Kukum l’emporte au combat des livres

Le livre Kukum, écrit par l’auteur mathiassois Michel Jean, a remporté le Combat national des livres 2021.

C’est Michèle Audette, figure de proue chez les peuples autochtones canadiens, qui a tissé l’argumentaire avant que le public ne vote pour le livre qu’elle défendait. Kukum avait été finaliste et couronné à quelques reprises pour des prix en Europe. Cette fois, c’était une première qu’il rafle un prix en sol québécois. « C’est le fun de gagner des prix en Europe, je ne dis pas le contraire, mais c’est aussi agréable que tes livres soient reconnus ici », énonce d’emblée Michel Jean, chef d’antenne et journaliste à TVA.

L’auteur innu de Mashteuiatsh dédie cette victoire issue du suffrage à plusieurs personnes. « Je remercie les gens qui ont voté pour le livre. Michèle Audette, qui défendait Kukum, a fait la différence », indique-t-il. Le livre en question, qui rend hommage à son arrière-grand-mère, est sorti au Québec en 2019 et en France en 2020. À ce jour, plus de 57 000 exemplaires ont été vendus.

Où sont les Autochtones?

Les Autochtones n’occupent pas beaucoup de place dans l’espace public. Les modèles se font peu nombreux. « La raison pour laquelle j’en parle maintenant, c’est pour que l’on puisse exister quelque part. Je reçois des commentaires des communautés autochtones qui sont contentes de voir leur histoire », raconte le seul journaliste en télévision francophone à être d’origine autochtone.

« La raison pour laquelle j’en parle maintenant, c’est pour que l’on puisse exister quelque part. » – Michel Jean

Mauvaises expériences en santé

Au cours des derniers mois, une vingtaine d’Autochtones répartis dans la quasi-totalité des nations du Québec ont raconté au quotidien Le Devoir les mauvaises expériences qu’ils ont vécues au moment de réclamer des soins de santé. Est-ce que la purge s’opère et l’abcès se crève, ou si sous le tapis fourmillent encore de nombreuses histoires à faire frissonner d’horreur? « Je pense qu’il y en a encore beaucoup. Joyce Echaquan a révélé quelque chose. Ça prend du temps et il y a des mentalités à changer. Dans le coin de Joliette, ça fait longtemps que les Atikamekw se plaignent de ça, c’est pas nouveau », décrit Michel Jean, nuançant que ça demeure une minorité de gens qui agissent de la sorte, et qui définit les Québécois comme étant un peuple accueillant et ouvert.

Recueil de nouvelles : Wapke

La parution d’Amun, premier collectif de nouvelles autochtones au Québec, a eu l’effet d’un coup de tonnerre en 2016. Pour la première fois, des voix des Premières Nations se rassemblaient pour raconter, par l’entremise de la fiction, leurs réalités si singulières. Cinq ans plus tard, quatorze auteurs autochtones de nations et d’horizons multiples se projettent dans l’avenir par le biais de la fiction, abordant des thèmes sociaux, politiques et environnementaux d’actualité. « Dans des textes forts, c’est leur vision de l’avenir qui s’exprime maintenant. Une prise de parole qui bouscule parfois, mais qui apparaît plus que jamais nécessaire. Wapke offre un commentaire social souvent saisissant où se dessine l’espoir d’un changement », résume Michel Jean. D’ailleurs, le livre, sorti le 5 mai en librairie, a été écrit sous sa direction. L’œuvre collective, dans laquelle il est entre autres possible de lire Elisapie Isaac, Marie-Andrée Gill, Natasha Kanapé Fontaine, Joséphine Bacon, etc., est déjà au palmarès.

Le roman de Michel Jean, Le vent en parle encore, paraîtra en France au cours de l’été sous le titre Maikan. Parallèlement, l’homme a remis la première version du manuscrit d’un roman qui sortira cet automne. Le livre parlera des Autochtones, mais, cette fois-ci, en milieu urbain. À travers cela, l’engouement entourant Kukum continue de nourrir les plages horaires de celui qui a coanimé l’émission J.E.