Des métiers en évolution

Avec l’avancement de la technologie, plusieurs métiers ont dû s’adapter à leur ère alors que d’autres ont carrément disparu.

C’est le cas des planteurs de quilles. Le Salon de quilles de Chambly est implanté depuis plus de soixante ans dans la ville. Quand Bernard Patenaude est devenu propriétaire du salon, il y a 35 ans, le virage technologique venait d’être entrepris. Les employés qui plaçaient les quilles manuellement sur les allées perdaient leur travail au profit de la robotisation de la manœuvre.

En tant que joueur, M. Patenaude a connu l’époque où la machine n’avait pas remplacé l’humain. « C’était souvent des jeunes qui plantaient », se remémore le Chamblyen. 

La faute du planteur

C’est une question de millimètres pour que le lancer d’une boule bien centrée, destiné à un abat certain, se transforme en trouée difficilement convertible en réserve. « Ça arrivait souvent que le planteur soit blâmé. C’était parce que la quille était croche », rappelle le propriétaire du salon.

Il fallait être attentif à son environnement pour planter les quilles. Certains « plantaient » deux allées à la fois, alors que d’autres n’avaient pas la vitesse requise et ne pouvaient en gérer qu’une. « Les joueurs se plaignaient. Ils veulent avoir fini avant de commencer. Ça arrivait qu’on lui voyait encore les jambes (au planteur) et que la boule était partie », image M. Patenaude. 

Rentabilité

Quand le Salon de quilles de Chambly a fait place à la machinerie au lieu des planteurs, c’est un investissement d’environ 150 000 $ qu’avait dû faire l’entreprise. C’est Bernard Patenaude qui procède à l’entretien de la machinerie. « Ça ne nécessite pas beaucoup de frais d’entretien, mais ça demande beaucoup d’entretien », nuance l’homme. Il change les cordes une fois par année et ajuste les machines de ses huit allées environ trois fois par semaine. 

En 2012, avec la fermeture de la salle de quilles Châteaudun, la fin ultime sonnait au Québec pour les planteurs manuels.

Aiguiseur de couteaux

Aiguiseur, affûteur et même rémouleur sont les termes utilisés pour nommer celui qui redonne son aspect tranchant à la lame. L’entreprise Aiguisage CL a un point de dépôt sur l’avenue Bourgogne, à Chambly. Cédric Lévesque en a été le fondateur en 2011.

Auparavant dans la construction, cet entrepreneur a été guidé vers le monde de l’affûtage en raison d’un manque de travail. En croisant un camion d’aiguisage facilement distinguable par le son de sa cloche, il a pris contact avec le conducteur du véhicule. Il est ainsi devenu son employé. Il cognait alors aux portes pour prospecter la clientèle.

Après la saison, son patron ne poursuivait pas, l’automne venu, en raison des outils de jardin entreposés pour l’hiver. Cédric Lévesque a décidé de ne pas s’arrêter afin de démarrer à son compte. Il a acheté une remorque et l’équipement rudimentaire pour se lancer. Il a peaufiné sa technique d’aiguisage et s’est taillé une clientèle. 

Au départ, il y a 12 ans, M. Lévesque a choisi de faire du porte-à-porte plutôt que de se faire remarquer en déambulant bruyamment avec un camion à cloche dans divers quartiers. Plus tard, il a embauché des étudiants pour solliciter la clientèle potentielle. Ensuite, ces derniers ont fait place à des vendeurs plus aguerris. Depuis 2020, Aiguisage CL ne fait plus de porte-à-porte. La compagnie fonctionne avec des listes de rappel et a diversifié ses services. 

Cédric Lévesque concède que les camions d’aiguisage de couteaux qui patrouillent se font moins fréquents depuis une dizaine d’années. Il souligne toutefois en voir encore, notamment à Montréal ou en banlieue de la métropole.