Fraude sur le Web : 5500 $ en fumée

C’est un temps des Fêtes plus sombre qu’a vécu la Carignanoise Joëlle D’Addario, 18 ans, qui s’est fait soutirer 5 500 $ par un système de fraude s’identifiant sous le nom de Tno bourse sur le Web

La fausse entreprise attire ses proies particulièrement sur Instagram. Se donnant l’image d’influenceurs du milieu des finances, ils font miroiter la possibilité de faire fructifier en quelques jours l’investissement qui leur est remis par la victime. Cachés derrière de faux comptes détenant des milliers d’abonnés, les arnaqueurs représentent quatre profils dégageant l’image du succès. Ils sont âgés de 20 à 23 ans et possèdent différents diplômes dans diverses sphères financières.

Les fraudeurs s’abonnent au compte Instagram de Joëlle D’Addario. C’est ainsi qu’elle prend connaissance de leur existence. Cette étudiante travaille parallèlement dans un restaurant à Chambly. Les heures de travail se font rares et elle y voit une façon de faire de l’argent rapidement.

Des gains rapides

Après être entrée en contact avec les faux influenceurs et visité leur site, elle investit un premier 500 $. « Après une semaine, j’étais rendue à plus de 7 000 $ de gains », raconte la jeune femme.

Les réponses s’espacent quand Joëlle s’informe de ses gains. Toutefois, les fraudeurs sont plus rapides sur la gâchette quand vient le temps de demander à la Carignanoise d’investir davantage.

En l’espace de quelques semaines, les gains de Joëlle atteignent 15 000 $. Cependant, pour les retirer, les frais de services s’élèvent à 2 000 $, qu’elle doit envoyer sous forme de virement aux fraudeurs. Le subterfuge se poursuit à travers un appel téléphonique du « supérieur » de l’entreprise. Les frais de services augmentent, tout comme les pseudo-gains. Joëlle est venue à bout de ses 5 000 $ d’économies personnelles accumulées au fil de la dernière année. Elle demande 500 $ à sa mère, Marie-Josée Bérubé.

Une mère à l’affût

Joëlle explique à sa mère, qui travaille dans le milieu des finances en lien avec les hypothèques, les gains qu’on lui promet à travers ses investissements. « À mon âge, je ne rêve plus à l’argent qui pousse dans les arbres », exprime avec lucidité la mère de famille. Elle fait des recherches auprès de ses contacts en placements. L’entreprise Tno bourse n’est pas reconnue à l’Autorité des marchés financiers ni dans le monde des courtiers. Les fraudeurs sont défiés et le constat d’escroquerie devient imminent.

La famille a porté plainte auprès de la police. Elle vérifie aussi présentement auprès de la banque de Joëlle s’il est possible de retracer le compte qui a accueilli les virements bancaires.

Leçon de vie

C’est une leçon de vie difficile qu’encaisse la Carignanoise, décrite comme étant un exemple de gentillesse par son entourage. Malgré la crainte du jugement et la honte ressentie, Joëlle D’Addario choisit de sortir aujourd’hui pour ne pas que d’autres, comme elle, soient victimes de ce type de fraude.

« Je veux passer un message aux jeunes de ma génération que ça peut être dangereux le monde virtuel, les réseaux sociaux », dit la jeune femme qui souhaite sensibiliser les autres à travers sa mésaventure.

Façade frauduleuse

Sur son site Web, Tno bourse prétend avoir été créé en 2020. L’entreprise se décrit, dans un texte criblé de fautes, comme étant une compagnie privée dans laquelle plusieurs courtiers placent l’argent des clients, dans les meilleurs investissements du moment, pour leur rapporter un maximum de gains en 24 h.

« Notre but est d’aider tous types de personnes qui aimeraient placer une somme d’argent et aimeraient en faire un maximum en le plaçant. Nous avons le grand plaisir de pouvoir dire qu’on a pu changer la vie de 1 000 personnes et plus! », est-il possible de lire au sujet de la compagnie.

Elle propose toutes sortes de services, comme l’analyse des marchés boursiers, permettant d’optimiser les gains, un service professionnel de négociation d’actions et des conseils en investissements pour tous les besoins.

La compagnie pousse même l’audace en proclamant avoir été nommée Courtier N°1. « C’est l’une des premières récompenses que nous ayons reçues, peu après le lancement de Tno bourse en 2000. Nous sommes très fiers que nos services personnalisés soient reconnus par nos pairs. Nous tenons à remercier nos clients pour leur confiance qui nous a permis de recevoir cette mention honorable », pousse-t-elle.

Les visages mis de l’avant sur le site Web sont quatre jeunes vingtenaires. Ils ont des diplômes en finance et gestion de commerces, en placement financier et en syndic de faillite.

Le Journal de Chambly a tenté de les joindre à même leur profil sur les réseaux sociaux ainsi que sur le site Web de Tno bourse. Celui qui s’identifie comme étant le fondateur de Tno bourse n’a pas répondu positivement à notre demande d’entrevue.

Sur la page de l’un des quatre individus, d’autres victimes, flouées comme Joëlle D’Addario, réclament remboursement.