Les effets de la chaleur sur la santé

Robert Laplante, un résident de Chambly âgé de 70 ans, s’est porté volontaire pour participer à un projet de recherche sur la chaleur de la Direction de santé publique (DSP) de la Montérégie. Il vise à documenter le lien entre la température à l’intérieur des logements et ses effets sur la santé.
M. Laplante était le candidat tout désigné, car le projet de recherche vise les personnes âgées de 60 ans et plus.
« Bien évidemment, toutes les personnes possédant une climatisation sont exclues d’office. Il faudra voir comment les personnes adaptent leur comportement face à la chaleur, en buvant plus, en prenant une douche ou un bain froid, en mettant de la ventilation, en s’habillant de manière plus légère », a précisé le docteur Marc-André Lemieux, chargé de l’étude à la DSP de la Montérégie.
Le participant a reçu récemment une visite à domicile d’environ 30 minutes permettant d’installer un thermomètre et de poser des questions en lien avec la chaleur pour remplir un formulaire. La température est prise toutes les 10 minutes dans la pièce la plus fréquentée. Trois entrevues téléphoniques, d’environ 15 minutes chacune, seront réalisées au cours de l’été. À la fin du projet, une visite à domicile est prévue pour récupérer le thermomètre et remettre la compensation financière allant jusqu’à 40 $.
« Il y a une différence entre les températures mesurées dans les aéroports et celles qu’il y a à l’intérieur des logements. Nous allons regarder l’exposition réelle que vivent les gens face à la température dans leur logement, où ils passent beaucoup de temps », a expliqué le docteur.
Effets néfastes
Ces dix dernières années, en Montérégie, la corrélation entre la chaleur et les effets néfastes sur la santé a été démontrée. En dessous de 28 degrés, la température est considérée comme normale, entre 28 et 33 degrés, elle atteint un stade intermédiaire et à partir de 33 degrés, les problèmes de santé peuvent apparaître. Le thermomètre n’est jamais resté en dessous des 30 degrés tout un été.
« Lors de vagues de chaleur, il y a plus de décès, a affirmé le Dr Lemieux. On se souvient de la canicule en France, en 2003, qui a marqué les esprits. Eh bien, lors de la vague de chaleur en 2010, on a constaté une hausse de la mortalité chez les personnes les plus vulnérables de 40 % en Montérégie. Cela représentait une soixantaine de décès supplémentaires par rapport aux autres années. On ne peut pas dire cependant avec certitude que les décès n’étaient liés qu’à la chaleur. »

« Il y a une différence entre les températures mesurées dans les aéroports et celles qu’il y a à l’intérieur des logements. » – Dr Marc-André Lemieux

Combattre la chaleur
Certaines personnes âgées dans l’entourage de Robert Laplante n’ont pas d’air conditionné et en souffrent. Toutefois, ce n’est pas son cas. Il a trouvé différents moyens de réagir en période de canicule.
« Je bois beaucoup d’eau, je m’habille avec du linge ample et pâle, je m’assure de créer une circulation d’air et il n’y a pas de problème dans mon logement », a-t-il mentionné.
Selon M. Laplante, les personnes âgées devraient être plus sensibilisées sur les moyens de se protéger de la chaleur. L’ancien vendeur de climatiseurs remarque que, même si les aînés en ont un, ils ne savent pas toujours comment s’en servir.
À son avis, les personnes âgées devraient avoir accès aux centres commerciaux en dehors des heures d’ouverture pour se rafraîchir.
Objectif
Le projet mise justement sur la sensibilisation, mais principalement des intervenants à domicile en mettant de l’avant quelques outils pour eux.
« On souhaite aussi viser par cette étude les gestionnaires d’immeuble », a précisé le Dr Lemieux.
Le chercheur aimerait que cette étude serve d’élément de réflexion pour mieux penser l’environnement des personnes.
« Il y a toujours des améliorations à faire dans la construction des logements pour éviter les îlots de chaleur qui peuvent avoir un effet néfaste sur la santé », a-t-il mentionné.
Pour sa part, Robert Laplante s’assure de garder la température de son logement basse et son propriétaire l’a remarqué.
« Je gère mon appartement. Parfois, mon propriétaire entre ici et il garde son manteau, car il trouve ça frais, mais moi j’aime ça comme ça », a-t-il relaté.
Prochaine étape
L’opération devrait être renouvelée l’an prochain avec 175 thermomètres ou plus. Le projet de recherche est réalisé avec la collaboration avec le Centre de recherche de l’Hôpital Charles-Le Moyne. Le financement provient du Fonds vert dans le cadre du Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques du gouvernement du Québec.
Un texte de Frédéric Khalkhal