Une sortie revigorante à La Maison amérindienne
La Maison amérindienne présente en ce moment l’exposition Sioux Funky, de l’artiste Riel Benn, en plus d’activités complémentaires et idéales au temps des sucres.
Si Mont-Saint-Hilaire attire toujours autant de visiteurs issus des villes de la région de Chambly et d’ailleurs en Montérégie, c’est parce que l’on y trouve le seul lieu multination situé hors communauté autochtone, La Maison amérindienne, qui expose la culture des Premiers peuples dans toute sa splendeur. Art et culture, éducation, histoire et plaisirs culinaires semblent s’y harmoniser à l’année longue pour offrir au public une expérience revigorante lors de chaque événement.
Lorsqu’ils s’amènent à La Maison amérindienne, les visiteurs sont généralement saisis d’une envie de s’imprégner d’abord de ses aires de plein air, de se promener dans le parc de l’érablière et de contempler les sculptures de son fondateur, André Michel, avant même d’entrer dans la Maison. Ils sont ensuite chaleureusement accueillis en ses murs, où ils peuvent notamment déguster une part de tarte au sucre sans croûte, spécialité atikamekw, accompagnée d’un thé au bouleau. Mais avant, une performance musicale et spirituelle leur est généreusement présentée par Audrey Renaud, responsable du service administratif, alors que, tambour en main, elle leur souhaite la bienvenue dans un chant traditionnel en langue abénakise, qui résonne encore mieux dans la salle d’exposition, dont les toiles colorées de l’artiste émérite Riel Benn ornent présentement les murs.
« Chacune de mes toiles raconte une histoire (…) » – Riel Benn
Du Riel Benn à saveur de Picasso
S’il est connu pour son style éclaté et coloré, et ses toiles presque photographiques, l’artiste a choisi, en l’exposition Sioux Funky, de s’inspirer cette fois-ci du cubisme de Pablo Picasso pour se le réapproprier. « J’en avais assez de faire dans le réalisme, j’avais envie d’explorer une autre approche, dans le cadre d’un projet moins sérieux et plus ludique », d’expliquer au journal M. Benn, à l’autre bout du fil, de son studio au Manitoba. « J’intégrais déjà avant des éléments du mouvement cubiste, mais mon style a évolué avec le temps. J’ai commencé à peindre à l’âge de 16 ans. Aujourd’hui, j’en ai 42 », relate celui dont les années d’expérience et la maîtrise de l’art ont renforcé sa capacité à glisser entre les styles.
Issu de la Première Nation Sioux de Birdtail, l’artiste s’est ainsi lancé dans la création de cette série d’œuvres peintes à l’acrylique, tout en y représentant la symbolique et les thèmes de légendes et de faits tirés de l’histoire de son peuple. « Chacune de mes toiles raconte une histoire, qui s’articule autour d’une thématique culturelle et historique. Certaines se fondent aussi sur des personnages qui ont vraiment existé. »
On y reconnaît, entre autres, l’importance du bison, créature aussi valorisée que les hommes dans la culture ancestrale. L’œuvre Death of the Buffalo Hunter (Mort du chasseur de bison) s’inspire du tableau La mort du torero, de Picasso, substituant le bison au taureau. « La vie tournait autour du bison. On en dépendait pour tout », explique Riel, qui mentionne vouloir éduquer les gens en leur inculquant des notions historiques et culturelles à travers son art.
L’œuvre Buffalo Skull (Crâne de bison), placée de manière individuelle sur le mur central de la pièce, présente des tons de couleurs plus sobres, empreints de nostalgie, soit du blanc, du gris et du beige, offrant une dimension presque archéologique. « On y trouve aussi un lien à faire avec la famine des hommes et le colonialisme, qui ont mené les bisons au bord de l’extinction », nous explique celle qui affectionne particulièrement cette toile, soit Audrey Renaud elle-même, après avoir mis de côté son tambour, que l’on appelle « tewegan » en innu. Pour en apprendre davantage sur l’exposition, il faudra aller la voir en personne et faire la connaissance d’Audrey à La Maison amérindienne. Formée en anthropologie et en histoire de l’art, la jeune femme pourra vous en dire long sur la collection, qu’elle connaît presque aussi bien que son créateur.