Enquête sur la santé mentale des élèves en Montérégie

La pandémie a lourdement affecté les jeunes québécois. C’est dans ce contexte que des étudiants de l’Université de Sherbrooke ont conduit une enquête chez les jeunes âgés de 12 à 25 ans dans quatre régions du Québec, dont la Montérégie, pour savoir comment ils vont depuis le début de la pandémie.

L’Université de Sherbrooke, de concert avec quatre directions régionales de santé publique, Estrie, Laurentides, Mauricie-Centre-du-Québec et Montérégie, a conduit une enquête auprès de jeunes âgés de 12 à 25 ans sur leur santé psychologique, sous la forme d’un court sondage en ligne. Ce sont 33 000 jeunes venant de 106 établissements qui ont répondu au sondage. Il y a eu, entre autres, 74 écoles secondaires qui ont été approchées. La Montérégie enregistre le plus grand nombre d’élèves sondés, avec 14 435 répondants durant la période allant du 17 janvier au 4 février 2022.
Lors de cette enquête, six thèmes ont été abordés : la santé psychologique, l’optimisme, la consommation de substances, l’attrait pour l’école, la conciliation études-travail et les répercussions perçues de la pandémie sur différentes sphères de la vie.

Les tendances
« D’entrée de jeu, on observe de façon générale que la santé psychologique s’est peu améliorée depuis 2021. Lorsqu’on considère qu’à partir de l’âge de 16 ans, au moins 50 % des jeunes présentent des symptômes d’anxiété ou de dépression modérés sévères, il y a lieu d’agir rapidement », d’indiquer la Dre Mélissa Généreux, professeure agrégée à la Faculté de médecine et des sciences de la santé, à l’Université de Sherbrooke, qui a supervisé le projet mené par trois externes en médecine de l’université.

Parmi les faits saillants de l’enquête, il est possible de constater que, tant au secondaire qu’aux études supérieures, les jeunes trouvent que la pandémie a surtout nui à leur santé physique et mentale, de même qu’à leur motivation et à leurs apprentissages scolaires. Le sport, le soutien, les liens sociaux et les espaces de détente sont à prioriser, selon les jeunes, pour améliorer ou maintenir leur bien-être au cours des 12 prochains mois.

« Les résultats démontrent que l’on doit porter une attention particulière à certains groupes de jeunes à plus haut risque. Par exemple, les jeunes ayant une autre identité de genre ou encore les jeunes vivant des périodes de transition, comme le passage du secondaire au cégep. Dans notre analyse, nous pensons qu’il est aussi urgent d’outiller les parents pour qu’ils puissent déceler les signes de détresse chez leur enfant, tellement les chiffres sont préoccupants », souligne Dre Généreux.

Les moins de 14 ans
Une étude qui vient amplifier les données de la RAMQ concernant la consommation d’antidépresseurs chez les Québécois âgés de 14 ans et moins.

En effet, depuis les débuts de la pandémie, la consommation d’antidépresseurs semble avoir le vent dans les voiles et frappe de plein fouet les plus jeunes.

Selon la RAMQ, entre 2019 et 2021, il y a eu une hausse de la consommation d’antidépresseurs, chez les Québécois âgés de 0 à 4 ans, de 85 %; pour ceux âgés de 5 à 9 ans, de 14 %; pour ceux de 10 à 14 ans, de 31 %.

À la Fondation Dr Julien, les pédiatres et autres professionnels de la santé s’inquiètent de la façon dont cette médication est prescrite.

Selon le Dr Gilles Julien, pionnier de la pédiatrie sociale au Québec, pédiatre social et directeur clinique, vice-président et fondateur de la Fondation Dr Julien, c’est un phénomène à la fois complexe et alarmant. « En tant que pédiatre, je dois avouer que ce phénomène me préoccupe et m’inquiète. On ne peut pas prendre à la légère les effets secondaires des antidépresseurs. Ils devraient être prescrits à la suite d’un diagnostic extrêmement rigoureux, toujours en association avec la psychothérapie. »

En phase avec les résultats de l’enquête supervisée par la Dre Généreux, le Dr Julien indique au journal qu’ « il y a des outils préventifs que l’on oublie d’utiliser. Il faut créer des activités sportives, artistiques à nos enfants. Tous les repères, les rituels qu’ils avaient ont pris le bord. Il faut les accompagner. On leur a tout enlevé cela. Avant la pandémie, on voyait déjà, avec les populations les plus vulnérables, une hausse des antidépresseurs pour les enfants. Avec la pandémie, on a oublié que nos enfants étaient à la maison et comme ce sont de véritables éponges, ils ont vécu le stress des adultes. »

Dr Julien voit, avec cette hausse de prescriptions d’antidépresseurs chez les enfants, une situation similaire à la hausse des prescriptions de Ritalin au fil des années. « Si l’on veut investir pour de vrai dans la santé mentale des enfants, il faut mettre en place des modèles de prévention. On est parfois obligés de prescrire des antidépresseurs en pédiatrie, mais j’évite de le faire dès que cela est possible. Je reste inquiet quant aux effets à long terme que l’on ne connaît pas sur les cerveaux des plus jeunes. On se questionne pour les 6 à 12 ans, alors imaginez pour les 0 à 4 ans. »
Par ailleurs, « il ne faut pas s’attendre à ce que la médication éradique à elle seule la dépression chez l’enfant, poursuit le Dr Julien. Pour y parvenir, nous devons également prendre en compte les facteurs qui ont précipité la dépression et tenter de les supprimer ».

Selon le modèle de pédiatrie sociale en communauté créé par le Dr Julien et suivi par plus d’une quarantaine de centres de pédiatrie, lorsqu’un enfant est exposé trop longtemps à un grave facteur de stress, cela pourrait retarder son développement, nuire à ses apprentissages, en plus d’augmenter le risque de développer des maladies et des troubles cognitifs.

Outils
Lorsqu’un jeune rencontre des difficultés de santé, il peut en parler en appelant au 811 ou au 1 800 263-2266. Il est aussi possible d’avoir accès à des travailleurs sociaux, à des psychologues et à d’autres professionnels pour des sessions de clavardage ou des appels téléphoniques confidentiels en textant MIEUXau : 686868.
Il est aussi possible de télécharger l’application Toujours à l’écoute pour obtenir plus de soutien ou de consulter le site Web de Jeunesse, J’écoute. Un autre outil est mis à la disposition des jeunes en consultant le site https ://allermieux.criusmm.net/.