Guerre en Ukraine : un soutien local en jaune et bleu

Selon les données démographiques de 2016 générées par Statistique Canada, au moins 70 Carignanois et 55 Chamblyens seraient d’origine ukrainienne. Si les municipalités du territoire ont souhaité leur témoigner leur soutien, la population aussi lui manifeste son appui, à sa manière.

La guerre qui sévit en Ukraine n’est pas sans susciter l’inquiétude de sa diaspora dans les municipalités de la région, et la compassion de leurs concitoyens. De toutes les villes du territoire, trois d’entre elles, dont Chambly, Carignan et Saint-Mathias-sur-Richelieu, ont publiquement pris le parti de l’Ukraine au cours des dernières semaines. Matériellement, la Ville de Carignan a été jusqu’à mettre ses drapeaux en berne en guise d’appui. Un peu plus loin, à Saint-Jean-sur-Richelieu, on a imité les grandes métropoles du Monde et leurs illustres monuments en éclairant de jaune et bleu le pont Gouin, importante infrastructure de la rivière Richelieu. De nombreux Chamblyens et Carignanois ont aussi choisi de se joindre au mouvement, tantôt en arborant les couleurs du drapeau ukrainien sur leurs réseaux sociaux, tantôt en participant à des collectes de dons à envoyer en Ukraine, ou à remettre aux organismes locaux qui pourraient venir en aide aux réfugiés, le cas échéant.

« Oui, nous avons quelques amis russes. Ils soutiennent l’Ukraine et s’excusent énormément pour ce qui s’y passe. » – Ganna Kyrpichova

« Ukrainiens, vous avez un courage exemplaire et nous vous soutiendrons jusqu’à la fin des hostilités », a publié Robin La Roche, citoyen de Chambly, sur les réseaux sociaux, s’adressant à la diaspora ukrainienne locale. « Je ne sais pas si nous avons des voisins ukrainiens, mais si tel est le cas, sachez que nos meilleures pensées sont avec vous et vos familles. Quel peuple courageux et fort, vous avez de quoi être fiers! », a lancé à son tour une autre Chamblyenne, Céline Faucher, sur le même réseau social.

Une citoyenne émue

« Merci pour votre soutien!!! », s’est empressée de répondre Ganna Kyrpichova, touchée par cette vague d’appui que lui manifestent des citoyens de Chambly. En entrevue avec le journal, Mme Kyrpichova rend compte de nombreux efforts de mobilisation dont elle est témoin sur le territoire. « Nous nous mobilisons beaucoup avec les diasporas pour ramasser de l’aide humanitaire. » 

Elle aimerait toutefois que le Canada en fasse plus, car « l’Ukraine a également besoin d’équipement militaire non létal. Le Canada devrait aussi faire un appel aux membres de l’ONU pour qu’ils se déplacent dans les villes malgré les bombardements pour évacuer les gens puisqu’ils ont une immunité », suggère-t-elle.

Mme Kyrpichova, dont les proches sont restés en Ukraine, ne s’imaginait pas qu’une telle guerre frapperait son pays d’origine. « Ma mère ainsi que toute ma famille sont encore en Ukraine. Mes amis y sont également. Tous sont éparpillés à travers le territoire ukrainien. C’est certain que je m’inquiète pour eux. Lorsque j’ai appris que la guerre avait débuté, je n’ai pas pu fermer l’œil de la nuit. Depuis, j’essaie de garder contact et de m’assurer que tous sont en sécurité. Ça me bouleverse. Je ne pensais jamais que ça pouvait arriver à mon pays d’origine. C’est un pays pacifique dont la population est très généreuse. 

J’ai pitié du peuple ukrainien, qui est si peu nombreux contrairement au peuple russe. »

Si leurs pays d’origine respectifs se déchirent, Mme Kyrpichova et ses amis russes, qu’elle considère comme des frères, eux, ne veulent pas laisser leur amitié en pâtir. « Les deux peuples sétroitement liés. Plusieurs membres de ma famille, dont mon oncle, habitent en Russie et ne soutiennent pas cette guerre. Oui, nous avons quelques amis russes. Il soutiennent l’Ukraine et s’excusent énormément pour ce qui s’y passe. Ils ont très peur que notre relation soit affectée par ce conflit. »

Bien que lucide, Mme Kyrpichova garde espoir quant au dénouement de cette guerre. « Je pense que tout le monde a espoir que les choses se régleront. Je veux y croire. C’est sûr et certain que les choses vont changer. Il est impossible de revenir en arrière. »