« L’affaire de personne »

Plusieurs résidents de la rue Daigneault à Chambly regrettent le déroulement des deux ateliers consacrés à l’aménagement du terrain de l’ancien golf. Une consultation publique aura lieu en octobre pour présenter le projet aux citoyens et prendre en compte les derniers commentaires.

« On avait le choix entre le moins pire et le pire. » Jean-François a fait partie de la cohorte, composée de trente citoyens, chargée de se prononcer sur le futur aménagement du terrain de l’ancien golf lors de deux ateliers, dont le plus récent a eu lieu le 20 juin. L’enjeu du projet est d’accueillir 500 nouvelles portes tout en privilégiant une circulation fluide et en sauvegardant la faune et la flore dans les rues adjacentes.

« J’ai l’impression que cette cohorte citoyenne était là pour éteindre le feu du mécontentement. » – Jean-François

Résident du quartier, le Chamblyen regrette les conclusions auxquelles il a assisté lors de cette réunion avant la consultation publique d’octobre. « Je trouvais intéressant de demander à la population son avis sur cet aménagement, poursuit-il. L’atelier était divisé en trois tables qui ont, chacune, présenté un projet différent. Mais aucun d’eux n’a été choisi. J’ai l’impression que cette cohorte citoyenne était là pour éteindre le feu du mécontentement et que nous avons juste pu jouer avec les formes et les volumes des immeubles. » Même si l’aménagement définitif n’est pas encore acté, Jean-François livre quelques éléments qui ont été présentés à la cohorte à la fin du deuxième atelier. « Des blocs de six ou sept étages seraient construits le long du boulevard De Périgny. Ensuite, une rue parallèle à une partie de la rue Daigneault longerait le terrain jusqu’à la rue Martel. Là, des maisons jumelées ou des condos seront installés. La rue privée débouchant sur la rue Martel deviendrait municipale pour permettre une entrée sur les nouveaux condos installés au bord du bassin. La piste cyclable de la rue Daigneault serait cassée pour la déplacer sur le site de l’ancien golf. Cela permettrait de se stationner sur les deux côtés de la rue Daigneault. »

Un dessein que le résident ne souhaite pas voir se réaliser. « Même si la Ville souhaite limiter le nombre de voitures dans ces 500 nouvelles portes, le stationnement sera compliqué. De plus, on parle d’un projet de plusieurs condos sur l’ancien parcours de 18 trous sur Carignan, et c’est la rue Daigneault qui devra digérer le trafic. Les solutions ne font l’affaire de personne, mais on nous les met dans la gorge. »

Une dévaluation

Résident de la rue Daigneault depuis 11 ans, Raymond Simard est le premier occupant de sa maison actuelle. « Je me sens trahi. Lorsque j’ai décidé d’investir dans la construction de cette maison, je voyais un bel investissement, c’était la sainte paix en arrière de chez moi. On avait remporté une bataille, par la suite, en rejetant le premier projet d’aménagement en 2015, mais j’ai l’impression que nous allons perdre celle-ci. »

En attendant la consultation publique d’octobre, Raymond Simard pense agir avec plusieurs personnes de son voisinage. « On va essayer d’aller en référendum. Je ne suis pas contre un développement, mais des habitations existent déjà et il faut faire preuve de tact. Certaines propriétés verront leur valeur chuter! De plus, la rue Daigneault n’est pas assez large pour permettre un stationnement des deux côtés. Les véhicules ne pourront plus se croiser. Ce ne sera pas sécuritaire! Ce quartier perdra de son charme. »

Le Chamblyen pointe en direction de la mairesse, Alexandra Labbé. « Elle n’a pas respecté sa promesse lors des élections. La mairesse avait dit qu’elle ne toucherait pas à ce terrain. Déjà qu’actuellement, nous avons beaucoup de passage, avec les bus, les motos et les voitures qui vont vite. À tel point que je suis exaspéré par moments! Le trafic sur la rue Daigneault devrait être exclusivement local. Les gros transporteurs n’ont rien à faire ici. »

Un état de fait que rejoint Nicole Boucher, une de ses voisines. « Si une deuxième rue est construite derrière chez nous, on aura du bruit à l’avant et à l’arrière de nos maisons. On serait pris entre deux rues, cela n’a aucun sens! »

Des engagements tenus

Chamblyen depuis vingt ans, Robin Blanchet est déçu du scénario probable. « Nous avons acheté en 2019 sur la rue Daigneault pour nous rapprocher du bassin. Mais j’étais loin d’imaginer qu’une rue et des habitations allaient se construire derrière chez nous. Juste un parc ne m’aurait pas dérangé. »

À propos de ces remarques, la mairesse, Alexandra Labbé, assure agir en toute transparence. « Je n’ai jamais dit que tout le boisé serait sauvé lors de la campagne électorale, assure-t-elle. J’ai déclaré que je ferais tout pour sauver un maximum du terrain. C’est Julie Daigneault, de Démocratie Chambly, qui a dit qu’elle sauverait 100 % du terrain. Mais les citoyens ont finalement choisi mon projet, puisque j’ai été élue. Le scénario est à développer. J’avais voté contre le projet de Denis Lavoie en 2015. Concernant ce projet, on s’est mis en mode transparence totale durant tout le processus. Je n’ai reçu aucun courriel de citoyen disant que notre projet ne tenait pas la route. En cette période de crise du logement, la solution que nous allons présenter a le plus de sens. Qui propose mieux? »