vraiment concentré.
C’est ma petite routine. Ça me sert bien », établit Piston, comme on le surnomme dans le milieu. « Je sonne un peu comme un piston quand je tire », explique-t-il au journal en riant.
Content… et déçu
Philippe Brousseau soutient qu’une forme d’arrogance bien dosée est nécessaire dans ce sport, en raison de la guerre psychologique qui s’installe avant même que l’autre, physique, ne prenne vie. Il rappelle que la ligne à ne pas dépasser est toutefois mince et qu’il faut être en mesure de demeurer respectueux.
L’homme fort de Saint-Mathias-sur-Richelieu est apprécié dans le milieu. L’accueil des compétiteurs en dit long sur sa qualité d’humain, ainsi que d’athlète. « Quand tu arrives dans une compétition et que tout le monde est content de te voir… et déçu en même temps que tu sois là », image M. Brousseau.
Retraite repoussée
S’il souhaite défendre son titre, Philippe Brousseau devra aller au Championnat du monde, en Pologne, l’an prochain. Il s’était pourtant dit qu’il prendrait sa retraite. « Je pense que ça peut attendre. Le tir au poignet, c’est pas tant une passion qu’une « maladie incurable ». Tu t’en sauves pas », confie l’athlète, qui a la piqûre au plus profond de son ADN.
Un sport qui se raffine
Son entraînement, constitué de 12 à 14 heures par semaine, est accompagné d’environ 7 heures de cardio.
Il a créé son propre espace d’entraînement à domicile. Brousseau se connaît bien. Ce lieu de sport, il l’a modelé à sa main afin de travailler de façon optimale, en fonction de ses besoins.
Il insiste, ajoutant qu’il ne suffit pas que d’avoir de gros biceps et avant-bras. Le sport s’est démocratisé et les techniques se sont raffinées. Les principes de la biomécanique servent ceux qui les complémentent à leur force. Ça, avec l’expérience, l’athlète l’a compris et l’applique.