Une patience payante

Des logements à « prix abordables » sont attendus dans le projet que met de l’avant Groupe Sélection sur le site de l’usine patrimoniale Bennett Fleet, ancrée à Chambly depuis 1912.

« Il est encore trop tôt dans le processus pour définir un montant », signale Groupe Sélection (GS) quant à la fourchette de prix mensuels attribués aux unités locatives. Étant à l’étape de conception, Philippe Bouclin, vice-président, développement immobilier chez GS, préfère ne pas spéculer à cet effet. « La superficie précise des unités n’est pas encore définie », commente-t-il.

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), au Canada, un logement est considéré comme abordable s’il coûte moins de 30 % du revenu avant impôt du ménage. Ce terme générique peut regrouper les habitations fournies par les secteurs privé, public et sans but lucratif. Il englobe également tous les modes d’occupation : logements locatifs ou pour propriétaire-occupant, coopératives d’habitation ou logements permanents ou temporaires. « Selon le revenu, ce 30 % diffère. Il faut que les villes poussent notre gouvernement et fassent des représentations politiques pour définir ce qu’est réellement un logement abordable », fait valoir Julie Daigneault, cheffe de Démocratie Chambly. Elle juge l’exercice capital.

« On n’a pas les moyens, l’ego, de décider du prix d’un logement. Ce n’est pas nécessairement la Ville qui peut décider de ça », établit Alexandra Labbé, mairesse de Chambly. Elle explique ne pas avoir de mécanisme légal pour fixer le prix des logements.

« La définition de ‘’logement abordable’’ est plutôt vaste, selon les différents marchés dans lesquels s’implante un projet », dit de son côté M. Bouclin. Il ajoute que plusieurs unités répondront aux critères d’abordabilité.

« Il est encore trop tôt dans le processus pour définir un montant. » – Groupe Sélection

Le conseil municipal de la Ville de Chambly a confirmé, la semaine dernière, la décision de la démolition de l’usine Bennett Fleet et autorisé la demande de certificat à cet effet. Le GS se dit très heureux de pouvoir aller de l’avant avec le projet. « Ça fait pratiquement deux ans et demi que l’on travaille avec la Ville : c’est une belle victoire », résume Philippe Bouclin.
Julie Daigneault considère que lés élus ont manqué l’occasion d’avoir de « réelles exigences en matière de logements et de bien les définir ». Elle souhaite que celles-ci soient haussées dans le projet de construction.

Retour sur investissement

Le projet de complexes de GS, de 246 appartements pour aînés et de 183 logements, est estimé à 150 M$. Un retour sur investissement est attendu. « On a des critères de rendement, qui sont typiques au marché, demandés par nos investisseurs. Étant donné que l’on en est aux étapes de conception, on ne peut pas déterminer l’objectif de rendement ultime », mentionne M. Bouclin. GS, étant opérateur, s’identifie à titre de citoyen corporatif à long terme. « On n’est pas un flipper. On construit, on gère, et c’est important pour nous de respecter la capacité de payer du marché », assure-t-il.

Travail de longue haleine

Aux dires de GS, au fil du processus municipal, l’entreprise est passée à travers toute la gamme des émotions. Croyant en la force du marché et en la pertinence du secteur, il s’est accroché. « Est-ce que l’on a pensé tirer la plug? Je vous mentirais en disant que non. Mais on a toujours cru en ce projet. On n’a pas lâché et, aujourd’hui, on récolte les fruits » termine M. Bouclin, qui souligne avoir toujours travaillé en collaboration avec la Ville de Chambly. À la lecture des conditions imposées par la Ville, Alexandra Labbé salue ladite collaboration de part et d’autre, ainsi que le travail du Comité consultatif d’urbanisme. Elle résume que le projet a été bien pensé, qu’il est mûr et qu’il a été décortiqué dans tous ses enjeux.

Dans les étapes subséquentes, celle de l’obtention du permis de démolition est dans la mire. Le promoteur souhaite débuter les travaux de démolition au plus tard en début d’automne 2022. S’ensuivra une période de décontamination, qui s’arrimera ensuite avec la construction. L’ouverture du projet est prévue pour l’automne 2024.