Jouer maladivement

Un nouveau groupe pour les Gamblers Anonymes (GA) a vu le jour à Chambly. Un joueur compulsif raconte son histoire.

Il a commencé à jouer à 20 ans. Au début, c’est une fois de temps en temps en jouant aux machines. Et le besoin a grandi jusqu’à en devenir une addiction. « Ça dictait tout. Quand je mangeais, quand je dormais ou quand j’allais aux toilettes. Des fois je n’y allais pas et je faisais ça drète là », expose Jean-Sébastien*.

Les conséquences 

Cette volonté de « se refaire » est plus forte que tout. « J’ai toujours couru après le premier 25 cents que j’ai mis », constate le joueur pathologique.

Cette dépendance l’a mené au bord du gouffre. Jean-Sébastien emprunte de l’argent de tous les côtés. Quand il appelle, les gens finissent par ne plus répondre. Les mensonges s’accumulent et les remboursements sont difficiles à effectuer. Pour payer ses dettes, son père a dû réhypothéquer sa maison. La plus notable est ce plusieurs dizaines de milliers de dollars que Jean-Sébastien avait détournés auprès de la compagnie pour laquelle il travaillait. « Je m’en allais en prison sinon. Quand tu sors de la banque avec ton père qui a réhypothéqué ce pourquoi il a travaillé toute sa vie, l’orgueil en prend un coup », exprime Jean-Sébastien les larmes aux yeux.

Jean-Sébastien s’est marié en pensant « faire de l’argent avec le mariage pour payer mes dettes ». En revenant du voyage de noce, il a révélé à sa nouvelle épouse le vrai portrait de sa situation financière. « Je lui ai dit le montant des dettes. Le mariage a fini drète là », se rappelle celui dont la mariage n’aura duré que deux semaines.

« Quand tu sors de la banque avec ton père qui a réhypothéqué ce pourquoi il a travaillé toute sa vie, l’orgueil en prend un coup. »  – Jean-Sébastien

Se reconnaître dans le groupe

Jean-Sébastien a pris connaissance de l’existence des GA. Cette découverte a changé sa vie. Sur place, les témoignages se succèdent et il se reconnait dans chacun d’eux. « J’ai senti que je n’étais plus seul. Je me suis senti comme si j’étais chez nous, avec du monde qui me comprenait », partage-t-il. 

Jean-Sébastien ne joue plus depuis plusieurs années maintenant, mais considère que le combat demeure quotidien. Pour aider les joueurs, un groupe de GA s’est formé à Chambly. Les rencontres se déroulent les vendredis à l’organisme POSA/Source des Monts, de 19 h à 21 h 30. La première demi-heure est consacrée aux nouveaux. « Quand tu arrives pour la première fois, c’est intimidant. Tu as souvent la tête entre les deux jambes, honteux ». Dans le groupe accueillant il espère maintenant servir de tremplin à ceux qui ont vécu le même mal que lui.

*Jean-Sébastien est un prénom fictif afin de préserver l’anonymat.

Publicités liées au jeu

Des publicités liées au jeu font miroiter de grosses sommes d’argent que peu gagneront dans leur vie. Elles incitent à jouer modérément tout en stimulant le jeu. « Ce n’est pas eux le problème, c’est moi », identifie Jean-Sébastien.

Loto-Québec mentionne que la très grande majorité des Québécois sont des joueurs « sans problème de jeu ou à faible risque d’en développer ». Elle souligne toutefois ne ménager aucun effort pour effectuer une commercialisation responsable de ses produits. « Nous avons d’ailleurs des experts qui s’assurent que nos produits, de la conception à la mise en marché, respectent les principes de la commercialisation responsable des jeux de hasard et d’argent. Nous sommes un chef de file mondial en la matière, reconnu par la World Lottery Association », affirme Renaud Dugas, porte-parole de Loto-Québec.

Jean-Sébastien est un prénom fictif afin de préserver l’anonymat.