Une dernière bataille pour sauver la maison Beauchamp à Chambly
Démocratie Chambly et une soixantaine de citoyens demandent une révision à la démolition de la maison Beauchamp.
Si vous passez devant la maison située au 21, rue Lafontaine, à Chambly, vous constaterez que non seulement elle n’est plus habitée, mais elle demeure dans un état de délabrement avancé. La maison, construite en 1855 sur la rue Bourgogne, avait été déplacée en 2005 à son adresse actuelle pour être préservée. Aujourd’hui, il est possible d’y voir, placardé devant la maison, un avis public indiquant que le bâtiment, qui a un intérêt patrimonial élevé, sera démoli. Une démolition autorisée par la Ville, mais qui ne passe pas auprès de plusieurs citoyens.
« Plusieurs personnes dans le secteur étaient préoccupées par l’état de la maison, mais, à l’inverse, une fois l’avis public affiché, nous n’avons pas eu beaucoup de personnes qui se sont manifestées », d’indiquer au journal la mairesse de Chambly, Alexandra Labbé.
En voyant la maison, il est possible de constater que la toiture, sans bardeaux, ne joue plus son rôle de protection contre les intempéries depuis des années, laissant envisager des infiltrations d’eau importantes partout à l’intérieur de l’habitation.
Dans un courrier adressé au journal, à la MRC de la Vallée-du-Richelieu et au ministère de la Culture et des Communications du Québec, on peut lire que « Démocratie Chambly et des citoyens de Chambly s’unissent pour demander une révision de la décision de la démolition programmée de la maison Beauchamp et, dans cette perspective, exiger la liste exhaustive des interventions faites par la Ville pour s’assurer du maintien en bon état de la maison Beauchamp, une expertise publique de l’état de la maison en exposant clairement l’état de la structure, ce qui est récupérable et ce qui ne peut l’être avec précision, une réelle recherche de solutions pour qu’un projet puisse voir le jour, intégrant les parties de la maison pouvant être sauvegardées, l’exigence que le nouveau projet respecte le caractère historique du Vieux-Chambly et son cadre bâti, l’ajout d’une condition relative à la récupération des matériaux et l’économie circulaire concernant les matériaux qui ne seront pas utilisés, qu’une plaque commémorative soit installée sur le site de la maison, rappelant son histoire et son abandon ».
« Plusieurs personnes dans le secteur étaient préoccupées par l’état de la maison, mais, à l’inverse, une fois l’avis public affiché, nous n’avons pas eu beaucoup de personnes qui se sont manifestées. » – Alexandra Labbé
La Ville pointée du doigt
Les signataires n’hésitent pas à accuser la Ville de ne pas se préoccuper de son patrimoine. « On affirme sur le site Web de la Ville qu’au cours des années, Chambly a su préserver une grande partie de ses richesses patrimoniales, ainsi que ses attraits naturels, qui font la fierté des citoyens et la joie des visiteurs. Dans les faits, Chambly additionne les démolitions. Nous avons assisté à la démolition sauvage de la maison Boileau en 2018, à la démolition du 13-15, Lafontaine, faute d’entretien au fil des ans, en 2020. Le conseil a négocié la démolition d’une partie du 229, Saint-Pierre, faute d’entretien en 2021, après un premier refus. La maison Beauchamp a obtenu l’aval du comité de démolition le 30 juin 2022. La démolition à venir de la Bennett en raison d’un manque de vision et d’entretien. Et s’annonce la démolition de la maison Lareau, sise au 28-30, rue Beattie, mise en vente avec la mention que ‘’la maison doit être démolie’’. L’inoccupation et l’abandon sont les premières menaces qui pèsent sur le patrimoine bâti. »
Pour Mme Labbé, « la maison de la rue Lafontaine pourrait être la dernière maison du genre où nous pourrions permettre la démolition. C’est ce que l’on nous souhaite. Malheureusement, on ne peut pas remonter le temps et la dégradation de la maison est vraiment avancée. Par contre, il faut préciser les recommandations du Comité consultatif d’urbanisme (CCU), qui n’a pas accepté le projet de remplacement qui ne rappelle pas assez les caractéristiques de cette maison ».
Pour Marie Lise Desrosiers, porte-parole de Démocratie Chambly, ancienne conseillère municipale de l’opposition à Chambly, « l’espoir de préserver cette maison au sein de notre patrimoine est toujours possible. C’est pour cela que l’on demande une révision à la Ville d’autoriser cette démolition. Il faut faire le parallèle avec ce qui s’était passé avec la Bennett Fleet », indique-t-elle au journal. Rappelons qu’après plusieurs années de tergiversation concernant la destruction de l’ancienne usine de chaussures à Chambly, Bennett Fleet, l’autorisation de la Ville a été donnée à l’entrepreneur d‘aller de l’avant.
Un règlement utilisé?
La Ville de Chambly a voté le règlement 2021-1461, visant la salubrité, l’occupation et l’entretien des bâtiments, qui stipule que le conseil souhaite assurer et maintenir un niveau de salubrité et d’entretien des bâtiments sur le territoire de la Ville de Chambly. Les signataires ne comprennent pas pourquoi, depuis la signature de ce règlement en 2021, « il n’a pas été imposé aux propriétaires de cette maison de faire des réparations. Est-ce que la Ville a appliqué sa réglementation?, s’interroge Mme Desrosiers.
La Ville a les outils pour empêcher ce genre de démolition. On va faire tout ce que l’on peut pour préserver ce qui peut être récupéré de cette maison qui a une histoire ».
Comme l’indiquait Mme Labbé, le temps semble avoir eu raison de cette maison, « mais le règlement a son utilité. Une maison sur la rue Bourgogne, voisine du parc des Vétérans, n’aura pas le choix d’être restaurée par ses propriétaires. De plus, ce règlement a parfaitement joué son rôle dans la préservation du bâtiment qui abritait le restaurant Les D’Oeufs copines. Mais nous en entendons moins parler ».