Sainte-Angèle-de-Monnoir

Des ratons au plafond

C’est une rencontre indésirable qu’a faite l’Angèloirienne Marilyn Bélanger alors qu’une famille de ratons laveurs a trouvé logis dans le grenier de sa demeure.

« Ça faisait déjà un petit bout que l’on entendait brasser dans le grenier », note Mme Bélanger. Initialement, elle a cru à des souris ou des écureuils jusqu’à ce qu’un raton soit détecté. « Puis, à un moment donné, on s’est mis à entendre des petits sons de petits bébés », a constaté la femme de Sainte-Angèle-de-Monnoir.

« Elle sentait les boules à mites et ça ne l’énervait pas ben, ben. » – Marilyn Bélanger

La famille de ratons a pu s’installer en raison des rénovations se déroulant chez Mme Bélanger. Le revêtement extérieur est retiré, donnant accès au grenier exposé à l’intrus animalier. L’utilisation de boules à mites n’améliore en rien la situation. Les squatteurs ne bronchent pas. « Elle sentait les boules à mites et ça ne l’énervait pas ben, ben », remarque Marilyn Bélanger.

Urine dans le placard

Un bruit d’eau qui coule vient à l’oreille de la famille, alertée. « Dans le garde-robe de ma fille, il y a la trappe du grenier. Plein d’eau en sortait. C’était le raton qui avait uriné. Ça sentait tellement mauvais! » dit la maman dépitée.

C’est la fin de semaine et les agents de protection de la faune ne sont pas disponibles. La famille passe aux grands moyens et décide d’attaquer le problème de front dans le grenier. Toutefois, la mère des bébés ratons n’y est plus. La famille angèloirienne rassemble donc tous les bébés dans un bac. Elle dépose le bac sur sa galerie. La première nuit, la maman raton vient chercher tous ses bébés, à l’exception d’un seul. Un refuge animal lui conseille de laisser le bac sur la galerie. « C’est sûr que la maman ne l’a pas oublié. Le jour est possiblement arrivé trop vite. Elle n’a peut-être pas pu venir chercher le dernier bébé à temps », explique un refuge à Mme Bélanger. La seconde nuit, la maman raton ne revient pas. Finalement, au cours de la troisième nuit, Marilyn Bélanger est témoin du geste de la maman raton, qui vient à la rescousse de son tout dernier rejeton. « C’est fort, l’instinct maternel. Tout est bien qui finit bien », conclut Mme Bélanger, qui est, depuis, sans nouvelles de la famille de trop.

Mère persévérante

Chez certaines espèces, les parents laissent leurs jeunes seuls pour des périodes prolongées. Ce comportement permet d’augmenter leurs chances de survie. « Par exemple, certains animaux vont séparer et cacher leurs petits afin d’éviter que la portée entière ne soit dévorée par un prédateur », explique au journal Marianne Gagnier, biologiste au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP).

La présence humaine peut être à l’origine de la fuite de leur mère. « Celle-ci reviendra lorsque vous aurez quitté l’endroit », dit le MELCCFP 

Mme Gagnier explique qu’un animal sauvage n’abandonnera pas son petit à cause de l’odeur humaine. « C’est la présence humaine à proximité qui est réellement néfaste. Si vous l’avez déjà touché, remettez-le en nature afin de permettre aux parents de le retrouver », complète-t-elle à ce sujet. 

Ne pas intervenir

La capture, le confinement, le transport et les changements alimentaires constituent des sources de stress pour un animal sauvage. Malgré les meilleures intentions, le MELCCFP rappelle que l’humain n’est pas en mesure d’enseigner à celui-ci les comportements de recherche de nourriture et d’abri, d’interaction avec les congénères et d’évitement des dangers en milieu naturel. 

« Les animaux sauvages sont adaptés pour survivre dans la nature. La méconnaissance des besoins des espèces peut amener des citoyens bien intentionnés à poser des gestes pour » secourir un animal sauvage « . En réalité, leurs gestes auront pour effet de diminuer ses chances de survie. La meilleure option demeure de ne pas intervenir et de laisser la nature suivre son cours », assure la biologiste.

Adopter un animal sauvage

La garde en captivité est illégale pour la plupart des animaux sauvages au Québec (ex. : raton laveur, mouffette rayée, cerf de Virginie ou renard). Seules les personnes détenant un permis peuvent garder ces animaux afin de les réhabiliter. Pour obtenir un permis, il faut répondre à des exigences strictes en matière de conditions de garde et de bien-être animal. 

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« Les animaux gardés en captivité et réhabilités sont souvent plus vulnérables à la prédation et aux activités de chasse », confirme Mme Gagnier. Leur peur de l’humain étant réduite, ils sont attirés par la nourriture facilement accessible en zone habitée. Cela les rend plus susceptibles d’être victimes de collisions routières ou d’interventions de gestion des conflits entre les humains et les animaux sauvages. 

Le déplacement de certains animaux à une distance de plus de 75 kilomètres de leur lieu de découverte, ou de la rive sud vers la rive nord du fleuve Saint-Laurent, est également interdit. Cela s’applique tout particulièrement au déplacement d’un animal orphelin, blessé ou malade, vers un centre de réhabilitation. Ces mesures ont été mises en place afin d’éviter la propagation de maladies et de parasites dans des secteurs qui en sont exempts. 

Des amendes allant de 1 000 $ à 5 000 $ peuvent être délivrées lors d’une première infraction.