Un plan de déconfinement complexe

Fraîchement rouvert, le restaurant Chez l’Artisan de Saint-Mathias-sur-Richelieu peine à faire respecter les normes de la santé publique en sa propriété.

Alors que la zone orange passe au jaune avec de nouveaux assouplissements, notamment la quantité de clients en salle à manger, Eric Bellemare, propriétaire de Chez l’Artisan, en a eu plein les bras. « Les gens ne comprennent pas l’histoire de deux adresses, deux adultes par table. Des gens sont arrivés deux couples ensemble », rapporte le restaurateur.

Une fois assis, ce ne sont pas tous les clients qui prolongent le respect des normes que doivent appliquer les restaurants. « Je les installe à deux mètres. Plus le temps avance, plus les tables se rapprochent et finissent par se coller », s’indigne M. Bellemarre, qui risque 6 000 $ d’amende. Il dénote tout de même l’incongruité de la situation, qui le force à tenir à distance deux couples, soit quatre personnes qui sont arrivées au restaurant dans le même véhicule.

Au-delà de l’amende salée, le principal combat du restaurateur est de demeurer ouvert une fois pour toutes. « Je n’ai pas le goût de refermer. Je comprends que l’on fait plus d’argent avec une table de quatre que de deux. Mais si l’on ferme en septembre, on n’est pas plus avancés. Il faut faire attention à notre business. Je ne peux plus ouvrir et fermer de la sorte », avertit-il.

« Je passe pour l’épais qui suit les règles. » – Éric Bellemarre

Des restaurants fautifs

Sans nommer de noms, Éric Bellemarre déplore le fait que des restaurateurs n’appliquent pas les règles de Santé Canada. Il en a subit les contrecoups. « Des clients me disent qu’ils ont mangé ailleurs et qu’ils pouvaient être six adultes d’adresses différentes. Je passe pour l’épais qui suit les règles en suivant le registre. Je ne veux pas que ça fasse comme les salles d’entraînement à Québec, où il y en a un qui a fait le cave et c’est ceux qui sont corrects qui en paient le prix. » Le logiciel de réservation se nomme RestezOuverts.com. À cet effet, pour des raisons de géolocalisation, des clients refuseraient de remplir le registre.

Des clients assoiffés de socialiser

En guise de justification, des clients utilisent le confinement prolongé pour ne pas appliquer le respect des normes. « Je me fais engueuler que ça fait neuf mois que les gens ne sont pas sortis. Bien, moi, ça fait neuf mois que je n’ai pas ouvert mon restaurant. Je me dis, ce n’est pas vrai que je vais être pris avec ça chaque jour que j’ouvre : me pogner avec ma clientèle. C’est décourageant! », s’objecte le propriétaire de Chez l’Artisan.

Des employés qui écopent

L’impatience des clients se répercute parfois sur les employés, qui se font servir des flèches de sarcasme. « Ça crée un froid et ça occasionne des jokes à mes serveurs du genre ‘’gaspille pas ta salive, on va se tasser’’, ou encore ‘’on va te prendre un pichet mais dans deux pichets différents’’. »

Autre fait difficile à gérer pour le restaurateur, c’est lorsque des clients de deux tables commandent un pichet ou une bouteille à quatre. Les convives se serviraient d’une table à l’autre sans le souci du port du masque.

Ouverture des bars

Basculer en zone jaune signifie également l’ouverture des bars, situation que les tenanciers attendent depuis longtemps. À Chambly, le Bar Le Lounge était en processus de recrutement à la fin du mois de mai. Dès 13 h aujourd’hui, l’espace accueillira sa clientèle sur sa terrasse, alors qu’à partir du 14, le commerce pourra la recevoir à l’intérieur. « C’est avec un immense plaisir que nous pourrons enfin vous accueillir, chers clients. Nous avons très hâte de vous revoir », mentionne l’administration du bar.

L’établissement rappelle au passage les nécessités suivantes : deux adresses par table maximum; respect des mesures d’hygiène; signature du registre des clients. Le dernier service a lieu à 23 h.