Des travaux arrêtés au jardin Boileau
Le 11 avril dernier, la Ville de Chambly a amorcé les travaux d’aménagement du jardin Boileau. Il y a quelques jours, un résidant de Chambly et membre de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly a alerté la Municipalité qui a arrêté certains travaux.
Lors d’une promenade, Raymond Ostiguy, membre de la Société d’histoire à Chambly, a vu des pelles mécaniques sortir de grosses pierres du chantier du jardin Boileau.
L’aménagement du jardin Boileau vise à remplacer la maison du patriote René Boileau, bâtie en 1820 et démolie à coups de pelles mécaniques le 22 novembre 2018 par l’administration municipale en place à l’époque.
Les lieux devraient être inaugurés cet été, mais la Ville a du intervenir pour arrêter des travaux après l’alerte donnée par M. Ostiguy. « Je prends tous les jours une marche proche des lieux et je m’y intéresse depuis longtemps. J’ai remarqué récemment que les pelles mécaniques qui creusaient des tranchées pour les remplir par de la terre de jardin avait du mal à sortir des grosses pierres sur une grande distance. Le lendemain, j’y suis retourné avec un appareil photo et il semblait y avoir des fondations solides », d’indiquer au journal M. Ostiguy. Très rapidement, il indique la chose à la Ville. « Le directeur général s’est déplacé et a fait immédiatement arrêté les travaux à cet endroit. Des fouilles devraient être organisées. »
Selon la mairesse de Chambly, Alexandra Labbé, les pelles mécaniques ne devaient pas creuser à cet endroit, qui avait été ciblé pour être fouiller par l’entreprise Artefactuel en septembre.
Rappel du patrimoine
Les travaux du jardin Boileau, d’un montant de 600 000 $, avaient déjà pour but de se souvenir du patrimoine architectural qui était présent sur les lieux jusqu’en 2018, mais aujourd’hui, sous la maison Boileau, c’est peut-être une histoire encore plus ancienne de l’endroit qui vient d’être déterrée. « Il y a beaucoup d’indices qui nous font croire que lorsque la famille Boileau a acquis le terrain, en 1750, il y avait déjà une maison. Et la situation géographique nous montre aussi que c’était un lieu d’occupation naturel, même avant l’occupation française », explique Louise Chevrier, la compagne de M. Ostiguy, elle aussi membre de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly.
C’est pour cela que la Ville a donné un mandat complémentaire en archéologie à l’entreprise Artefactuel, incluant les fouilles complémentaires, le traitement en laboratoire, la rédaction d’un rapport ainsi qu’une présentation des résultats à l’automne, dans le cadre des Journées de la culture. Ce mandat a été donné au coût de 17 675 $.
Le couple est conscient que la Ville est désormais sensible à l’importance du site. « On est contents de voir cette volonté de bloquer le chantier et de faire des fouilles. Il faudra maintenant que le résultat de ces dernières soit transféré à la Société d’histoire pour ne pas perdre la connaissance. On souhaite aussi que la Ville envisage de laisser une trace pour la mise en valeur de ce patrimoine. » En effet, en plus du gros de l’œuvre d’une maison ancienne enfouie depuis des siècles, les pelles mécaniques déterrent d’autres objets du passé, mais plus petits. « J’y ai vu des clous, des bouteilles, de la vaisselle », de préciser M. Ostiguy.
Le couple souhaite que la Ville prévoie désormais des fouilles complètes du site. Des fouilles qu’il aurait aimé moins tardives.
« Il y aura un mandat complémentaire donné à Artefactuel pour des fouilles archéologiques en septembre sur le site et nous mettrons en valeur certaines découvertes. » – Alexandra Labbé
Une erreur
Pour Alexandra Labbé, mairesse de Chambly, il y a eu une mauvaise compréhension sur le chantier et l’excavation ne devait pas se faire là où elle s’est faite. « C’est pour cela que l’on a tout de suite arrêté ces travaux, mais il n’y a pas eu de nouvelles découvertes. Ce sont des éléments que l’on avait déjà identifiés. Il y aura un mandat complémentaire donné à Artefactuel pour des fouilles archéologiques en septembre sur le site et nous mettrons en valeur certaines découvertes. Ces fouilles n’empêcheront pas l’inauguration du jardin Boileau, qui se déroulera en septembre. »
Même si la mairesse estime qu’il n’est pas possible de faire des fouilles archéologiques sur tous les sites de la Ville, car ils ne sont pas tous d’intérêt, elle précise qu’il est important « de trouver la bonne formule. Sur les sites privés, il faut que l’on puisse accompagner les gens. Sur les sites municipaux, on va faire plus attention. Les travaux de démolition de la Bennett seront accompagnés d’archéologues. »
Jardin Boileau
Rappelons que les travaux relèvent du projet Le jardin Boileau : entre le passé et le présent, soumis par la citoyenne Karine Boulanger, dans le cadre du budget participatif de 2020. Le chantier devait être mené jusqu’à la fin du mois de juillet, sous la responsabilité du Service des travaux publics.
Ces jardins ont été élaborés grâce à la collaboration de M. Ostiguy, qui s’était inspiré des vrais jardins de René Boileau, ainsi que de ses documents manuscrits en matière d’horticulture, pour faire ses recommandations. M. Ostiguy a également collaboré à la création et à la sélection du contenu informatif, qui rappellera des faits historiques sur les modules d’interprétation.