L’emploi de la force envisagé pour déloger les manifestants d’Ottawa

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que si nécessaire, il emploiera la force pour déloger les manifestants du convoi dit « de la liberté », qui protestent à Ottawa de façon illégale contre les mesures sanitaires, un avertissement qu’il était « obligé » de faire selon le député de Beloeil-Chambly et chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet.

Rappelons que parmi les propositions du Bloc faites à M. Trudeau, celle de tenir une réunion d’urgence entre les chefs de partis avaient été mise sur la table. « La réunion s’est tenue hier, mais elle aurait dû avoir lieu plus tôt, indique M. Blanchet au journal. Elle devrait être répétée de façon régulière. Je ne peux en divulguer le contenu, mais, en gros, ce qu’on en comprend, c’est que les forces policières et les différents corps policiers sont adéquatement coordonnés pour intervenir, et leur lecture de la menace réelle que ça représente est assez précise. Toutefois, on ne nous dira pas comment ils comptent intervenir, ni même s’ils en ont vraiment l’intention. »

« (…) les différents corps policiers sont adéquatement coordonnés pour intervenir, et leur lecture de la menace réelle que ça représente est assez précise. – Yves-François Blanchet

Une intervention « robuste », si nécessaire

Lors du point de presse de cet après-midi suivant son entretien téléphonique avec le président américain, M. Trudeau a averti les protestataires qui bloquent les points de passage à la frontière canado-américaine, et qui campent sur la colline du Parlement, de son intention de déployer une intervention policière « robuste », si nécessaire, et qu’une intervention des forces armées serait envisagée en dernier recours.

« Nous vous avons entendu, il est temps de rentrer chez vous », a-t-il adressé aux manifestants qui agissent contre la loi et paralysent l’économie, ajoutant que « les conséquences » s’aggraveront s’ils persistent dans cette voie.

L’économie et la santé publique menacées

Rappelons que les craintes liées aux enjeux économiques, de santé publique et de sécurité quant au siège de la capitale fédérale et du pont Ambassador reliant Windsor à Détroit, ont mené la province d’Ontario à déclarer l’état d’urgence.

« Le transport terrestre lourd du secteur manufacturier et le transport transfrontalier des personnes en sont affectés. Cela compromet notre stabilité économique, relate le député de Beloeil-Chambly. La santé publique en est aussi affectée en ce que l’attention et les ressources du gouvernement se voient détournées des enjeux de sensibilisation et de transmission de l’information relative à la vaccination. »

En entrevue avec le journal, M. Blanchet réitère que bien qu’il soit « en désaccord avec l’esprit des revendications » des manifestants, il estime qu’il aurait fallu leur offrir une tribune pour exprimer leurs idées, au lieu de « commencer en les insultant », ce qui, selon lui, n’a servi qu’à renforcer leur désir de manifester.

« Nous ne sommes pas dans une situation où il faut pointer du doigt ou faire des reproches. Il est clair que le niveau d’organisation et la menace qu’incarnent les manifestations, les occupations, le siège et les convois, ont obligé le gouvernement à envisager l’intervention par la force. Mais il faudra faire la distinction entre les opinions des manifestants, car ils ont le droit de faire entendre et de défendre leurs opinions, à l’exception des propos haineux. Ils n’ont toutefois pas le droit de bloquer des ponts, d’occuper des rues, d’empêcher la circulation autour des aéroports, de nuire au système d’appel d’urgence de la situation d’Ottawa, de faire de l’intimidation, de proférer des menaces et de faire du tapage nocturne. Ces comportements sont illégaux et commandent de faire appel aux forces de l’ordre pour les faire cesser. Le premier ministre est obligé d’avertir en ce sens. »

Il salue également la mise en place d’une cellule de crise, qu’il aurait souhaité moins tardive, car « jusqu’à la création de tables de concertation avec les corps policiers, la police d’Ottawa n’était pas préparée à faire face à la situation ».