Des insultes gratuites

À quelques reprises, cet été, le couple marié carignanois Madison Hall et Stéphane Paquette a vécu de l’homophobie en sol chamblyen.

« Fag! » est l’insulte qu’a reçue à plusieurs reprises Madison Hall, natif de l’État de la Floride, dans les dernières semaines. Cela se produit aléatoirement. C’est arrivé à la sortie d’un restaurant de la municipalité, au parc des Ateliers ou même en attendant à un feu de circulation sur la route 112, où le conducteur d’une camionnette a tout bonnement craché ce mot de trois lettres, accompagné d’un juron, à M. Hall. « C’est un comportement commun de l’État d’où je suis natif, mais j’aurais cru que l’homophobie aurait été pratiquement enrayée au Québec, particulièrement dans une région si proche de Montréal, constate l’Américain de 25 ans. La haine n’a pas sa place. J’essaie simplement de vivre ma vie et d’être heureux comme tout le monde. »

Les parents de Stéphane Paquette possèdent un condo en Floride. C’est ainsi qu’il a pu concrétiser sa rencontre avec Madison Hall. « Le nord de la Floride, c’est quand même assez conservateur, mais entendre ça ici, je ne m’attendais pas à ça. Ça m’a surpris, ça m’a choqué, ça m’a déçu par rapport à l’image que j’avais de ma région », renchérit l’homme de 29 ans.
Rafaël Provost, directeur général de l’organisme Jeunes adultes gai-e-s (JAG), n’est pas surpris d’entendre cette réalité. « On est encore sur une ligne de tolérance; c’est correct tant que ce n’est pas trop dans mon environnement. Parfois, les regards sont lourds relativement à mon homosexualité, car j’ai une expression de genre dite plus féminine. »

« On est encore sur une ligne de tolérance; c’est correct tant que ce n’est pas trop dans mon environnement. » – Rafaël Provost

Le JAG est un organisme communautaire de sensibilisation, de soutien et de référencement qui dessert la population de la Montérégie, secteurs Ouest, Centre et Est. Il s’adresse à toute personne touchée de près ou de loin par la diversité affective, sexuelle et de genre, ou en questionnement. Dans le but d’offrir des modèles positifs, le JAG se démarque par son ouverture et son approche humaine. M. Provost est en poste depuis quatre mois. Sous sa gouverne, le JAG passera de quatre à onze ressources à l’interne dès septembre, en incluant la présence de deux stagiaires. Le siège social du JAG est à Saint-Hyacinthe. Un point de service physique est actuellement en développement à Longueuil.

« Ça existe encore (l’homophobie), c’est quotidien. C’est pour ça que des organismes comme le nôtre sont là pour sensibiliser les gens à normaliser l’homosexualité », mentionne Rafaël Provost, qui s’est installé à Chambly il y a un an avec son conjoint. Il termine en soulignant que « si ça se passe dans une ville cosmopolite comme Chambly, située près de Montréal, imaginez plus on s’en éloigne ».