L’église numérique
Les lieux de culte en zone rouge pourront accueillir 25 personnes à la fois à partir du 26 mars prochain. En attendant de pouvoir accueillir en chair et en os l’ensemble de ses fidèles, l’Église s’est aussi tournée vers le numérique.
Actuellement, ce sont 10 personnes qui peuvent se trouver simultanément dans un lieu de culte. « C’est une grande joie de voir que nous allons dans la bonne direction en augmentant le nombre de fidèles dans les lieux de culte. Vingt-cinq demeure un nombre restreint, en ce sens que ça nous oblige à demander à nos fidèles de s’inscrire puisque l’on ne veut pas faire une sélection nous-mêmes. On demande aux gens de s’inscrire pour assister en présentiel », fait part le pasteur Raymond McLean de l’église évangélique baptiste de Marieville, dont l’établissement pourrait accueillir à pleine capacité environ 140 personnes.
« Je suis très satisfait des mesures que le gouvernement a mises en place. Dans nos trois paroisses, on a suivi à la lettre les protocoles et nous sommes bien à l’aise de suivre le rythme que proposera le gouvernement. Vingt-cinq personnes, c’est moins que ce l’on accueille d’habitude, mais en même temps, les paroissiens comprennent bien la situation. On sait que c’est la chose à faire. Je croise les gens dans la rue, à l’épicerie, etc., et tout le monde fait son effort », dépeint David Labossière, curé du presbytère de Saint-Césaire.
Passage au numérique
Le passage au numérique a été une étape obligée pour moult institutions en cette pandémie où les rassemblements ont été proscrits. L’Église a suivi la tangente. « Un des points forts de la communauté chrétienne est le rassemblement. Ça a été d’une grande tristesse de ne plus pouvoir le faire. Nous sommes donc allés sur Zoom. Le dimanche matin (culte dominical), nous étions régulièrement une soixantaine, le mercredi soir (étude biblique), une quarantaine, et le vendredi soir (prières et partages), une trentaine », décortique Raymond McLean, soulignant au passage que « les boomers ont dû intégrer les réseaux sociaux à leurs pratiques ».
« Je crois que nous avons été conscientisés à la fragilité de la vie. » – Pasteur Raymond McLean
« On a développé beaucoup notre présence sur le Web, exprime quant à lui M. Labossière. Nos célébrations se font en ligne. Finalement, on reste en contact et la communauté demeure soudée, sauf pour ceux qui n’ont pas accès à ces commodités. On en a profité pour s’ajuster. C’est le plus loin que nous pouvons aller dans les circonstances », expose le curé de Saint-Césaire, qui offre la diffusion des funérailles, permettant à un grand nombre de suivre en direct.
« Nos réunions se sont poursuivies sur Zoom. La majorité des gens de notre église, on les rencontrait de cette façon », ajoute David Gendron, l’un des administrateurs de l’église évangélique baptiste de Chambly.
Retour à la spiritualité?
L’arrêt forcé causé par la pandémie a permis à certains de prendre le temps de réfléchir sur fond d’introspection. Cette pandémie pourrait-elle mener à un retour vers une forme de spiritualité? « Je crois que nous avons été conscientisés à la fragilité de la vie. En mars 2020, nous avons été foudroyés d’un coup sec dans nos projets, desquels nous n’avons plus été maîtres », reconnaît M. McLean.
Financement
Économiquement, de multiples secteurs ont écopé en raison de la crise sanitaire. Comment l’Église a-t-elle encaissé le coup? « Nous sommes reconnaissants envers Dieu, car au chapitre des finances, le budget s’est maintenu à flot. Il faut comprendre qu’il y a moins de dépenses, évidemment, en considération de chauffage ou des obligations régulières comme le déneigement ou de la technologie. Nous n’avons pas connu de chute massive des offrandes en 2020 », boucle le pasteur de Marieville.
« C’est sûr que c’est un stress pour nos finances. Ça va se ressentir et l’on devra puiser dans notre bas de laine. Par contre, dans la société, on n’est pas les pires par rapport à ceux qui ont perdu leur argent ou aux entreprises qui fermeront. On est loin d’être en excellente santé financière, mais je peux dire que l’on ne se plaint pas », complète M. Labossière.