L’expertise de la machine au profit des humains
L’entreprise Axper manipule l’intelligence artificielle au profit du commerce de détail et des institutions publiques de partout dans le monde, à partir de Richelieu.
Amazon Go a créé sa première épicerie aux États-Unis. Le principe est d’y entrer en scannant son téléphone, de se servir et de ressortir sans passer par la caisse. La facture est ensuite reçue à la maison.
Vous pensez qu’il n’y a que le géant des ventes en ligne pour imaginer ce que sera le futur dans nos magasins, loin de Chambly? Vous faites erreur. À Richelieu, sur la Rive-Sud, secteur de Montréal, Axper, une entreprise de solutions de comptage et de comportements clients observe, elle aussi, « de manière anonyme », les consommateurs qui franchissent les portes de ses 400 clients dans le monde.
L’entreprise, dont le siège social est situé au 127, boulevard Richelieu, utilise des caméras fabriquées en Suisse avec des logiciels conçus chez eux. La mission d’Axper est de renseigner les entreprises clientes sur les habitudes de leurs consommateurs dès qu’ils franchissent le perron de la marque.
« Avec nos différentes solutions basées sur l’intelligence artificielle, il est possible d’informer les magasins sur le temps passé par leurs clients dans les files d’attente, de savoir quand le pic devrait se produire en fonction du mouvement des personnes dans le magasin, qu’est-ce qui attire le plus les clients, comment mieux optimiser les espaces et le personnel », explique Dominic Sicard, à la tête de l’entreprise avec son frère Jocelyn Sicard.
L’intérêt des entreprises publiques
Nous sommes de plus en plus sollicités par les entreprises publiques. Pour une piscine publique, nous pouvons déterminer à chaque instant si le ratio de maîtres nageurs est adéquat au nombre de baigneurs. À distance, il est possible de connaître les salles libres d’un édifice public. Nous équipons déjà entre autres le Complexe sportif Claude-Robillard à Montréal et la Ville de Montréal est l’un de nos clients », précise-t-il.
Les nouvelles constructions de bâtiment public intègrent de plus en plus ce genre de service qui peut permettre, par exemple, d’ajuster la climatisation dans une pièce en fonction du nombre de personnes qui s’y trouvent.
« Ce n’est pas évident de trouver du personnel qualifié. Alors lorsqu’on l’a, on veut le garder. » – Dominic Sicard
Depuis la naissance de l’entreprise en 2005, Axper n’a pas cessé de croître. Aujourd’hui, elle distribue son savoir-faire sur plus de 30 000 sites partout dans le monde. GAP, PUMA, Walmart, Aéroport de Montréal, Disney, Vidéotron, Ville de Montréal, AT&T, Clarks, Aéroports de Lyon, Parcs Canada, Simon, Parlement européen… sont autant d’enseignes prestigieuses qui font confiance aux frères Sicard et à leurs employés qui travaillent sur les bords de la rivière Richelieu.
Trouver et conserver le personnel
Dominic a accueilli le journal pour lui faire visiter son entreprise. Derrière les grands espaces vitrés, la trentaine d’employés basés au siège social travaille en toute décontraction. À l’heure du lunch, un très grand espace leur est dédié avec fruits et légumes à leur disposition. « Un de nos anciens employés s’est mis à la culture maraîchère. Nous proposons maintenant à nos employés ses produits chaque semaine. »
Dans le sous-sol, les dirigeants réservent un espace particulier à leurs employés. Salle de sport, billard, écran géant pour jouer aux jeux vidéo, bar et même une scène équipée de tout le matériel nécessaire pour constituer un groupe de musique. « Au moment de la construction du bâtiment, en 2018, nous avons consulté nos employés pour savoir ce qu’ils souhaitaient. Nous avons donc pris en considération leurs demandes. Il faut que nos employés se sentent bien dans leur environnement de travail. Les employés ont aussi la possibilité d’utiliser nos installations en fin de semaine, s’ils le souhaitent. »
Un journal interne est même rédigé afin d’informer les résidants des lieux des activités proposées en dehors des heures de travail. « Ce n’est pas évident de trouver du personnel qualifié. Alors lorsqu’on l’a, on veut le garder. Et puis les employés font partie de ma famille. Donc, on s’organise pour bien les traiter. » La recette semble marcher, les départs de personnel étant très rares. Mais l’entreprise prévoit de croître et en plus de conserver sa main-d’œuvre, elle compte attirer des gens qualifiés en leur proposant les meilleures conditions de travail possible.
Repenser le commerce de détail
La grande majorité des contrats que signe Axper se fait avec des commerces de détail. M. Sicard estime que « c’est 85 % de notre clientèle. Ces commerces n’ont pas vu leur fréquentation baisser, mais les ventes, elles, ont diminué. Nos systèmes leur permettent une meilleure gestion de leur performance et de comprendre le potentiel réel de chacune de leur installation ».
Pas de reconnaissance faciale
L’entreprise insiste sur le fait que l’identité de chacune des personnes détectées par les caméras d’Axper n’est pas connue. « La technologie de reconnaissance faciale existe. En Chine, elle est d’ailleurs bien implantée. Ici, il y a toujours des discussions, mais les sociétés occidentales ne sont pas encore prêtes à ça. »
Aujourd’hui, les caméras de l’entreprise richeloise sont configurées pour reconnaître les habitudes de consommation des femmes, hommes et enfants qu’elles matérialisent en temps réel par des points de différentes couleurs sur des écrans. Demain, Axper serait tout à fait en mesure de s’adapter aux exigences des magasins du futur.