Délestage en santé : des victimes collatérales
Christine Cholette et Carmen Hébert, sa mère, sont dans l’attente d’une consultation médicale qu’elles peinent à avoir en raison du délestage dans le réseau de la santé.
Les consultations médicales sont devenues plus complexes à obtenir avec la COVID-19, qui mobilise en priorité les professionnels de la santé. Carmen Hébert, de Saint-Mathias-sur-Richelieu, attend depuis trois ans une consultation avec un rhumatologue. La femme de 62 ans a fait plusieurs suivis au fil de ces années afin de voir où en était son rendez-vous. Quand elle a appelé la dernière fois, cet automne, pour demander quand viendrait son tour, elle s’est fait répondre « qu’il n’y aurait aucun nouveau rendez-vous donné avant le printemps prochain ». Mme Hébert navigue dans l’inconnu quant à l’avenir de sa prise en charge.
En attendant, la sexagénaire ne peut pas recevoir de diagnostic. Elle ne touche donc aucune prestation d’invalidité puisque le médecin de famille ne peut remplir de demande sans diagnostic officiel. Sans prestation et sans aide du gouvernement, le stress financier est immense. Dans l’obligation de quitter son travail, Mme Hébert a tout de même pu offrir quelques heures de surveillance à son école de quartier. Toutefois, en raison de sa santé qui se dégrade, son médecin de famille l’a sommée de cesser. « J’utilise mes REER pour vivre. J’en ai peut-être pour un an à pouvoir vivre ainsi », calcule-t-elle.
« Les fonctions que je perds en attendant le diagnostic ne seront pas retrouvées par la suite. » – Christine Cholette
Christine Cholette, fille de Carmen Hébert, souffre de fibromyalgie. Elle est également en attente d’une consultation en rhumatologie et avec un immunologue pour diagnostiquer une maladie auto-immune. Sans le diagnostic, il est impossible de la traiter. Elle soupçonne le lupus, maladie inflammatoire du tissu conjonctif. Fièvre, plaques rouges, perte de la fonction de ses jambes accompagnée de douleurs, incapacité de comprendre des documents qu’elle lit, etc., font partie des nombreux symptômes qu’elle vit. « Le lupus est mortel s’il n’est pas pris en charge. Malheureusement, les fonctions que je perds en attendant le diagnostic ne seront pas retrouvées par la suite », s’inquiète la trentenaire, mère de deux enfants. Dans l’incapacité de travailler, Mme Cholette a rejoint le domicile de sa mère à Saint-Mathias-sur-Richelieu, où elle vit avec ses enfants. Elle souhaite faire la demande d’école à la maison pour ceux-ci. « Le risque qu’ils ramènent la COVID-19 devient très préoccupant pour ma mère et moi », établit-elle. Encore, sans diagnostic officiel, sa requête ne peut être acceptée. Avant la pandémie, Christine Cholette était encore capable d’aller marcher en montagne. Aujourd’hui, c’est à peine si elle « peut sortir du lit. Les montagnes, pour moi, ça n’arrivera plus jamais, malheureusement », conclut-elle.