Au féminin, s’il vous plaît

La SPEC du Haut-Richelieu, qui s’occupe de la programmation du Pôle culturel de Chambly, revient sur la polémique créée par la programmation exclusivement masculine du Festi-Plage de Cap-d’Espoir, en Gaspésie.

Le Festi-Plage a fait parler de lui pour les mauvaises raisons et les commentaires dénonciateurs des internautes se sont multipliés, décriant l’absence d’artistes féminines dans le lot. « C’est un sujet important dans le milieu présentement et pour lequel nous avons une grande sensibilité », estime Isabelle Laramée, directrice des communications et marketing numérique du SPEC du Haut-Richelieu.

Soirées théâtrales, concerts musicaux, spectacles d’humour, etc. façonnent la programmation de la SPEC du Haut-Richelieu. Cette mosaïque artistique, elle la tisse soucieusement. « C’est un enjeu qui n’est pas facile à gérer dans le sens que ce que l’on recherche en premier lieu, ce sont des spectacles de qualité, convient d’entrée de jeu Guy Boulanger, directeur général de la SPEC. Je ne peux pas dire que je ne ferai pas un spectacle d’un homme de qualité supérieure à un spectacle de femme parce que je n’ai pas une bonne proportion. Mais c’est certain que l’on est sensibles au fait d’être attentifs aux propositions d’artistes féminines et issues des communautés culturelles », nuance-t-il, ajoutant que l’offre masculine est plus volumineuse en nombre, particulièrement quand il s’agit de groupes de musique et d’humoristes. Il complète en imageant qu’advenant le cas d’une représentation où « il y aurait quatre gars et trois filles dans ma programmation et que j’hésite entre deux spectacles de qualité égale, je vais probablement prendre celui d’une femme pour atteindre cette parité ».

Du côté du Festival Bières et Saveurs de Chambly, Claude Demers, à la tête de Concept B, qui organise l’événement, dit que « l’on a toujours essayé d’avoir une bonne diversité, autant homme/femme que parfois les minorités visibles ou culturelles ». Il ajoute qu’en 18 ans, il est arrivé de deux à trois reprises que la tête d’affiche soit une femme.

« Je ne peux pas dire que je ne ferai pas un spectacle d’un homme de qualité supérieure à un spectacle de femme parce que je n’ai pas une bonne proportion. » – Guy Boulanger

De façon formelle, M. Boulanger précise qu’il n’y a pas de normes ni de quotas à atteindre quant au nombre de femmes ou de cultures diverses au sein de sa programmation. Faisant référence au cas du Festi-Plage de Cap-d’Espoir, il mentionne que la préoccupation à ce genre de situation est plus présente depuis les cinq dernières années. « C’est sûr que sur 14 artistes, si l’on dit que la meilleure femme est arrivée 15e, j’ai un petit doute. Il y a peut-être un léger manque de sensibilité », commente-t-il sur le sujet ayant soulevé un tollé au cours de la dernière semaine.

Diversité culturelle

Présenter la diversité, tout comme l’équité des sexes, est un mécanisme qui s’enclenche pour certains organisateurs d’événements. « C’est d’ailleurs en ce sens que nous avons, cette année, programmé dans toutes les séries sur abonnement un spectacle créé et/ou exécuté par des artistes de la communauté autochtone. Ce volet de la programmation a été appuyé notamment par le Conseil des arts du Canada », mentionne Mme Laramée, de la SPEC. Les prochains spectacles de ce volet de programmation sont Nikamu Mamuitum et Mononk Jules de Jocelyn Sioui.

Boycott artistique

En réponse à la programmation du Festi-Plage, l’artiste Émile Bilodeau, qui devait s’y produire, a décliné. Après avoir nommé Linda Lemay, Katia Gagné, Marie-Claire Séguin, Klô Pelgag et Mélissa Bédard comme femmes ayant été significatives dans sa carrière, il a écrit que « dans cette optique, je me voyais mal prendre part à un événement qui ne correspondait pas à mes valeurs au moment où la programmation a été annoncée ».