Lancement d’un projet de recherche interactif auprès des jeunes
Une équipe de chercheurs se penche sur l’état de santé psychologique de nos jeunes âgés de 14 à 25 ans après la pandémie. Elle veut savoir de quelles façons cet événement a modifié leur façon de percevoir le monde, leurs relations avec les autres et leur identité en leur donnant la parole par vidéo.
Catherine Laurier, (PhD) professeure adjointe au Département de psychoéducation de l’Université de Sherbrooke, a comme sujets de prédilection la psychoéducation, la criminologie ou encore la psychologie, de préférence chez les jeunes.
Depuis le printemps 2020, elle s’intéresse à l’adaptation des jeunes dans le contexte de la COVID-19, situation qui en fait une population à risque. Elle et sa collègue Katherine Pascuzzo, aussi professeure en psychoéducation à l’Université de Sherbrooke, ont décidé de poursuivre leur démarche et de tenter de savoir comment la pandémie, qui a profondément affecté la vie des jeunes et limité leurs interactions sociales, a changé ces derniers à plus long terme.
« Dans une première étude, nous visons les adolescents âgés de 11 à 17 ans. L’étude, qui a débuté au printemps 2020, que nous poursuivons, est assez classique. Sous forme d’un questionnaire à remplir, nous interrogeons les jeunes. Nous les avons interrogés à quatre reprises et on peut constater qu’au fil du temps, les jeunes se reconstruisent. Nous sommes toujours en train d’analyser les données et nous comptons poursuivre cette étude », explique au journal Mme Laurier.
L’étude a permis, à ses premières conclusions, de mettre en lumière certains facteurs de protection. Les jeunes qui avaient une relation sécurisante avec leurs parents et leurs pairs avaient moins de symptômes de détresse. Ceux qui participaient à un sport organisé avant le confinement et qui sont restés actifs pendant cette période étaient moins vulnérables à la dépression.
« C’est une nouvelle façon de faire de la recherche. Nous voulons que les jeunes soient actifs. » – Catherine Fournier
Recherche vidéo
Les deux chercheuses veulent désormais pousser encore plus loin leur champ d’étude tout en étant encore plus près de leurs sujets. « La première étude est plus conventionnelle. C’est avec l’aide d’un questionnaire à remplir, assez long, que nous avons procédé. Ce n’est plus la façon de fonctionner en 2023. Les jeunes, aujourd’hui, sont connectés à leurs appareils électroniques. Ils se filment pour parler à leurs amis et répondent vite. Alors on a voulu pousser l’audace plus loin pour recueillir des témoignages. »
Pour ce faire, leur nouveau projet de recherche utilise un site Internet interactif afin de suivre des jeunes âgés de 14 à 25 ans pendant un an. Toutes les deux semaines, chaque participant sera invité à enregistrer une courte vidéo ou à décrire en quelques lignes comment il ou elle se sent. « Ils pourront aussi répondre à un court questionnaire. » Selon les réponses données sur le site Web dédié à cette recherche, chaque jeune sera invité à répondre à un questionnaire plus complet sur différentes dimensions, dont le stress, l’anxiété, les états dépressifs et les relations sociales. Après avoir rempli le questionnaire, le participant recevra une liste de ressources d’aide qu’il ou elle pourra consulter au besoin. Puisque le site Web est bilingue, le projet de recherche est ouvert à tous les jeunes du Canada. « Nous souhaitons que les participants reviennent toutes les deux semaines avec un message pas plus long que deux minutes », nous explique Mme Laurier.
Les participants pourront conserver et revoir leurs vidéos enregistrées sur leur compte, qui demeurera uniquement accessible à l’équipe de recherche. Pour les remercier de leur implication, des prix seront tirés entre les participants.
« C’est une nouvelle façon de faire de la recherche. Nous voulons que les jeunes soient actifs. Nous sommes intéressés d’entendre leurs voix », de conclure Mme Laurier.
Financement
La Fondation Hôpital Charles-LeMoyne a contribué financièrement au projet en soutenant la mise en place du site Web. » Les chercheurs sont des mines d’idées. Beaucoup de leurs projets ont malheureusement du mal à être financés, alors qu’ils pourraient avoir un grand impact sur la santé. Grâce à nos généreux donateurs, nous pourrons prendre le pouls de la santé des jeunes et mieux comprendre comment ils se remettent de la pandémie. C’est fondamental, d’aider les jeunes marqués à tout jamais par la COVID et ayant des enjeux de santé mentale, autant ceux qui souffrent d’anxiété sociale ou générale que ceux qui ont des troubles alimentaires, de l’humeur, ou de la dépression. Ils sont notre avenir! « , explique Nathalie Boudreau, présidente-directrice générale de la Fondation Hôpital Charles-LeMoyne.
Pour participer à la recherche, il suffit d’aller sur le site Web de l’étude à cette adresse : https://self-immersion.ca/. Il faut ensuite cliquer sur l’onglet « s’inscrire », situé en haut à droite de l’écran et créer son compte.