Chambly : à la recherche de logements sociaux
Les différents projets immobiliers privés en cours sur Chambly proposeront davantage de logements sur le marché. Les logements sociaux n’y trouve pas de place pour le moment.
Chambly compte environ 200 logements sociaux, selon les chiffres de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Même pour les logements locatifs, les biens se font rares. « On affiche un taux d’inoccupation qui oscille entre 0,2 % et 0,5 % depuis plusieurs années, confie la mairesse, Alexandra Labbé. Or, l’équilibre entre l’offre et la demande se situe à 3 %. »
« La Ville peut très bien planifier et viser certains endroits pour du logement social et abordable, sinon, il ne verra jamais le jour. » – Pierre-Charles Gauthier
Un constat qui pousse à la réflexion sur la place des logements sociaux dans la ville à l’heure où des projets immobiliers comme Aera ou Lumicité sont sur le point de fleurir. « Pour le moment, nous n’avons pas de projet particulier, poursuit la mairesse sur le logement social. On parle de coopérative, logements hors marché et d’autres façons de penser le logement. Est-ce qu’un projet va naître? On verra bien. »
Pour le projet Aera, les appartements à loyer abordable, qui représentent 10 % de l’ensemble des logements, sont estimés à 1 300 $ pour un trois et demie. « Un loyer de bien abordable n’est pas subventionné et est déterminé selon les revenus moyens de la population, » précise Luc Ricard, représentant de la Ville à l’Office municipal d’habitation du Bassin de Chambly. « Il ne faut pas diaboliser les projets abordables qui semblent inabordables dans l’immédiat, tempère Sébastien Parent-Durand, directeur général de ACHAT (Alliance des corporations d’habitations abordables du territoire du Québec). Car dans le temps, ils évoluent moins vite que le marché privé. Je me souviens des critiques envers un projet estimant les quatre et demie à Montréal à 675 $ en 2006. Aujourd’hui, ils sont à 710 $. On ne peut pas proposer 100 % des loyers très bas non plus, car dans ce cas, les projets éprouveraient des difficultés à rester viables. »
Urgence
Pour Pierre-Charles Gauthier, architecte associé d’Épigraphe, dont la vision est d’offrir des logements durables, des logements sociaux doivent être construits dans un court terme. « Le besoin est indéniable. Il est évident que si le constructeur recherche uniquement l’aspect pécuniaire, il n’aura pas la même rentabilité avec ce type de projet. » Un état de fait que confirme Sébastien Parent-Durand. « Le privé ne répond pas à la demande de logement social et nous avons besoin de beaucoup plus de stratégies pour en créer. Cela passe par différents modèles de logements à but non lucratif avec une population variée. »
En guise de solution, Sébastien Parent-Durand souhaite une mobilisation de plusieurs acteurs. « L’urgence est de pouvoir fournir des subventions pour faire baisser le prix des loyers. Des programmes existent déjà, d’ailleurs, permettant aux locataires de payer leur loyer à hauteur de 25 % de leurs revenus. Le gouvernement fédéral, le provincial et les municipalités peuvent aider. Ils peuvent apporter de la mixité concernant les loyers abordables et de la variété dans la population. »
Volonté politique
Concernant les emplacements, le directeur général d’ACHAT en appelle aussi aux villes. « Ce sont elles qui bénéficient de plusieurs leviers pour en installer. Les règlements de zonage, les leviers réglementaires, l’acquisition de bâtiments neufs ou anciens peuvent déboucher à un projet immobilier de logements hors marché, c’est-à-dire dont le loyer n’obéit pas à l’offre et la demande. »
Un point de vue que partage Pierre-Charles Gauthier. « La Ville peut très bien planifier et viser certains endroits pour du logement social et abordable, sinon il ne verra jamais le jour. Ce sont les décideurs publics qui détermineront les réglementations. De plus, nous avons eu de beaux exemples de réussite d’intégration des bâtiments et de la population dans le cadre de logement social ces dernières années. Le tout est de trouver des moyens de maintenir un prix abordable. »