Bang Management : le nouveau berceau de l’humour

La maison de gérance d’artistes Bang Management, à Chambly, a le vent dans les voiles. Représentant des humoristes très en vue, elle retrouve plusieurs de ses talents nommés dans pas moins de six catégories sur dix au Gala les Olivier, dont la cérémonie se tiendra le 21 mars prochain.

Un talent de l’agence à succès s’est effectivement glissé dans chacune des catégories suivantes : Découverte de l’année, Capsule ou sketch web humoristique de l’année, Artiste COVID de l’année, Olivier de l’année, Capsule ou sketch humoristique de l’année, et Podcast humoristique de l’année. Le journal s’est entretenu avec les deux gérants qui ont construit ce nid à talents, Michel Grenier et Martin Deshaies, pour en découvrir l’arme secrète, discuter de leur vision, et parler de liberté d’expression en humour.

« Quand on gère la carrière de Mike Ward, on se bat forcément pour la liberté d’expression, et on s’expose. » – Michel Grenier

La clé du succès

Créée en 2009, Bang Management est vite devenue une véritable institution de l’humour. « On est juste deux gars dans un sous-sol, alors quand on entend que l’on nous cite comme étant des géants de l’industrie de l’humour, on capote un peu », admettent les partenaires d’affaires, qui ont la langue bien pendue en entrevue.

L’agence représente entre autres Mike Ward, Stéphane Fallu, Philippe Laprise, Rosalie Vaillancourt, Guillaume Wagner, Daniel Grenier, et l’étoile montante de l’humour, Pierre-Yves Roy-Desmarais, dont les talents d’humoriste-chansonnier ont été révélés au grand jour lors du Bye bye 2020. « Rien qu’à cause de la persévérance scolaire, on a reçu un nombre incroyable de demandes d’écoles pour une chanson originale de Pierre-Yves, comme si l’on avait juste ça à faire! », apporte Michel sur un ton rieur.

C’est sur la base de l’authenticité et du fait d’avoir cru en des talents que d’autres ont laissés passer sous leur nez que Michel et Martin ont attiré de plus en plus d’humoristes. « On s’est déjà fait dire que les Chick’n Swell ne perceraient pas car leur nom est en anglais. C’est que contrairement à nous, la plupart des producteurs ne connaissaient pas la scène des bars, ce qui les rendait plus frileux. À force d’être témoins de ce genre de désintérêt des gros producteurs (pour certains humoristes), on s’est dit qu’on allait s’en occuper. »

En plus d’entretenir une relation de confiance et de proximité avec ses artistes, Bang Management mise sur une stratégie sélective. « Ce qu’on aime dans le fait d’être indépendants, c’est qu’on ne force pas nos artistes à aller travailler quelque part. On trouve la meilleure boîte pour eux. Si tu représentes un artiste qui a des visées internationales, tu cibles ComediHa et Juste pour rire. Si tu aimes faire de la télé, ce sera Avanti », expliquent les gérants.

En toute transparence

En parallèle de son travail, Michel Grenier produit aussi son propre podcast, Backstage, dans lequel il s’exprime de manière tout aussi franche qu’en entrevue. « Quand on gère la carrière de Mike Ward, on se bat forcément pour la liberté d’expression, et on s’expose. Moi, je m’expose. Ça fait probablement de moi le gérant le plus aimé, mais aussi le plus haï! », nous lance-t-il.

Rappelons que depuis le 15 février dernier, Mike Ward se défend à nouveau contre Jérémy Gabriel et la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, pour un conflit qui les oppose depuis de nombreuses années. L’humoriste joue ainsi sa dernière carte en Cour suprême.

« Je vais faire un podcast sur la liberté d’expression parce que malheureusement, personne ne sait c’est quoi. On ne la comprend pas. », amène Michel. « La raison pour laquelle on devrait pouvoir s’exprimer librement, quittes à dire des stupidités, c’est pour que de l’autre côté, on puisse se forger un argumentaire. La liberté d’expression ne devrait permettre ni les incitations à la haine, ni les menaces de mort, ni la diffamation. » En ce qui concerne l’affaire Mike Ward-Jérémy Gabriel, le gérant loquace a une opinion très tranchée. « Mon argumentaire là-dessus est très fort : Mike Ward a ri d’une personnalité publique. Si toi, tu le blâmes d’avoir ri d’une personne handicapée, c’est comme de traiter les personnes handicapées de faibles. Tu ne vois alors qu’un handicapé, alors que moi, je vois quelqu’un qui a sorti trois albums, une biographie, et qui a tous ses crédits UDA. »

À chacun sa place

Michel estime que l’on accorde « trop d’importance à nos artistes », et que l’on devrait se contenter de les laisser nous divertir. « Ça sert à rien de demander à une personnalité du Québec ce qu’elle pense de Trump. Qu’elle l’apprécie ou pas, elle ne pourra de toute façon jamais voter pour lui ! Qu’on commence par s’occuper de ce qui se passe ici. »

L’avenir de l’humour

Bien que la COVID-19 ait forcé la fermeture des salles de spectacle, n’épargnant pas les humoristes, Michel et Martin sont conscients d’avoir choisi une industrie qui sera gagnante sur tous les fronts, puisque l’humoriste d’aujourd’hui est un artiste complet : il est à la fois animateur, chanteur et comédien. Pour Martin, l’avenir de l’humour, « c’est d’être le plus polyvalent possible et de tout faire ».