Rapide et consciencieux

Le pilote de rallye Antoine L’Estage parle de son sport, qu’il continue de faire rayonner à travers les multiples honneurs qu’il a remportés.

Antoine L’Estage, copropriétaire du Crunch Fitness à Chambly, baigne dans l’univers du rallye depuis son tout jeune âge, grandissant en observant son père, aussi pilote, Jacques L’Estage. « Je suis tombé dedans jeune avec mon père. À l’adolescence, j’ai eu la piqûre et j’ai commencé à être passionné par ce sport. J’ai débuté assez tôt », se rappelle le pilote. Venant d’une famille modeste, il a commencé au bas de l’échelle avec « une petite voiture ». Tout en additionnant les bons résultats, sa progression a été fulgurante et il s’est rapidement retrouvé en Championnat canadien.

C’est une feuille de route bien garnie et un curriculum vitae volumineux que traîne dans le coffre de son bolide le conducteur, accumulant les triomphes depuis les années 2000. De 2006 à 2017, il a été sacré dix fois vainqueur du Championnat canadien de rallye, détenant le record du plus grand nombre de titres de champion de rallyes au Canada. Ce sont plus de 50 victoires qu’il détient en Championnat canadien, lui conférant cette fois le record du plus grand nombre de victoires en rallyes au Canada. S’ajoutent à ce palmarès déjà impressionnant sept fois champion nord-américain et une fois champion Rally America. En 2016, il a été intronisé au Temple de la renommée du sport automobile canadien alors qu’il était encore actif sur la piste.
Visiter l’Amérique du Nord

10 – C’est le nombre de fois qu’Antoine L’Estage a remporté le Championnat canadien de rallye.

L’Amérique du Nord

Au Canada et aux États-Unis, par saison, un championnat de rallye comporte de six à huit épreuves. À travers ces événements, Antoine L’Estage en a fait, du millage, parcourant particulièrement l’Amérique du Nord de fond en comble. Californie, Oregon, Washington, Pennsylvanie, Maine et Missouri font partie des États qu’il a parcourus. Le Canada, d’est en ouest, est également un itinéraire qu’il connaît bien. « Mes commanditaires étaient principalement nord-américains. Leurs intérêts se situaient au Canada et aux États-Unis. Je suis resté où mes sponsors voulaient que je sois », explique Antoine L’Estage, qui a essayé en vain de mettre sur pied un programme afin de courser en Europe, où le rallye est beaucoup plus populaire qu’ici. De 2013 à 2015, il a tissé des liens avec des copilotes britanniques. Ce sont ces contacts qui, en 2018, ont mené Antoine L’Estage à être désormais impliqué auprès d’un jeune pilote au plus haut échelon existant en Championnat du monde des rallyes division 1 en Europe. Le niveau y est en quelque sorte l’équivalent de la Formule 1.

Ouvreur de course

L’homme de 49 ans revêt une autre combinaison de course, maintenant. Malgré la pandémie, il a pu continuer à voyager grâce à une dérogation que procure la Fédération internationale de l’Automobile (FIA). Il travaille avec une équipe européenne en Championnat du monde des rallyes à titre d’ouvreur. L’ouvreur fait le circuit de course juste avant le passage du pilote qui effectuera la course pour l’équipe. Son rôle est d’identifier dans le cahier du copilote tous les dangers qui pourraient être apparus sur le parcours des épreuves spéciales depuis les reconnaissances quelques jours plus tôt. De plus, pour permettre au pilote de toujours rouler au maximum, il faut éliminer certaines notes, par exemple une plaque de glace qui aurait disparu. Étant donné l’importance de cette responsabilité, les ouvreurs sont souvent eux-mêmes d’anciens compétiteurs. Leur expérience et leur compréhension de la route permettent aussi un avis éclairé, minutieux et précis.

C’est inévitable, L’Estage a connu des sorties de route qui auraient pu lui être fatales. Il se remémore celles de 2005 en Alberta et de 2013 en Oregon. « On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs », image-t-il. Toutefois, le conducteur était reconnu pour être un pilote faisant peu d’erreur. Sur approximativement 250 rallyes, il note environ cinq abandons liés à des sorties de route, contrairement à d’autres pilotes plus ‘’casse-cou’’. « Il y a un élément budget. Gérer une équipe de course, c’est comme une petite business. Si tu crashes tout le temps, ça augmente les coûts d’exploitation et tu n’arrives pas », met en reflet le pilote, mariant vitesse et raison.

Inquiétudes

Pour les proches, voir un membre aimé de sa famille filer ainsi à vive allure peut être une source d’inquiétude. « C’est sûr que ma blonde et ma mère ont toujours été un peu plus inquiètes, car c’est du sport automobile et ça demeure des choses un peu folles, mais on est très bien protégés », assure le principal intéressé. Il souligne l’évolution s’étant opérée au fil de la dernière décennie en matière de sécurité, que ce soit dans les voitures ou à même l’équipement que portent les pilotes. « Ça n’empêche pas qu’il y a encore, à l’occasion, des décès, mais parmi toutes mes sorties, je n’ai jamais eu de grosses blessures. Je touche du bois », termine le champion canadien.