Les Villes voisines se prononcent sur le maire de Chambly
Le Journal a questionné les maires des villes avoisinant Chambly afin de connaître leur point de vue sur la situation mise en lumière dans l’émission Enquête.
Rappelons que l’émission, diffusée le 22 novembre, présentait un extrait d’une discussion entre le maire Denis Lavoie et un responsable du soccer. Le maire réclamait la démission de l’entraîneur de sa fille, puisque ce dernier aurait lancé un chandail au visage de celle-ci. On y montrait également des conflits au sein de l’organisation municipale avec des témoignages d’anciens employés. La diffusion de cet épisode a mené le ministère des Affaires municipales à lancer une enquête par la Commission municipale du Québec sur la Ville de Chambly.
Le maire de Richelieu, Jacques Ladouceur, s’est dit surpris du contenu de l’émission, mais pas du discours de M. Lavoie. « Quand il a quelque chose en tête, on le sait, dit-il. Ça fait partie de son charme. Il a sa façon de s’adresser aux gens. Moi, ce n’est pas comme ça que j’agis. »
Il a été surpris de l’altercation de M. Lavoie avec le responsable du soccer. M. Ladouceur espère qu’il y a plus que ce qui a été montré pour justifier les propos du maire de Chambly. « Son gars est dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, il a dû se faire brasser, croit-il. Moi, je n’utiliserais pas mon pouvoir de maire pour faire changer des choses. Je présume qu’il y a plus que ce qu’on a vu. »
Sa relation avec lui n’a jamais été problématique. Ils ont tous les deux été élus pour la première fois en 2005. Ils se côtoient depuis douze ans, principalement pour des dossiers communs. « Je suis un des maires qui sont capables de discuter avec lui, admet-il. On a un respect mutuel. » Il ajoute qu’ils ont chacun leur façon de gérer leur ville et que « ce n’est pas un autre maire qui va venir lui dire quoi faire ».
« Je suis un des maires qui sont capables de discuter avec lui. On a un respect mutuel. » – Jacques Ladouceur
Il espère que lors de l’enquête de la Commission municipale, tout sera dit. « S’il y a des gens qui ont des choses à dire, qu’ils le disent. Sinon, qu’ils se taisent à jamais pour qu’il ne reste pas de sous-entendu », soutient M. Ladouceur.
La mairesse de Saint-Mathias-sur-Richelieu, Jocelyne G. Deswarte, affirme également n’avoir jamais eu de problème avec le maire de Chambly. « M. Lavoie a toujours été correct avec moi », dit-elle.
De plus, selon elle, la gestion de Chambly est adéquate. « Je n’ai rien à dire sur la gestion, dit-elle. Il pense à sa ville. Il est malade, je n’aimerais pas être à sa place. Je n’excuse pas la manière dont il a parlé sur cet enregistrement, mais il s’est quand même excusé à deux reprises. C’était une conversation privée. Aimeriez-vous être enregistré à votre insu? Il a fait des excuses. Offrir des excuses, c’est s’abaisser. »
De son côté, le maire de Carignan, Patrick Marquès, a préféré ne pas commenter la situation.
Problèmes de communication
Selon Danielle Pilette, professeure à l’Université du Québec à Montréal dont le domaine d’expertise est la gestion municipale, les problèmes à l’hôtel de ville de Chambly relèvent de la communication et de l’atmosphère de travail. « En regard à ce qui a été présenté à Enquête, ce n’est pas un cas de malversations ou de fraudes. Ce sont des problèmes de culture organisationnelle, d’un manque de communication et des rapports difficiles avec le personnel », indique-t-elle.
La spécialiste compare la situation avec celle de la mairesse de l’arrondissement de Villeray-Parc-Extension, à Montréal, où il y avait également des problèmes de relations. La Ville de Montréal lui a récemment imposé d’être accompagnée. Mme Pilette croit que c’est ce qui pourrait être suggéré pour le maire de Chambly. « Une des solutions passe par l’accompagnement à moins qu’il y ait des faits nouveaux (dans l’enquête) », dit-elle.
Pour ce qui a trait aux allégations révélées dans l’émission Enquête concernant les relations de M. Lavoie avec la directrice générale adjointe, qui s’occupe également des ressources humaines et est trésorière, Mme Pilette affirme qu’il s’agit d’une situation délicate. « Ce n’est pas un cas unique, on voit souvent des relations dans des municipalités. Mais ça dépend des fonctions des personnes. Dans ce cas-ci, la situation est délicate puisque les postes de responsable des ressources humaines et de trésorière doivent offrir une certaine indépendance. » Elle mentionne que ça crée une problématique d’apparence. L’enquête de la Commission municipale pourra déterminer s’il manque d’indépendance.
Elle affirme que la Commission est nécessaire pour « rétablir le climat de travail et la confiance du public ».
(Avec la collaboration de Frédéric Khalkhal)
Démission du directeur général à Richelieu
Le maire de Richelieu, Jacques Ladouceur, a profité de l’entretien avec le Journal pour informer que le directeur général de la municipalité avait quitté.
« Il est parti pour relever d’autres défis à Beauharnois, indique le maire. Son contrat s’est terminé à l’amiable. »
Il était à l’embauche de la Ville depuis près de cinq ans. Le poste sera affiché en 2019.