Se relever de la fraude

Alice Lafeuille encaisse avec peine ce qu’a vécu la fabrique de Sainte-Angèle-de-Monnoir, fraudée « d’au moins » 160 000 $ par l’ex-employée Pascale Floymon.

« Je ne sais pas ce que l’on fait pour se relever de ça, parce que je suis en train de me relever », exprime Alice Lafeuille, qui fréquente couramment ce lieu de culte, auquel elle voue une grande importance. De façon récurrente, elle y prépare la messe. Elle s’y implique également, notamment à travers divers événements qui ont permis de recueillir des dons qui devaient servir au bien-être de la paroisse. « On a organisé beaucoup d’activités étant donné que l’on n’avait jamais d’argent », met en reflet Mme Lafeuille, qui demeure à Sainte-Angèle-de-Monnoir depuis 35 ans. La raison pour laquelle l’église n’avait jamais d’argent lui apparaît simplement. « On s’aperçoit que tout cet argent allait dans ses (Pascale Floymon) poches. »

Temps et argent

Du temps et de l’argent, Alice Lafeuille en a donné sans compter pour la paroisse. À savoir comment elle a réagi devant la fraude avouée, Alice Lafeuille marque un silence avant de répondre. « Comment on peut réagir quand on se sent abusée? », évoque, larmes aux yeux, la croyante dont la confiance a été abimée. « Elle cachait bien ça », convient-elle. L’Angèloirienne rappelle que lorsque des comptes étaient demandés à la coupable, « elle trouvait toutes sortes de raisons pour ne pas les donner ». Elle parle aussi d’anciens administrateurs des lieux sous le choc, qui, au fil du temps, « n’ont pas vu ça ».

Mme Lafeuille ajoute que tous ceux qui ont fait des dons doivent se sentir, comme elle, abusés. « Qu’est-ce que tu veux que l’on fasse?, questionne la passionnée de spiritualité. On attend de pouvoir trouver un sens à ça », ajoute celle qui fait aussi partie du conseil d’orientation pastorale, avec le curé de la place, Éloi Giard.

André Millette est nouvellement marguillier à l’église de Sainte-Angèle-de-Monnoir. Comme plusieurs citoyens, il a contribué à la dime. « Il y en a qui ne veulent plus donner. Ça les regarde », dit-il. M. Millette a peu d’espoir de revoir la couleur des 160 000 $ que Pascale Floymon a été condamnée à rembourser.

Pardon de Dieu?

Est-ce que Dieu pardonne, de se faire voler ainsi en sa maison? « Ce que je sais, c’est que Dieu est miséricordieux envers tous. Comment il fait? Je ne saurais pas te le dire. Le reste, je ne peux pas le juger », exprime Mme Lafeuille.

« Je ne sais pas ce que l’on fait pour se relever de ça, parce que je suis en train de me relever. »  – Alice Lafeuille

Pascale Floymon a été condamnée à 15 mois de prison. Elle devra également rembourser la somme de 160 000 $ volée à son ancien employeur. Alice Lafeuille lui souhaite de cheminer en prison. « Elle a dit qu’elle était coupable, mais je ne sens pas le repentir », termine-t-elle.

De son côté, l’abbé Éloi Giard répond par une citation de Sainte-Thérèse de Lisieux, qu’il qualifie de plus grande sainte des temps modernes. « Avec tous les péchés du monde sur la conscience, j’irais me jeter dans ses bras avec la même confiance. »