La santé publique s’interroge sur la vente de cannabis comestible à la SQDC
La santé publique du Québec s’interroge sur les bienfaits de la vente des produits comestibles contenant du cannabis à la Société québécoise du cannabis (SQDC).
« La diversification des produits de cannabis au Québec pourrait nuire aux objectifs de santé publique. » C’est ce que pense le comité de vigilance sur le cannabis qui demande qu’une analyse soit faite afin de mieux comprendre les comportements de consommation des usagers de la SQDC et d’informer la population des risques liés à l’usage des produits alimentaires contenant du cannabis.
Depuis le 20 novembre 2019, la Société québécoise du cannabis peut vendre certains produits comestibles contenant du cannabis. Le règlement adopté par le gouvernement du Québec précise toutefois qu’« un produit de cannabis comestible, qu’il soit sous forme solide ou liquide, ne peut être une friandise, une confiserie, un dessert, du chocolat ou tout autre produit attrayant pour les personnes âgées de moins de 21 ans. »
« La diversification des produits de cannabis au Québec pourrait nuire aux objectifs de santé publique. »- Comité de vigilance sur le cannabis
Le comité de vigilance sur le cannabis estime néanmoins qu’avant d’offrir une plus grande diversité de produits contenant du cannabis, il est crucial de mieux comprendre les intentions des consommateurs envers ces nouveaux produits et les motifs pour lesquels certains d’entre eux décident d’en acheter à la SQDC. « Cette analyse est d’autant plus importante qu’un des objectifs de la légalisation du cannabis est la migration de consommateurs du marché illégal à celui qui est légal sans encourager la consommation », rappelle Dre Julie Loslier, présidente du Comité de vigilance sur le cannabis et directrice de la santé publique en Montérégie.
Informer la population des risques
Les produits comestibles qui contiennent du cannabis présentent des risques particuliers qui sont souvent méconnus des consommateurs. La mise en marché de ces produits par l’industrie pourrait parfois contribuer à ce qu’ils soient perçus comme inoffensifs. Le Comité demande donc que les instances gouvernementales poursuivent la diffusion d’activités de communication ciblées afin de joindre différents publics cibles.
« Alors que les effets du cannabis fumé se font sentir en quelques secondes ou minutes après la consommation (effet maximal autour de 30 minutes), ceux du cannabis ingéré prennent beaucoup plus de temps à agir (premiers effets apparaissent après 30 minutes jusqu’à deux heures avec des effets maximaux pouvant prendre jusqu’à quatre heures à se manifester). Les effets peuvent durer jusqu’à 12 heures, mais certains effets résiduels peuvent durer jusqu’à 24 heures. Étant donné ces délais d’installation des effets recherchés, les consommateurs peuvent être tentés de consommer davantage, croyant que la première dose n’a pas eu l’effet escompté, ce qui pourrait entraîner une surintoxication. Les effets d’une surintoxication se manifestent notamment par de l’anxiété et de la panique, des nausées et des vomissements, et des symptômes de psychose, notamment des manifestations de paranoïa », s’inquiète dans un communiqué le Comité de vigilance.
Il faut également mentionner que le cannabis comestible est souvent la cause d’intoxications chez les enfants. Selon un rapport publié en 2021 par le gouvernement fédéral, le cannabis est la deuxième substance la plus souvent signalée lors de visites à l’urgence dues à une intoxication, la première étant l’alcool. Selon les données les plus récentes du Centre antipoison du Québec, les cas d’intoxication au cannabis par ingestion sont plus fréquents que ceux causés par inhalation.
Le Comité de vigilance sur le cannabis a pour mandat de conseiller le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux sur toute question relative au cannabis, d’évaluer l’application des mesures prévues par la Loi encadrant le cannabis et de saisir le ministre de tout phénomène émergent en matière de cannabis notamment.