Des résidents incrédules

Plus d’une centaine de résidents se sont réunis afin de questionner le nouveau gestionnaire de la Résidence La Seigneurie de Chambly, Johnny Falvo, quant au sort qui les attend. 

Fernand Bienvenue craint que la « philosophie » de la résidence change. L’homme de 89 ans y demeure depuis une dizaine d’années. « Si l’on achète des résidences, elles restent des résidences. On ne change pas la vocation de nos immeubles », a assuré Johnny Falvo, qui est maintenant gestionnaire des lieux.

C’est la compagnie Brookmere, une firme ontarienne d’investissement immobilier et de gestion d’actifs, qui est devenue actionnaire, en octobre dernier, des quatre résidences faisant partie du groupe Résidences Fleur de Lys. De ce quatuor fait partie la Résidence La Seigneurie de Chambly. Le 20 février dernier, Johnny Falvo a rencontré les résidents des lieux, qui se questionnaient, dans une salle remplie presque à pleine capacité.  

Frais de gestion

Des résidents ont vu apparaître des frais de gestion de 120 $ par année. Plusieurs aînés s’interrogent sur ces frais. D’autres n’en veulent pas, prétextant qu’ils n’utilisent pas les services qu’englobent lesdits frais. Johnny Falvo a mentionné aux résidents sur place que ces frais auraient été établis par l’ancien propriétaire, il y a deux ans.

Pourtant, ces frais n’auraient pas été systématiquement chargés sur le bail de tous les résidents. Ils auraient été appliqués aux nouveaux résidents. Johnny Falvo a expliqué que tous les auront désormais lors de leur renouvellement de bail. « Les frais sont généraux pour tout le monde. Je ne peux pas aller à la pièce », a-t-il déclaré. Changement d’ampoules, faire des photocopies, services liés au concierge, demandes faites à l’infirmière, crédits d’impôt, etc., représentent ce que décrit Josée Trudeau, directrice de la résidence, à titre de services. 

» On ne change pas la vocation de nos immeubles. »   – Johnny Falvo

Augmentation de 3,5 % du loyer

Pour justifier l’augmentation de 3,5 % que vivront les résidents lors du renouvellement de leur bail, Johnny Falvo se réfère au document Le calcul de l’ajustement des loyers en 2023 sur le site du Tribunal administratif du logement (TAL). Il énumère les augmentations vécues en alimentation, en salaires, en assurances, etc. « J’ai le droit d’augmenter le loyer jusqu’à 3,65 %. Nous, on va se limiter à 3,5 %. Dans une résidence, il y a eu des cas où l’on est allés au TAL. S’il faut y aller, j’ai la justification », précise M. Falvo.

Le TAL mentionne au journal que le locateur peut, au moment de la reconduction du bail, proposer certaines modifications au bail, visant par exemple l’augmentation du loyer.

À défaut d’une entente écrite entre le locateur et le locataire sur ces modifications, le locateur devra s’adresser au TAL afin de demander une modification du bail.

L’avis du propriétaire doit être envoyé durant le bon délai prescrit par la loi. « La loi n’a pas fixé ni un maximum ni un minimum d’augmentation du loyer; la loi explique les droits et les obligations de chaque partie », avance le TAL. 

Le locataire a le droit de refuser s’il juge que l’augmentation est exagérée ou bien si les conditions sont abusives. La seule limite est le refus du locataire, qui oblige le propriétaire à discuter avec ce dernier pour essayer de conclure une entente écrite ou bien ouvrir un dossier au TAL. 

Après l’ouverture du dossier, le juge décidera des modifications et calculera selon la moyenne estimative proposée par le tribunal, qui est basée sur les revenus et les dépenses de l’immeuble en question.

L’explication est publiée sur le site du TAL, à l’aide du formulaire CALCUL.

Pas rassuré

Fernand Bienvenue revient sur la rencontre qui a duré plus d’une heure entre les résidents et le nouveau gestionnaire : « Je ne suis pas trop rassuré », exprime le retraité du journal The Gazette. À savoir s’il croit Johnny Falvo quant au maintien de la vocation de la résidence, Fernand Bienvenue répond : « Bullshit, d’après moi. »

Le journal a souhaité s’entretenir avec Johnny Falvo. Josée Trudeau a répondu avoir transmis l’information à l’homme d’affaires, mais « il n’avait pas l’air à avoir un intérêt », répond-elle.

Villa Belle Rivière

Il y a environ un an, la résidence Villa Belle Rivière de Richelieu apprenait que l’organisme à but non lucratif qui gérait les logements sociaux de la maison de retraite de 60 appartements avait décidé de vendre l’endroit à des intérêts privés, Gestion Fauvel Inc., en l’occurrence. L’inquiétude s’était emparée des résidents quant à leur avenir.

Un an plus tard, Sylvie Adam, porte-parole des résidents de l’endroit, dit ne pas ressentir de différence. Elle souligne toutefois que depuis la vente, six résidents ont quitté. « On a su que ces logements avaient eu de petites rénovations. Pas nécessairement majeures. Et les logements ont augmenté de 150 à 180 $ par mois », chiffre-t-elle.

Sylvie Adam rappelle qu’à la vente, on leur avait dit que rien ne changerait pour les locataires actuels, sur une visée de cinq ans. Elle se demande bien ce qu’il adviendra lorsque ces cinq années se seront écoulées.