Une pénurie artificielle de sirop d’érable
Le 15 décembre dernier, les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAC) ont procédé à l’attribution et au tirage de 7 millions d’entailles pour des projets de démarrage et d’agrandissement. Mais pour certains producteurs, il faudrait procéder de sorte à émettre des entailles à toutes les érablières participantes, pour mieux répondre à la demande.
Au Québec, lorsqu’un producteur ne vend pas directement son sirop d’érable au consommateur, il peut le mettre en marché, soit par l’entremise de l’Agence de vente de la Fédération des PPAC, soit par celle d’un commerce (épicerie, dépanneur, restaurant, etc.). Mais pour avoir le droit de le vendre grâce à un intermédiaire, le producteur doit être titulaire d’un contingent délivré par les PPAC, qui lui accorde un certain nombre d’entailles. Lorsque la demande d’exploitation est supérieure à l’offre, les demandes des érablières en démarrage ou souhaitant agrandir leur production sont alors soumises à un tirage au sort, qui détermine si elles ont le droit d’exploiter un nouveau quota par tranche de 200 entailles, un processus que plusieurs producteurs aimeraient révolu.
7 000 000
C’est le nombre d’entailles attribuées et tirées au sort cette année
Miser sur la chance
L’Érablière Mont-Rouge, à Rougemont, fait partie des heureux gagnants du dernier tirage. Pigée pour l’attribution de quota, elle va pouvoir, tout comme les 115 autres entreprises pigées de la Montérégie-Est, mener à bien son projet d’agrandissement d’érablière. Mais pour les moins chanceux, s’il n’y a pas de quoi célébrer, il y a de quoi remettre en question le processus. « Encore une déception cette année pour nous. D’après moi, je vais avoir 100 ans quand je vais réussir à avoir quota! », a témoigné une productrice, Marie-Eve Lépine, en réponse à l’annonce du résultat sur les réseaux sociaux.
La réserve coupée de moitiée
À la fin novembre, l’organisation des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAC) a annoncé qu’elle devait retirer 50 millions de litres de sirop d’érable sur les 100 millions qu’elle conserve habituellement dans sa réserve, pour « satisfaire l’appétit grandissant des consommateurs, la plus grande quantité depuis 2008 ».
Une pénurie artificielle
Certes, on peine à satisfaire à la forte demande. Mais peut-on vraiment parler de pénurie de sirop d’érable lorsque des milliers d’entreprises désireuses de produire doivent limiter leur exploitation?
À l’émission À vos affaires, diffusée le 26 novembre à LCN, l’homme d’affaires François Lambert a souhaité démystifier ce qu’il a qualifié de « fausse pénurie ».
« On a un système de quotas au Québec. Il n’y en a ni en Ontario, ni au Nouveau-Brunswick. Moi, comme producteur, si je n’ai pas de quota, je ne peux pas vendre ma canne de sirop d’érable au dépanneur du coin, mais la personne qui vient du Vermont pourrait (y) vendre sa canne », déplore-t-il.
La solution de François Lambert
Selon M. Lambert, pour pallier le manque d’offre pour la demande, « Le gouvernement pourrait faire une exception pour ceux qui n’ont pas de quota, parce qu’à chaque fois qu’on émet des quotas, c’est par tirage au sort ». Il estime qu’il faudrait permettre à toutes les entreprises de détenir une licence. « Si on en manque, on a juste à dire, pour une saison, tout le monde, sans exception, envoyez-nous vos barils, et on va tous les prendre cette année parce qu’on ne peut pas en manquer, et croyez-moi qu’on n’en manquera jamais de sirop d’érable! », propose l’ex-Dragon.
Question aux lecteurs :
Que pensez-vous du système d’attribution d’entailles de la Fédération des PPAC?