L’avenir de l’OBNL Villa Belle Rivière en danger à Richelieu
L’organisme à but non lucratif (OBNL) Villa Belle Rivière, à Richelieu, est en voie d’être vendu à des intérêts privés. Les résidants actuels et futurs s’inquiètent de ce que deviendra l’édifice.
« Nous poursuivons nos démarches afin d’arrêter la vente », explique Sylvie Adam, porte-parole des résidants qui participeront, le 20 mars, à une manifestation dans le but de protéger la vocation de l’OBNL et d’empêcher la vente à un promoteur privé.
Selon la porte-parole des locataires, ceux-ci sont très inquiets de la situation et souhaitent que les élus de la région interviennent. « Il y a des personnes de 60 à 97 ans qui habitent là. Une dame y réside depuis 22 ans. Elle m’a confié se demander, à son âge, à quoi cela servirait de se battre. » Dans un courrier remis à chacun des résidants, il est mentionné que l’agence et promoteur immobilier Gestion Fauvel inc. avait l’obligation de garder le statut actuel de l’OBNL pour les cinq ans à venir. « Mais après? », se questionne Mme Adam.
« Mon frère, malheureusement décédé, serait épouvanté de savoir que la Villa est vendue. Toute la communauté de bâtisseurs est atterrée. » – Marie France Lareau
Inquiétudes des résidants
Les résidants ont peur que dans le temps, les loyers augmentent, et de voir à chaque départ de résidant l’immeuble changer de vocation petit à petit.
Il faut dire que les deux bâtiments de la Villa Belle Rivière sont situés en bordure de la rivière Richelieu, dans un endroit géographique plutôt privilégié.
Lors de la dernière séance du conseil municipal de Richelieu, la Ville a voté une résolution en soutien aux démarches des résidants.
Il faut savoir que la résidence a vu le jour et a pu perdurer grâce à plusieurs millions de dollars de subventions entre 1978 et 2014. Si elle passe à des intérêts privés, les raisons qui ont vu naître ce projet pourraient s’envoler. Le conseil d’administration qui a mis en vente le bâtiment, en très bon état, a décidé de parler aux locataires par avocats interposés. « On ne veut pas nous répondre. Le processus d’achat se serait accéléré. La promesse d’achat serait acceptée et l’inspection des lieux aurait été faite. Une signature pourrait avoir lieu fin mars », de nous indiquer Mme Adam.
La locataire de la Villa Belle Rivière, Mme Marie-France Lareau, sœur du fondateur Pierre Lareau, déplore la situation. « Mon frère, malheureusement décédé, serait épouvanté de savoir que la Villa est vendue. Toute la communauté de bâtisseurs est atterrée. »
Soutien du FROHME
Pour la Fédération régionale des OSBL d’habitation de la Montérégie et de l’Estrie (FROHME), plusieurs questions éthiques se posent s’il y avait vente. « Puisque la construction des immeubles a notamment été financée par des subventions gouvernementales, est-ce que le montant de la vente, non dévoilé à ce jour, correspond à leur juste valeur marchande? Comment le choix de l’acheteur par le conseil d’administration de l’OBNL s’est-il effectué? Est-ce que l’acheteur bénéficie d’un avantage en achetant les immeubles sans qu’il n’ait participé à un appel d’offre public? », s’interroge Martin Bécotte, directeur de la FROHME, qui affirme que certaines personnes sont prêtes à constituer un nouveau conseil d’administration pour que rien ne change dans la vocation de la Villa Belle Rivière.
M. Bécotte, qui préconise qu’un OBNL demeure propriétaire de ces immeubles destinés à être loués à des personnes âgées, se questionne aussi sur les futurs prix des loyers si la vente devait s’effectuer. « Puisque l’offre d’achat visant à acquérir les deux immeubles concernés n’a pas été dévoilée à ce jour, malgré une demande en ce sens, il est impossible de déterminer les obligations auxquelles l’acheteur s’est astreint en ce qui concerne l’augmentation du loyer des logements de la Villa Belle Rivière. »
En manque de logements sociaux
Ce dernier rappelle que le Québec vit un manque criant de logements sociaux. « Il n’y a que 6 % du parc locatif qui est la propriété d’un OBNL, d’une coopérative ou d’un HLM. Aux États-Unis, ce chiffre grimpe à 10 %. Dans certains pays d’Europe, on atteint les 70 %. Nous n’avons vraiment pas assez de logements sociaux pour les personnes âgées. »
La FROHME a offert son soutien à plusieurs reprises au conseil d’administration de la Villa Belle Rivière pour assurer une relève aux administrateurs et favoriser la pérennité de l’organisme.
Au moment d’écrire cet article, il n’a pas été possible de parler aux membres du conseil d’administration de la Villa Belle Rivière. L’entreprise immobilière Gestion Fauvel inc., le gestionnaire du projet, n’avait pas retourné notre appel.
Une mobilisation se tiendra le dimanche 20 mars, dès 11 h, devant l’église Notre-Dame-de-Bon-Secours, située au 750, 1e Avenue à Richelieu, par une population qui demandera que la Villa Belle Rive poursuive sa mission dans la communauté.